Chapitre 13

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Lyra, Prendre le taureau par les cornes.

Je me réveille doucement. Il me faut plusieurs secondes pour me rappeler où je suis. Ma tête me lance et ma gorge est sèche. Je fronce les sourcils et essaie d'ouvrir les yeux, en vain. La luminosité m'est devenue insupportable. Le médecin m'a dit que c'était dû à ma commotion cérébrale et qu'il me faudrait attendre plusieurs semaines pour que tout revienne à la normale.

Moi qui adore le soleil d'habitude, je le tiens en horreur depuis plusieurs jours. Sept pour être précise. Cela fait sept jours que je me suis réveillée à l'hôpital, poignet plâtré, buste et genou immobilisés. Et même si le Dr Sandro m'a dit que j'avais eu beaucoup de chance ce jour-là je n'arrive pas à m'enlever de la tête qu'avoir frôlé la mort à cause de mon petit ami, ce n'est pas le genre de chance que je souhaitais avoir dans ma vie...

Un frisson me parcourt l'échine lorsque je repense à Joey. J'essaie de laisser mes souvenirs dans un profond lointain mais je ne vais pas pouvoir continuer longtemps à les refouler. La police est censée venir aujourd'hui m'interroger sur « l'accident ».

Dire que je ne veux pas qu'il paye pour ce qu'il m'a fait saurait mentir. Je lui en veux terriblement. C'est horrible mais je crois que j'avais besoin de ça pour comprendre que l'homme que j'ai aimé ne reviendra plus et qu'il est temps que je passe à autre chose.

Je suis tiraillée entre deux : avoir la peur qu'il puisse continuer à vagabonder et m'attendre à chaque coin de rue pour terminer ce qu'il a commencé ou au contraire être sûr et certain que je peux continuer à vivre ma vie librement. Enfin librement... Je ne pourrais jamais continuer à vivre sereinement tout en sachant que j'ai brisé son avenir en l'enfermant derrière les barreaux.

Je soupire d'agacement et tente une nouvelle fois d'ouvrir les yeux.

Ça me brûle !

– Sacha, tu peux fermer un peu plus les volets s'il te plaît, je gronde, j'ai l'impression que des lasers me transpercent la rétine !

– C'est bon comme ça ?

Une voix masculine. Je sursaute. Les battements de mon cœur s'affolent. J'essaie de me redresser mais mes côtes me rappellent à l'ordre. J'ouvre les yeux d'un coup ce qui a le don de me faire voir quelques étoiles. Je porte la main sur ma poitrine et essaie de retrouver une respiration normale.

– Eh ! s'approche Gabriel un air paniqué sur le visage, désolé je ne voulais pas te faire peur !

– Je... non, désolée, je bégaie essayant de me reprendre, c'est moi, j'ai cru un instant que c'était... enfin...

– Ce n'est que moi, me rassure-t-il en m'offrant un léger sourire dévoilant ses dents parfaites. Tu veux que j'appelle une infirmière ?

– Non, tout va bien. Ça a l'air plus grave que ça ne l'est en réalité.

– J'ignorais qu'on était en présence de la fille de Rambo...

– Crétin va !

Il s'assoit sur le siège près de moi en riant à sa propre blague et allume la télévision. Il fait défiler les chaînes pendant de longues minutes et ouvre un paquet de maltesers qu'il pose sur ses genoux.

Je l'observe discrètement. Il est habillé d'un jean bleu foncé, d'un pull à col rond blanc et d'une paire de converses blanches. Étonnement, il n'a pas sur le dos son éternel bomber noir mais une veste en jean style aviateur.

Je le trouve particulièrement beau aujourd'hui. Sa barbe de quelques jours est taillée parfaitement, mettant en valeur comme il se doit les lignes de ses lèvres charnues. Je remonte doucement mon regard sur son nez. Je ne peux m'empêcher de l'admirer : tellement parfait. Je ne saurais dire pourquoi mais son nez, c'est vraiment une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de voir.

De tout mon Cœur 💖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant