Je me réveille avec une odeur de cassis dans le nez. Le shampoing de Pixie.
Je ne pourrai jamais oublier l'expression de son visage quand elle jouit. Jamais.
Je sens encore ses mains autour de mon cou et ses lèvres contre les miennes, et comment dire que cette nuit était de loin la plus chaude que j'ai jamais passée ?
Je pourrais partir comme un voleur ; je l'ai déjà fait des tas de fois. Mais ce n'est pas ce qu'un ami ferait.
Un ami de qui elle a touché le sexe.
Alors je reste, caressant ses cheveux comme si là était ma place.
Enfin, son réveil sonne. Pixie bouge, s'étire, et ouvre les yeux.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
Mon cœur rate un battement. Elle n'a quand même pas...
— Détends-toi, champion, ricane-t-elle face à ma mine déconfite. Impossible que j'oublie ce qu'on a fait cette nuit.
— Tu m'as fait peur !
L'angoisse dans ma voix est bien réelle, même si ça me coûte de me l'avouer. Pixie m'embrasse le bout du nez.
— Tu dois aller en cours ?
— D'ici une heure et demie, oui, me répond-t-elle.
— Je peux rester un peu, alors ?
— Si tu veux.
Sa main glisse de ma gorge à mon ventre, et elle lâche :
— La nuit porte conseil.
J'approuve.
— Drew t'as dit aimer Maeve, mais ça ne correspond pas à ce qu'il m'a avoué hier. Son double jeu m'irrite, et il faut que Maeve en soit au courant.
— Tu vas tout lui dire, alors ?
— Pas tout de suite. J'aimerais d'abord qu'elle s'en aperçoive seule, au moins un peu. J'ai peur que sinon, elle pense que je veuille saboter sa relation.
— Bonne idée.
Je pense soudain à mes médicaments, qui m'attendent chez moi. Il faudra que je fasse un détour avant mes cours, quitte à en louper le début. Hors de question de briser ce moment.
— Comment tu vas t'y prendre, pour ça ?
— Pour le coup, je n'en sais rien. Peut-être que si elle le voyait me regarder et moi le repousser, ça marcherait, mais Drew est beaucoup trop malin pour laisser ça arriver.
Une idée surgit dans mon esprit.
— Je ne suis pas sûr que ça fonctionne vraiment, mais on pourrait essayer de les inviter à notre quatrième date.
— Qu'est-ce que tu as prévu ? s'enquiert-elle.
— Si je te le dis, ça gâche tout. Mais fais-moi confiance. On peut toujours essayer, on a rien à perdre.
— « On » ?
Je balaye l'air de la main, gêné.
— Toi. Pardon. Je pense à nous un peu comme une équipe, ça m'a échappé.
— Une équipe, répète-t-elle. C'est mignon. Sinon, ton tableau, il en est où ?
— Pour le moment, les cadeaux sont en tête. Mettre de mon temps pour faire plaisir à l'autre, c'est ce que j'ai préféré. Les services, dans le même genre, m'ont aussi plu, mais j'ai trouvé ça moins romantique, moins à mon image, tu vois ? Enfin, même si je comprends l'impact des mots, j'ai trouvé que les actes avaient encore plus de signification. En plus, je me trouve moins doué avec les mots qu'avec les actions. Ça te paraît cohérent ?
— L'amour n'a rien de cohérent, Ariel, confesse-t-elle. L'amour est un joyeux bordel dans lequel tu es ravi de plonger, qui n'a de sens que celui que tu lui donnes.
Je médite un instant ses paroles, les laissant résonner au plus profond de moi.
— Et donc, quand tu auras trouvé ton langage de l'amour, tu feras quoi ?
Bonne question.
— À la base, je voulais juste chercher une fille qui m'intéresserait, et que j'intéresserais autrement que pour mon physique ou mon statut ridicule de « roi du bar ».
— J'avoue que ce surnom est le plus grotesque que j'ai jamais entendu, se moque-t-elle.
— Je voulais la séduire de la façon dont je saurais mieux le faire, et si ça collait entre nous, officialiser.
Pixie acquiesce.
— Le problème, c'est que je ne sais même pas comment cibler les filles de qui je pourrais vraiment tomber amoureux. Comment je pourrais le savoir ?
— Je pourrais t'aider, si tu veux, propose-t-elle.
— Tu ferais ça pour moi ?
Je ne cache pas mon étonnement.
— Bien sûr. Je ne peux pas dire tout de suite à Maeve qu'on ac rompu, ce ne serait pas crédible ; alors en attendant, je pourrais t'aider à trouver une petite-amie, pour compenser. Le problème, c'est qu'elle risque de croire que je suis ta vraie petite-amie, si ça s'est ébruité.
— On s'arrangera. À moins que je trouve quelqu'un dans les deux semaines, ça devrait aller. Et au pire, je lui expliquerai. Elle verra très bien que nous deux, c'est voué à l'échec, de toute façon.
— Pourquoi ?
— Parce que tu es trop toi, et moi trop moi ? Je t'aime comme amie, mais développer des sentiments... Impossible. Surtout avec notre serment !
— Ravie de rencontrer un type enfin sur la même longueur d'onde que moi ! rit Pixie.
— Du coup, le plan, c'est de faire semblant devant Maeve et Drew, se faire encore deux rencards pour m'aider, puis de me trouver une copine ?
— Avec qui tu feras plein de bébés. Exact.
Je ne peux me retenir de demander :
— Et en attendant ?
— En attendant quoi ?
Je déglutis.
— J'ai toujours envie de coucher avec toi. C'est grave ?
Elle se redresse sur un coude, me surplombant.
— Alors on couchera ensemble jusqu'à ce que tu trouves le Graal sentimental.
— Deal. Viens par là.
Je souris plus que de raison et l'embrasse ; ce baiser a le goût des promesses.

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Aime-moi si je mens
RomanceQuand sa meilleure amie lui apprend qu'elle sort avec son ex, Pixie est dévastée. La nouvelle lui laisse un arrière-goût de trahison, mais souhaitant avant tout le bonheur de Maeve, elle la rassure en lui annonçant qu'elle aussi, elle a trouvé l'amo...