Chapitre 1

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Gabriel, Liberté retrouvée.

Je reste sur le pas de la porte n'osant pas rentrer ou m'approcher d'elle. Je sais que de toute façon, je n'ai plus ma place ici.

Je regarde Miléva s'affairer dans tous les sens comme une bête assoiffée de sang. Elle cherche furieusement tout ce qui m'appartient.

Elle arrache ma playstation de son meuble tv, manquant de peu de faire tomber son écran plat au passage et me la jette au visage avec une haine des plus terrifiantes. J'ai tout juste le temps de la rattraper in-extremis avant qu'elle ne touche le sol, qu'elle balance tels des frisbees mes jeux vidéos à tout bout de champs.

– Tu n'es qu'un connard, elle s'essuie les yeux du revers de la main. Un gros connard !

Elle pleure à chaudes larmes. Des litres et des litres de larmes. Je pense d'ailleurs qu'elle ne doit pas être loin de la déshydratation. Et de la crise d'hystérie. Je ne savais même pas que pleurer autant était humainement possible. Et j'avoue que l'idée que Millie puisse être le remède à la sécheresse mondiale me traverse l'esprit.

Ces yeux caramel n'ont plus la même couleur, ils sont à présent plus foncés et injectés de sang. Son joli visage angélique est boursouflé et rouge. Je n'arrive même plus à apercevoir son petit sourire en coin qui m'avait fait craquer la première fois que je l'ai vu lors des portes ouvertes de la caserne pour le bal des pompiers. Sa bouche n'arbore plus que de la rage à présent et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

– Dégage Gabriel, elle hurle entre deux sanglots tout en continuant à vider les tiroirs. Je ne veux plus te voir !

Je ne la blâme pas. J'assumerai toujours mes erreurs y compris d'avoir couché avec sa sœur jumelle.

On peut me reprocher d'être infidèle mais sûrement pas d'être un menteur. C'est d'ailleurs pour cela que je n'ai pas pu me retenir plus longtemps alors qu'elle me regardait avec des yeux d'amour, je lui ai avoué ce que Maréva et moi avions fait la nuit dernière pendant qu'elle me croyait de garde à la caserne...

Pour plaider ma cause, j'ai réellement essayé de résister. Mais Maréva me travaille au corps depuis tellement de semaines que j'ai dû me sacrifier. Entre les caresses en douce sous la table lors des repas de famille, les dizaines de photos de nude par jour qu'elle m'envoyait et les regards aguicheurs, je ne pouvais pas rester sans rien faire.

Je ne suis qu'un homme. Un homme en couple, mais un homme malgré tout. Et puis je mentirai si je disais que Miléva était la femme de ma vie. Après six mois de relation, les sentiments n'ont jamais pointés le bout de leur nez. Notre couple était voué à l'échec.

Mais maintenant que je l'ai en face de moi, j'ai de la peine pour elle. Elle aurait mérité mieux. C'est une femme adorable avec beaucoup de qualités et moi, seulement un queutard.

Voici pourquoi je me retrouve devant cette petite maison de ville à la façade écrue et au toit panaché, vieillit par le temps. Je regarde six mois de ma vie étalés sur le sol humide de la banlieue parisienne et observe du coin de l'œil Miléva en transe qui ne cesse de m'insulter moi et mes ancêtres. Je n'ai pas le droit de l'ouvrir, la moindre des choses c'est que je me fasse le plus petit possible.

Je me baisse, attrape mon sac de sport et commence à fourrer toutes mes affaires à l'intérieur. Je ne lève pas les yeux de peur de croiser les siens. Je ne suis pas cruel, juste pas fait pour la vie de couple. Ça me met mal à l'aise de la voir dans cet état mais je sais qu'elle s'en remettra.

– J'espère sincèrement, du plus profond de mon être, que tu tomberas amoureux Gabriel mais surtout, elle fait une pause, renifle, prends le temps de peser ses mots, j'espère qu'elle te brisera le cœur, et, dans un geste théâtrale, elle me claque la porte au nez.

Je lève les yeux au ciel, l'amour c'est tellement surfait.

Je soupire, ferme mon sac et le hisse sur mon épaule. Je balance un « désolé » à travers la porte qui j'espère apaisera un peu Millie malgré son « va te faire foutre » en guise de réponse.

Je tourne les talons, dépose mon casque audio sur les oreilles et un pas devant l'autre, je m'élance vers ma liberté retrouvée.

La liberté d'être à nouveau célibataire, la liberté d'arrêter d'essayer d'être l'homme idéal que je ne serais jamais.

La liberté d'être à nouveau célibataire, la liberté d'arrêter d'essayer d'être l'homme idéal que je ne serais jamais

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