17. Eau salée, lèvres sucrées

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JESS

Simplement vêtu d'un short de sport noir, je me mis à avancer dans l'eau réchauffée par la température estivale, éclairé par la lueur de la pleine lune. Je n'avais jamais vu la mer avant ce jour, mais j'avouais sans peine qu'elle offrait un spectacle magnifique et captivant. Je laissais mon corps s'immerger totalement.

De retour à l'air libre, mes doigts s'empressèrent de vérifier que ma chaîne ne se soit pas faite emportée par le courant. J'aurais sûrement dû laisser mon collier dans la dépendance avec mes bagues, pour plus de sécurité, mais je détestais l'enlever. C'était comme m'arracher une partie de moi, même si la raison en était grandement risible.

Au loin, sur la côte, la lumière qui provenait de la chambre s'éteignit soudain.

Cette même chambre que j'allai possiblement devoir occuper cette nuit avec Elyo.

Je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle profiterait de mon paisible sommeil pour assouvir ses envies meurtrières à mon propos. J'avais de grandes chances de me retrouver étranglé par elle au beau milieu de la nuit - et certainement pas d'une manière que j'apprécierai.

Un soupir quitta mes lèvres. Si je l'avais rencontrée dans un autre contexte, Elyo ne me serait jamais apparue aussi intéressante. Elle avait un visage normal, un corps normal - cependant loin d'être repoussant. Elle était même plutôt jolie, bien qu'elle ne paraisse pas en avoir pleinement conscience.

Et ce n'était pas ce qui m'avait séduit, simplement sa prestance naturelle et la façon qu'elle avait de répondre à mes provocations. À cause de ça, j'étais piégé. Cette fille m'attirait maintenant comme un putain d'aimant, laissant désormais ce que je trouvais d'initialement « normal » chez elle m'obséder bien plus que tout ce que j'avais déjà pu voir.

Mais ce qui m'obsédait le plus à son sujet était une interrogation : d'où lui venait la peur irrationnelle qu'elle semblait avoir à propos de ce que je pouvais faire ? Car, bien qu'elle soit sans conteste la plus forte d'entre nous deux, Elyo semblait terrifiée à l'idée que je puisse sortir de son contrôle.

Que je devienne une menace.

Je l'avais vite compris, c'était plus qu'évident.

Mon regard toujours porté sur la dépendance, j'en vis soudain la porte s'ouvrir, Elyo apparaissant dans le cadre de celle-ci. Elle avait troqué son incroyable robe beige satinée pour une ample chemise blanche qui cachait presque entièrement le court short noir qu'elle portait en dessous.

Elle était super jolie, putain.

Ses yeux verts me fixaient intensément tandis que j'essayais d'y déceler un indice de son objectif. Par moments, elle était aussi inexpressive que Camilo ; pendant d'autres, elle ressemblait à une gamine dont les émotions s'affichaient à la vue de tous avec une déconcertante facilité.

Mais même lorsqu'elle semblait sourire innocemment ou vouloir vous arracher la gorge, j'avais sans cesse l'impression que ses expressions étaient fausses, masquées, et qu'en réalité, elle était toujours triste.

Camilo et elle avaient ce côté triste.

Mais Elyo était également.. particulière. Intense. Authentique. Bien qu'elle me semblait profondément brisée, il émanait d'elle une force que je ne pouvais expliquer.

C'était bizarre. Envoûtant aussi, en quelque sorte.

- Elle est froide ?

Je me reconcentrai sur l'instant présent. Elyo venait de s'arrêter au bord de l'eau. Et cette fois, la lueur qui faisait scintiller ses iris m'indiquait qu'elle n'avait pas fini d'essayer de me faire réagir.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant