Our Broken Love [Terminé]

Chapitre 12

Nastia

    J'ouvre progressivement les yeux, et je suis frappée par l'intensité de la lumière. Je plisse les paupières en tentant de déterminer où est-ce que je me trouve, mais tout ce que je vois c'est du blanc, et la seule chose que j'entends est cet insupportable bip à répétition.

    Avant d'avoir le temps d'émettre une hypothèse, ce qui s'apparente à une infirmière pénètre dans ma chambre.

- Qu'est-ce que...tenté-je avant d'être coupé par ma gorge sèche.

    Je tousse et la dame présente dans la pièce me sert un verre d'eau que j'accepte sans rechigner. Mais au moment de lever le mon bras droit, je sens une vive douleur me saisir. Je gémis en serrant les dents, ce qui n'échappe pas à la personne qui se tient près de moi.

- Bonjour Nastia, je m'appelle Natalie. Je suis infirmière, se présente-t-elle. Je ne sais pas si vous vous rappelez des évènements de la veille, mais vous êtes arrivé ici inconsciente, et avec un bras cassé – elle pointe celui que j'ai tenté de levé – et de nombreux hématomes sur le corps, me dit-elle avec gentillesse.

    Elle me tend le verre d'eau vers ma main gauche cette fois. Et je bois tout en tentant de restituer tous les éléments de la soirée d'hier. Une fois ma gorge réhydrater, je m'adresse à elle.

- Où est-ce que je suis ? demandé-je.

- A l'hôpital. Une jeune fille nous a appelé hier soir pour nous informer de votre chute. Votre frère, Alex, vous à accompagner. Si vous désirez le voir, lui et votre autre frère vous attendent en salle d'attente, voulez-vous que j'aille les prévenir de votre réveil ? propose-t-elle de sa voix douce.

    Trop d'informations. Mon cerveau n'arrive pas à tout assimiler d'un coup, mais je hoche la tête à la proposition de l'infirmière. Elle m'informe qu'elle part les avertir, et qu'un médecin ne devrait pas tarder à arriver. Mes deux frères ? Je présume que ce n'est pas l'information sur laquelle je devrais me concentrer.

    Je commence petit à petit à me remémorer ce qui s'est passé. La soirée chez Ben. Lui qui tente de m'amener à l'étage. Et lui. Celui que j'espérais ne plus revoir. Je sens un frisson d'appréhension remonter le long de ma colonne vertébrale en me re-mémorant son regard posé sur moi. Mais je ne me rappelle pas comment j'en suis arriver à me retrouver dans ce lit d'hôpital, avec un bras en vrac.

    Quelques minutes plus tard, Tristan ouvre précipitamment la porte en bois, et me fonce dessus. Il m'observe sous toutes les coutures, et me serre contre lui. Je grimace fortement quand il appui un peu trop fort contre mon épaule, mais je n'ai pas le coeur de le lui faire remarquer. En revanche, quelqu'un sen charge pour moi.

- Tu lui fais mal.

    Je reconnaitrais cette voix entre mille. Qu'est-ce qu'il fait là, lui ? Mon frère se recule rapidement et s'excuse. Quand il s'éloigne, je vois le parasite appuyé contre le chambranle de la porte, les bras croisés et le visage impassible. Rien d'inhabituel, si ce n'est sa présence.

- Alex, dis-je simplement.

- Nastia, répond-il machinalement.

- Et Tristan ! ajoute mon frère. Maintenant qu'on a fait l'appel, revenons-en aux choses sérieuses : Qu'est-ce qui sest passé Nastia ?

    Il fourre mécaniquement l'une de ses mains dans sa tignasse blonde – un tic nerveux – et m'interroge du regard. N'aillant aucune envie de lui parler d'hier soir, je préfère tenter de détourner la conversation.

- Je ne vois de quoi tu veux parler. Alex ronfle trop fort la nuit, donc pour m'éloigner un peu je me suis dit qu'une petite nuit dans un cinq étoiles me ferait du bien ! Rien d'anormal à signaler.

    Je lui adresse un petit sourire, bien que le coeur n'y soit pas. Mais je n'ai pas le droit de laisser tomber mon masque devant lui. Il ne trouve visiblement pas ma plaisanterie à son goût et fronce les sourcils d'un air réprobateur.

- Nasticot, menace-t-il.

    Ma bouche souvre en grand. Il n'a quand même pas osé utiliser cet affreux surnom qu'il me donnait à l'époque devant Alex ? Quand il m'appelle comme cela c'est qu'il s'apprête à me faire la morale. Mais je l'empêche d'aller plus loin en lui lançant le coup fatal.

- Tu veux vraiment jouer à ça, Tristanus ?

    Cette fois c'est lui qui s'indigne, et même Alex ne peut retenir un sourire. J'ai comme l'impression que son pote risque de se souvenir longtemps de ce petit sobriquet. Nastia 1 – Tristan 0.

- Bref, éludé-je. Je suis crevée, j'ai besoin de me reposer. On en discutera plus tard Tris, d'accord ?

    Je mens. Je ne me sens pas vraiment fatiguée, mais je dois absolument prendre le temps de réfléchir au mensonge que je lui raconterais. Tristan ne sait pas, et ne saura jamais la vérité. S'il l'apprend...je préfère ne même pas imaginer ce qu'il adviendrait.

    Sur le seuil de la chambre, mon frère échange quelques mots que je ne parviens pas à comprendre avec son ami, et quitte la pièce. Mais pas Alex. Il compte rester là à me dévisager toute la journée ?

- Qu'est-ce que tu fais encore là ? lui demandé-je.

- Pourquoi tu ne lui dis pas la vérité ? me demande-t-il en penchant légèrement la tête.

    Je me fige soudain et plonge dans son regard. A quoi fait-il référence au juste ? Je tente de lire en lui, mais malheureusement il est bien plus facile de déchiffrer un mur que les pensées d'Alex Clayton

- J'ai conversé un peu avec Ben hier soir, me confesse-t-il.

    Mon coeur rate un battement. Je sens mon cerveau qui active tous les signaux de détresse, et malgré tout je reste sans voix. Incapable d'ouvrir la bouche, attendant qu'il aille au bout de sa lancée.

- C'est fou comme ce qu'il peut être bavard cet Archibald ! Une vraie pipelette quand on sait comment lui demander les choses, ajoute-t-il.

- Arrête ! le coupé-je en retrouvant soudainement l'usage de ma voix. Tristan ne doit rien savoir, s'il apprend quoi que ce soit...il le tuera, Alex.

    Ma gorge se serre et je commence à paniquer. Merde pas maintenant, pas avec lui. Trop tard. La crise d'angoisse est là. Je tente de la calmer, mais tout se bouscule. Mes pensées sont trop fortes, trop chaotiques. Je ne sais plus sur quoi me concentrer. Je suis prisonnière de mes propres angoisses, et elles m'étouffent lentement.

    Mon corps commence à trembler et des larmes se forment au coin de mes yeux. Je ressens tout et rien à la fois. Je le revois lui, et tout le mal qu'il m'a fait. J'ai eu raison de me méfier de Ben, mais il faut croire que je recommence sans cesse les mêmes er-reurs. A partir de maintenant je ne me protégerais quoi qu'il arrive. Je sens la force me regagner et je me concentre sur ce faible espoir pour lutter. Quelques minutes plus tard, tout ralenti, je suis plus forte que ça, il me suffit d'y croire encore un peu.

    Quand je rouvre les paupières, je constate qu'Alex est toujours là. Mais je n'ai plus la force de me battre contre lui pour le moment.

- Va-t'en, le supplié-je.

    Il laisse quelques secondes s'écouler, et lorsque qu'il répond, sa voix est si basse que je crois presque rêver ses derniers mots.

- Il faut croire que tu es aussi amochée que moi, Nastia Grayson.