3. Pixie

53 8 4
                                    

 Ça a beau être complètement fou, je considère sérieusement la proposition que ce Ariel vient de me faire. J'ai l'impression que c'est un cadeau divin.

J'ignore tout de sa personne, mais là tout de suite, j'ai besoin de lui. La tête de Maeve se rapproche de nous, et je distingue un immense sourire sur son visage.

Pas le temps de réfléchir. Au pire, ce n'est que pour une soirée.

— C'est d'accord.

J'avale la partie de mon verre ne s'étant pas déversée sur moi – satanés danseurs démunis de proprioception – et me colle à Ariel. Je ne lui jette pas un regard en lui chuchotant :

— La fille qui va arriver, c'est Maeve, ma meilleure amie. Fais semblant d'être mon copain. On s'est rencontrés à la bibliothèque, on a beaucoup échangé par messages, et c'est notre première soirée en tant que couple.

— Tu m'as l'air d'avoir déjà bien réfléchi à notre histoire, petite fée, me souffle Ariel.

Le surnom manque de me tirer un sursaut. Il est à l'aise, lui !

— Drôle et original, que faut-il de plus ? je marmonne.

— N'oublie pas mon incroyable beauté, rajoute-t-il. C'est pour ça que tu es tombée sous mon charme.

— C'est toi qui a craqué pour moi en premier !

Il rit, et je rajoute :

— Oui, j'avais déjà cherché un scénario plausible à donner à Maeve. C'est crédible, n'est-ce pas ?

Ma voix sonne trop hésitante.

— On va voir, murmure-t-il bien trop proche de mon oreille. Elle arrive.

Je plaque un sourire sur ma face, et crie pour couvrir le rythme reggaeton :

— Maeve ! Salut !

Elle m'offre une accolade, avant de se reculer pour scruter sans gêne Ariel.

— Mais que vois-je ? s'enthousiasme-t-elle. Ariel, le roi du bar !

L'appellation me fait tiquer. C'est donc lui, le maître des shakers dont les étudiants parlent ?

Maeve me jette un clin d'œil appréciateur.

— Depuis quand vous vous connaissez ? Tu vas voir, je suis super sympa ! Pas autant que Pixie, mais ça, tu t'en doutes déjà, vu que tu sors avec elle. Je sais que je parle beaucoup, mais je suis tellement contente pour vous !

Loin de paraître gêné par cette tirade, Ariel sourit et répond calmement :

— Ravi de constater que Pixie t'a parlé de moi.

— Et comment ! sourit mon amie. J'ai hâte de mieux te connaître ! Je sens qu'on va bien s'entendre. Tu n'as que des bonnes intentions envers ma Pixie, rassure-moi ?

Elle prend un air menaçant, qui ne décontenance pas Ariel pour un sou.

— Bien sûr, assure ce dernier.

— Tant mieux !

Elle sautille sur place, et débite, avant de s'éclipser :

— Je vais me chercher un verre, bougez pas !

— Elle est... énergique, me glisse Ariel dès qu'elle a déguerpi.

— À qui le dis-tu.

— Elle ne va pas nous demander de nous embrasser ou quoi que ce soit ? m'interroge-t-il, suspicieux.

Aime-moi si je mensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant