06. Nouvelle trahison

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ELYO

Je soupirai une nouvelle fois, au moins la quarantième depuis ce matin.

- C'est bon, j'ai compris que je te faisais chier. Maintenant arrête de faire ça putain, explosa rageusement la voix essoufflée du boulet.

Je ricanai, laissant aller ma tête en arrière tandis qu'il me fusillait du regard.

Gagné.

Je l'avais rejoint seulement quelques minutes auparavant pour l'entraîner, afin d'appliquer la demande que Camilo m'avait faite quelques jours plus tôt.

Plus qu'une demande, une obligation. Que j'avais d'ailleurs tentée d'annuler par tous les moyens et que, faute de réussite, je venais exécuter.

Ce mec était décidément pour moi un boulet jusqu'au bout.

Il était un peu plus de quatre heures du matin. Cependant, lorsque j'étais arrivée dans la salle, il y était déjà, attablé à des exercices de musculation.

Je savais qu'il utilisait beaucoup les installations du réseau. Depuis quelques temps déjà, je le voyais s'y entraîner presque à chaque fois que je rentrais chez moi le soir - et l'y retrouvait même parfois le matin.

Bien qu'il restait tout de même le plus faible d'entre nous. Au moins il faisait un effort.

J'aurais d'ailleurs préféré qu'il ne fasse rien. Ça aurait été plus facile pour moi de le faire rétrograder.

Cependant, son point faible n'était pas sa condition physique - qui était, ne nous mentons pas, carrément excellente. Le problème, c'était sa technique.

En l'affrontant, j'avais presque cru avoir en face de moi un adversaire ayant débuté le combat rapproché depuis seulement deux ou trois ans pas encore rodé aux techniques.

Ma super mission consistait donc à lui en apprendre quelques utiles pour compenser son manque. La force à mettre, il l'avait déjà largement.

Je m'étais donc assise sur un vieux baril qui traînait, laissant mes ongles pianoter sur le fer pour créer une mélodie insupportable, attendant qu'il finisse son exercice pour pouvoir commencer.

Et tu le mates un peu aussi.

Il n'a qu'à mettre un tee-shirt, c'est pas ma faute si mes yeux sont attirés tout seuls.

Sinon, je m'amusais aussi et surtout à soupirer toutes les deux secondes juste pour l'énerver. Et cette fois, il n'avait pas réussi à m'ignorer.

Je le vis me jeter un regard noir avant de reprendre son exercice.

J'avais l'impression qu'un jeu c'était imposé entre nous depuis notre premier échange. Celui où il avait finit menacé par mon pistolet.

On essayait toujours de faire perdre son calme à l'autre.

On ne parlait pas beaucoup, sauf pour ça. Je ne lui adressais jamais la parole pour une raison quelconque parce que je savais qu'il prendrait l'occasion pour m'énerver, comme je le faisais avec lui.

Il avait le don de m'irriter très facilement et c'était vraisemblablement devenu son passe temps préféré. Il me l'avait bien fait comprendre.

Avec ce que j'avais pu cerner de son caractère, je le pensais principalement provocateur. Je n'avais pas l'impression qu'il me détestait vraiment, simplement qu'il cherchait à m'énerver. Sauf peut-être quand je l'énervais à mon tour en jouant au même jeu que lui : le pétage de plombs.

En fait, il devait bien me détester un peu.

- Secrétaire ! J'ai finis, t'es au courant ? railla-t-il, assit en tailleur en me fixant.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant