13. Pièges

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ELYO

Toutes les personnes présentes dans le couloir se figèrent lorsqu'ils m'entendirent claquer furieusement la porte de la salle de réunion, leurs regards soudain tous fixés sur moi. Je n'y fis pas attention, me précipitant vers l'escalier principal pour en dévaler ses marches. 

J'avais des envies de meurtres.

Nos taupes venaient de nous annoncer que Perry et son groupe nous avaient officiellement trahis, témoignages et preuves à la clé. Ils avaient recontactés Miller pour leurs cargaisons habituelles seulement deux jours après avoir signé avec nous.

Je détestais que le réseau ait l'air faible. En plus de ça, c'était moi qui était partie faire signer l'accord qu'ils avaient rompus en quarante-huit putains d'heures.

- Qu'est-ce qu-

- On part.

Son altercation ne m'avait pas arrêtée et je continuais mon chemin d'un pas rageux jusqu'à venir ouvrir la porte de l'annexe d'un grand coup, m'enfonçant au volant de la première voiture que je trouvais, claquant la portière derrière moi.

- Tu piques ta crise, River ? entendis-je ricaner le boulet qui s'asseyait à mes côtés dans l'habitacle.

- On prend l'entrepôt de Perry, l'informai-je simplement en guise de réponse.

- Ils ont-

- Oui, répondis-je sèchement, le coupant pour ne pas l'entendre dire à voix haute ce qui m'avait mis dans un état pareil.

Je démarrais la voiture. Roulant ensuite en direction du seul et unique entrepôt de l'exploitation traître, je pensais à Camilo, qui lui, se déplaçait avec Lyzio dans leur quartier général afin d'entretenir une discussion de chef à chef que, si j'avais été à la place de Perry, je n'aurais absolument pas eu envie d'avoir.

C'était très important pour Camilo.

Les accords.

Alors il ne fallait pas vraiment s'étonner des répercussions violentes si certains d'entre eux venaient à être rompus de manière peu honorable. Perry était juste débile. Il se croyait plus malin que nous. Sûrement parce qu'il était bien plus vieux que mon supérieur, revenant à être bien plus vieux que nous tous.

Mon intervention allait avoir lieu dans son entrepôt, un grand bâtiment divisé en deux hangars reliés par une minuscule pièce de connexion centrale, sans aucune fenêtre, la lumière passant seulement par les quelques plaques de plexiglas posées sur le toit. Le but était de saccager sa production, détruire l'entièreté de ses stocks et enlever toute habilité au travail à ses employés.

Confortant mon idée que Perry soit un sombre idiot, un simple et banal verrou bloquait l'entrée de la salle de connexion dans laquelle n'était posté aucun garde. Une fois introduits, je murmurais mes directives à mon coéquipier :

- On va s'occuper de la partie de droite en premier. Les gens de l'autre côté vont certainement rappliquer dans notre dos pour nous encercler. Surtout tu ne bouges pas et tu restes avec moi.

Le plan était incohérent, beaucoup trop risqué pour une intervention sur un terrain inconnu, j'en avais bien conscience. Logiquement, il aurait fallu que le boulet et moi nous partagions les tâches. Comme les hangars n'étaient remplis que d'ouvriers, il aurait sûrement été capable de s'en occuper.

Sauf que non. Juste non.

Juste ma paranoïa qui placardait un gros panneau « danger » dans mon cerveau à la seule idée qu'il puisse faire quelque chose tout seul.

CARELESS WITH MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant