Chapitre 50

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Alex

Elle est enfin devant moi. Après des jours passés à tenter de survivre sans elle, elle est là. J'ai tellement de mal à réaliser qu'elle ne se tient qu'à une poignée de centimètres de moi.

— Tu aurais pu attendre demain au lieu de venir en pleine nuit, me dit-elle.

— J'ai suffisamment attendu, Grayson.

La vérité c'est qu'une seconde de plus passé loin d'elle m'aurait rendu fou. Je ne supportais plus de tourner en rond dans notre appartement, alors qu'elle n'y était pas. Tout mon être me suppliait d'aller la retrouver, mais j'ai tenu bon afin de la laisser faire son deuil à sa façon. Quand j'ai vu son nom s'afficher sur l'écran de mon portable, j'ai d'abord cru à une hallucination. Cependant, ses pleurs m'ont vite ramenés sur terre. Je ne pouvais plus la laisser seule.

— Je t'en pris, entre. On ne va pas rester dehors, lâche-t-elle.

Elle me fait signe de la suivre, tout en restant discret, afin de ne pas réveiller ses parents. Si je me souviens bien, leur chambre est en bas contrairement à celles de leurs enfants qui sont à l'étage. Monter cet escalier que j'ai grimper des centaines de fois quand j'étais gosse me fait remonter une tonne de souvenirs.

Je suis revenus chez Elizabeth et Anthony de nombreuses fois après être partis vivre chez ma tante, mais jamais en présence de Nastia. Je trouve ça ironique qu'après tous les efforts que j'ai fournis pour l'éviter ces dernières années, je me retrouve à finir ici pour elle. Si ça, ce n'est pas la preuve qu'il est impossible de lutter contre le destin, je ne sais pas ce que c'est.

Nastia m'a appris que lorsqu'une personne nous est destinée, nos chemins se recroiseront malgré tous les détours qu'on essayera de prendre. Alors rien ne sert de résister, on ne peut échapper à l'évidence. Et mon évidence, c'est cette blonde que je suivrais jusqu'au bout du monde si elle me le demandait.

— Maintenant on peut parler, dit-elle en refermant la porte de sa chambre derrière moi.

— Je t'écoute, réponds-je.

Elle s'assoit en tailleur sur son lit et m'invite d'un geste de la tête à faire de même. Je l'imite sans rechigner, et alors que nos genoux se touchent, un frisson me parcourt. Être si proche d'elle m'a tant manqué.

— Je crois que j'ai déjà suffisamment parlé. C'est ton tour, rétorque-t-elle.

Je songe un instant à lui partager le vide que son absence a creusé en moi, mais ce n'est pas la direction que je désire emprunter ce soir. Je veux que Nastia reprenne confiance en elle et qu'elle arrête de se mettre à l'écart du monde par culpabilité.

— J'aimerais te raconter une histoire, balancé-je.

Elle fronce les sourcils, tandis que je m'amuse intérieurement de sa perplexité.

— Est-ce que je dois avoir peur ? me demande-t-elle.

— Je te promets que non, affirmé-je en tentant de ne pas rire face à sa méfiance.

On échange un petit sourire complice, et alors je me lance.

— C'est l'histoire d'un petit garçon qui ne ressentait aucune émotion. Depuis toujours, sa famille cherchait à comprendre ce qui clochait chez lui, mais aucun médecin ne parvenait à poser un diagnostic sur son problème.

Je sens que j'ai capté l'attention de Nastia avec cette introduction.

— Le garçon a grandi dans une solitude forcée, aucun enfant ne voulant être ami avec celui qui était considéré comme l'anomalie du village. Jusqu'au jour où un autre garçon est venu lui proposer de jouer avec lui. Le garçon sans émotion eut soudain envie de sourire pour la première fois.

Our Broken Love [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant