33. Charlelie

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JESS

Je frappais une nouvelle fois contre la porte fermée de son appartement et, même après plusieurs minutes passées à me déchaîner dessus, elle ne s'ouvrait toujours pas.

- Elyo, putain, fais moi entrer ! lâchai-je à bout de patience.

Alors que mon poing allait de nouveau s'abattre contre le battant - au risque de passer pour un harceleur aux yeux des voisins qui allaient certainement finir par appeler la police -, celui-ci s'ouvrit brutalement, laissant apparaître le visage de ma coéquipière dans l'interstice.

Je me stoppai net en l'apercevant. Elle avait l'air..

- Ta tête fait peur.

Ses yeux me fusillèrent avant qu'elle ne rétorque d'un ton tranchant :

- Ferme la, Jess.

Et ce n'était pas comme d'habitude.

Le fait que je me fasse insulter n'était pas particulièrement surprenant, je l'accorde, mais l'expression et le regard qu'elle m'offrait, au contraire, étaient inaccoutumés. Ses yeux reflétaient un mélange de mépris, de fatigue, de dégoût. 

Et de tristesse, surtout.

Son visage fermé priait toute personne de s'abstenir de lui adresser la parole, revêtant une nouvelle fois l'armure qu'elle gardait habituellement pour se protéger des autres. Celle-là même qu'elle avait doucement commencée à abandonner avec moi, mais qu'elle avait visiblement décidé d'arborer de nouveau aujourd'hui.

Je me doutais que quelque chose n'allait pas, et cela rien qu'à voir les énormes cernes présentes sous ses yeux - qui ressortaient étrangement similaires à celles de mon chef -, assez importantes pour que je me demande sérieusement si Elyo avait dormi cette nuit. Cette dernière voulu me claquer la porte au nez mais je l'en empêchais en posant ma main sur le battant, poussant celui-ci pour entrer dans l'appartement.

Je n'étais encore jamais venu. C'était Finn qui m'avait filé l'adresse.

Elyo referma la porte derrière moi, résignée et silencieuse. Elle me fixa ensuite, exigeant sans un mot que je lui explique la raison de ma venue.

- Finn m'a demandé de passer chez toi hier pour récupérer le dossier Brown, mais je n'ai pas pu. Je t'ai envoyé des messages pour que tu l'amènes aujourd'hui mais tu n'y as pas répondu. 

Sans avoir réagit à une seule de mes paroles, elle s'en alla, réapparaissant quelques secondes plus tard pour me tendre ledit dossier. Je le pris, scrutant son visage et ses yeux rouges rongés par la fatigue, choses qui n'arrivaient même pas à l'enlaidir.

- Ça va ?

La question fut posée instinctivement et j'étais déjà certain de la réponse qu'elle allait m'offrir, bien que fausse. Me donnant raison, elle hocha la tête. Je m'approchai alors d'elle à pas rapides, trop rapides pour qu'elle puisse échapper à mes bras se refermant autour de son corps. 

Elyo se débattit, ne souhaitant pas de ce qu'elle prenait à coup sûr pour de la pitié, me laissant souffler à son oreille alors que je raffermissais ma prise sur elle :

- Bordel, laisse toi faire, je vais pas t'étouffer.

Se résignant petit à petit devant ma ténacité à la garder près de moi, elle fini par enfouir sa tête contre mon torse. Une fois sûr de sa reddition, je l'amenais doucement jusqu'au canapé de son salon pour la faire s'asseoir face à moi, une vue imprenable sur ses magnifiques iris verts gorgés d'eau.

Je n'aimais pas les voir comme ça. Ils me faisaient toujours peur.

Ils me faisaient penser aux miens.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant