Chapitre 11

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Lyra, Retour à la réalité. (TW !!!)

Il est onze heures passé, je me réveille doucement.

Ma tête est barrée d'une grosse migraine et je dois remercier les milliers de larmes que j'ai déversées hier soir dans les bras de Gabriel. Les quelques bières que j'ai ingérées lors de notre soirée en tête à tête doivent y être aussi pour quelque chose...

Malgré tout, un immense sourire prend place sur mon visage.

Aujourd'hui je me sens vraiment bien, presque heureuse. Remontée à bloc et prête à en découdre avec le reste du monde. Joey n'était pas là lorsque Gabriel m'a ramené à l'appartement tard dans la nuit. Je ne sais pas où il était, ni avec qui et encore moins à quelle heure il est rentré mais ce matin, je le retrouve endormi sur le fauteuil du salon.

J'attrape le vieux plaid qui traîne dans l'armoire de l'entrée et le couvre avec. J'en profite pour le regarder un instant dormir. Il n'y a que quand il dort qu'il paraît lui-même et paisible.

Je lui embrasse le front délicatement. Son visage grimace légèrement et le temps d'un instant mon estomac se tord de peur de l'avoir réveillé. Heureusement pour moi, la seconde d'après : il s'apaise à nouveau.

Soulagée et faisant le moins de bruit possible, je branche mon téléphone à la cuisine pour recharger la batterie qui s'est complètement vidée depuis hier. J'en profite aussi pour me servir un grand verre d'eau et avaler un cachet pour apaiser mes maux de tête. Sur la pointe des pieds, je pars prendre ma douche. J'entre dans la salle de bain, allume le petit chauffage d'appoint et commence à me brosser les dents. Je me déshabille en déclenchant l'eau de la douche et le temps que celle-ci soit à la bonne température, j'attache ma chevelure grossièrement.

Je soupire d'extase lorsque l'eau brûlante se juxtapose à ma peau. S'il y a bien quelque chose qui a changé depuis que je travaille au Tiki Lounge c'est le moment de la douche. Fini l'eau gelée et les savons top-budget qui sentent la vieille femme. Malheureusement, je n'ai pas le temps d'apprécier le moment que la porte de la salle de bain s'ouvre avec fracas. Je sursaute, surprise et je pousse le rideau de douche pour voir ce qu'il se passe. Joey se poste devant moi, le visage tendu. D'un coup sec, il m'attrape par les cheveux et me force à sortir contre mon gré de la cabine de douche. Je lutte pour ne pas glisser au sol lorsqu'il me traîne derrière lui, mon chignon dans son poing.

— Alors c'est à ça que t'occupes tes soirées ?

Il me lâche d'un geste brusque et je tombe de tout mon poids sur le carrelage du salon. Je me redresse du mieux que je peux car mon corps dégouline d'eau. Des larmes commencent à perler sur mes joues et je n'arrive pas à les retenir. Je lève les yeux vers lui. Son regard est sombre, terrible. Ses traits sont durs. Je le vois prendre mon téléphone, ses mains tremblantes de rage.

— T'as reçu un message de Sacha, tu veux savoir ce qu'elle te demande ?

Par réflexe, je secoue la tête. Non, je ne veux pas savoir.

Ma gorge est sèche, elle me pique.

Joey s'approche de moi et je frissonne d'effroi lorsque mes yeux rencontrent les siens. La peur m'envahit aussitôt. Mon corps ne me répond plus.

Je sais ce qu'il va se passer et je sais aussi que je devrais profiter des quelques secondes de répit qu'il m'accorde en jouant aux devinettes avec moi pour me lever et partir en courant. Mais je suis tétanisée. Je veux me lever, je dois le faire mais mes jambes n'obéissent plus.

Mes sanglots s'intensifient lorsqu'il s'accroupit face à moi un sourire aux lèvres comme possédé par le Mal en personne. Je déglutis et ferme les yeux. Priant du plus que je peux pour qu'il ait pitié de moi. Mais ma réaction à l'effet inverse sur lui puisque sa paume atterrit sans ménagement contre ma joue. Comme une poupée de chiffon, ma tête se tourne instantanément sans que je puisse la retenir. Le choc est puissant. Une douleur lancinante me parcourt de la pommette jusqu'à la nuque. Ça me brûle.

— Regarde-moi salope !

Je n'arrive pas à lui obéir. Mes paupières papillonnent, ma vue se brouille. Il y a trop de larmes qui se déversent sur mes joues pour que je puisse le regarder.

— Elle te demande si ta soirée avec un certain Gabriel s'est bien passée, un rire rauque s'échappe de ses lèvres, et si tu as conclu avec lui, il attrape mon menton avec force et me crache au visage.

J'ai envie de vomir tout à coup.

Mon estomac se tord dans tous les sens. Je ne me relèverai pas de cet énième excès de colère. Je regarde l'homme qu'il y a devant moi.

Ce sont ses yeux que je vois mais son regard est ravagé de haine.

Ce sont ses lèvres que je vois mais son sourire n'est qu'un lointain souvenir.

Ce sont ses mains que je vois mais ses paumes sont devenues brusques.

C'est le corps de l'homme que j'ai aimé mais son âme s'est égarée en chemin.

Je le regarde à présent, intensément.

J'essaie de lui montrer toutes les émotions que jadis il m'a fait ressentir.

L'amour. La passion. La joie. Le bonheur.

Mais rien n'arrive à calmer la fureur qui l'habite.

Alors je me mets à genoux et je l'implore.

— Joey, je t'en supplie...

Il me pousse à nouveau, rompant le contact visuel entre nous et se lève. Un hurlement presque animal s'échappe de sa gorge. Il lance à travers la pièce mon téléphone et celui-ci explose contre le mur. Je sursaute.

Il me tourne le dos, les mains sur sa tête et je le vois arracher par poignée ses cheveux. Ma gorge se noue un cran de plus. Il se parle à lui-même mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'il dit tant l'incohérence de ses paroles est grande.

Je tente une énième tentative.

— Joey, s'il te plait...

D'un bond, il se retourne vers moi et la rage dans son regard me liquéfie sur place. En trois pas il se jette sur mon visage en m'assénant un coup de poing dans le nez. Ma tête se renverse et vient percuter le carrelage. Pendant plusieurs minutes ma vue se brouille mais cette fois, ce n'est pas à cause de mes larmes. Je vois des étoiles.

Un liquide chaud s'écoule de mon nez. Je porte mes mains à mon visage pour connaître les dommages. Joey en profite pour me donner un coup de pied dans le ventre.

Je me tords de douleur. Le souffle me manque.

Un autre coup arrive.

Puis un autre.

Et encore un autre.

Je me mets en boule.

Je suffoque.

C'est donc ça l'amour ?

Les coups pleuvent et malgré la violence des chocs qu'encaisse mon corps, je sens mes muscles se détendre petit à petit.

J'ai l'impression de devenir aveugle.

Le néant m'enveloppe tendrement.

Je ne ressens plus rien. Ni le bien, ni le mal.

Aucune peur. Aucune souffrance.

Noir. Tout est noir.


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De tout mon Cœur 💖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant