32. Soirées de paix

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ELYO

« Tu t'appelleras Plum Hills jusqu'à la fin de l'intervention. »

Les mots de Camilo se mirent à tourner dans mon esprit sans qu'ils ne deviennent soudainement plus clairs. Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas me faire ça.

- Je ref-

- Tu ne refuses rien du tout, tu n'as pas le choix, me coupa-t-il. On n'a pas le choix.

Je me mordis la lèvre, sachant très bien qu'il disait vrai. Ce caprice n'était même pas justifié car il ne me demandait rien de compliqué.

- Juste aujourd'hui, je te le promets, ajouta mon supérieur.

Je savais qu'il s'en voulait de m'imposer cette décision, même dans l'urgence de la situation. D'autres, en revanche - bien qu'informés de la délicatesse de cette contrainte -, n'en avaient strictement rien à foutre :

- CAMILO ! PLUM ! ON N'A PAS VOTRE TEMPS, BOUGEZ-VOUS !

L'occasion était bien trop belle pour que Finn ne la saisisse pas. Enfin autorisé à plus que ses sous-entendus fruités, j'étais certaine qu'il allait se débrouiller pour caler mon superbe prénom à la fin de chacune de ses phrases. 

Et bien évidemment, ma théorie se révéla être correcte. Une fois arrivée à sa hauteur, il m'interrogea innocemment :

- Tu m'as l'air particulièrement remontée, Plum. Ça va ?

Je passais mon chemin sans lui répondre ni le regarder, ce qui ne parut tout de même pas le décourager. Il persévéra donc, attendant que je réagisse :

- Plum, ça fait plus fille, mais ça fait plus fruit.

- Incroyable, tu viens de m'ouvrir les yeux.

- Mais tu sais, Plum, cette situation n'est pas si détestable.

- Tout juste, c'est simplement toi qui m'a l'air de l'être.

Finn posa ses deux mains sur son cœur, faisant mine d'être profondément blessé par ma remarque :

- Jess aurait dû te détendre mieux que-

La porte de l'annexe lui claqua au nez.

Je me rendis seule au lieu de réception aujourd'hui choisi pour accueillir la soirée, n'étant pas censée connaître les autres - et par conséquent arriver en même temps. J'étais la seule d'entre nous à être sous couverture car il avait été décidé qu'il serait de mon ressort d'amener notre hôte dans nos filets sans qu'il ne se méfie et donne l'alerte, celui-ci ayant la réputation de particulièrement aimer ses convives, se donnant à cœur-joie de perpétuer cette tradition familiale. 

Ce soir, je n'incarnais pourtant aucun personnage, ma couverture se révélant être ma véritable identité - étant partie au Sao sous l'appellation d'Elyo, j'en étais totalement dissociée. Ce qui pouvait tout aussi bien se révéler des plus compliqué à représenter. 

Tout était faux chez moi. De ma putain d'assurance jusqu'à mes noms, j'étais une arnaque entière et complète.

Chassant tout de même ces pensées lors de mon entrée sur la propriété visée, je pénétrais à l'intérieur du château. La grande salle étant noire de monde, je mis du temps à repérer ma mission et la rejoindre, les mouvements des invités me menant à l'opposé. Je finis tout de même par y arriver et pris soin de la bousculer, lui adressant ensuite un sourire d'excuse embarrassé qui fit se croiser nos yeux assez de temps pour qu'elle puisse me remarquer et m'attraper le poignet lorsque je fis mine de fuir, gênée. 

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant