10. Collier

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ELYO

Mes yeux étaient encore ancrés dans ceux du boulet lorsqu'une porte s'ouvrit brutalement plus haut, me faisant sortir de ma transe.

Putain, il m'avait sauvé la vie.

Je me relevai en vitesse alors que ses yeux me parcouraient rapidement, à la recherche d'une quelconque blessure. Je lui fis signe que tout allait bien avant de lui indiquer la porte de service par laquelle nous étions entrés au tout début.

Les bruits de pas de plusieurs ennemis martelant le sol se firent entendre. Ils dévalaient l'escalier, rattrapant leur précédent retard - après s'être visiblement reposés, tous déjà blessés -, alors que nous nous mettions à courir vers notre sortie.

Je récupérai au passage l'arme du psychopathe - tombée à terre à côté de moi - et la plaçai rapidement dans mon étui. Plusieurs balles fusèrent dans notre direction pendant notre course avant que je n'atteigne finalement la porte. Je l'ouvris d'un grand coup et m'engouffrai dans son ouverture, jetant un coup d'œil en arrière pour m'assurer que l'autre m'avait bien suivi.

Il l'avait fait. Maintenant collé au mur extérieur, il regardait fixement son poignet, et releva soudain les yeux vers moi, l'air complètement paniqué.

Son regard reflétait la colère, l'angoisse, mais surtout la peur qui noyait tout le reste, à un degré tel qu'elle me paralysait presque aussi sans même que j'en connaisse la raison.

Et la seconde qui suivi, il avait rouvert la porte et était retourné dans le hall du bâtiment, exposé de toutes parts à nos ennemis.

Bug. Redémarrage. Je restai quelques secondes immobile.

Qu'est ce qu'il se passe ?

Qu'est ce qu'il fait ?

Une énorme détonation me fit retrouver ma mobilité et mes pleines facultés de réflexion après un court temps d'incompréhension.

- PUTAIN MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS ?! TU VAS TE FAIRE BUTER !

Je m'élançai à la suite du boulet fugitif par la porte restée ouverte, m'avançant seulement de quelques mètres dans le hall jusqu'à me coller derrière l'imposant bar qui me protégeait des tirs de nos ennemis qui fusaient dans tous les sens.

Il retournait vers eux, sans que j'y vois de raison valable, et se faisait tirer dessus. C'est insensé, il va mourir. Ce n'est pas ma faute, c'est lui qui l'a décidé.

Je devrais le laisser, c'était suicidaire d'y retourner. Et il le savait. J'ai le droit de le laisser ? Ce n'est pas ma faute. Si j'y retourne, je risque de mourir aussi et ce sera de sa faute à lui.

Si je le laisse, est-ce que je trahis ? Je ne suis pas comme lui.

Je trahis ? Je ne veux pas.

Camilo, je fais quoi ?

Détonation. Craquement. Fumée.

Mes pensées me furent soudainement arrachées par ce qu'il se passait autour de moi. Je sortis discrètement le haut de ma tête pour pouvoir observer le désastre, tirant sur les hommes qui tentaient d'approcher mon coéquipier irresponsable qui avait couru jusqu'au centre du hall - à mi-chemin entre moi et les autres.

J'avais décidé que je l'aidais. Mais il aurait tout de même été suicidaire de quitter mon abri de fortune, je me contentais donc de couvrir ses arrières en lui criant dessus, juste pour que ma conscience se dise que je ne l'avais pas décemment laissé mourir alors qu'il était censé être de mon côté.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant