25. Pixie

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J'ignore pourquoi le stress qui m'habite me serre autant les tripes. Ce n'est pas comme si Ariel et moi étions vraiment en couple, et qu'il s'agissait de présentations officielles, non.

Je tire à nouveau sur les manches de ma chemise en soie et rajuste encore les boutons de mon gilet noir. J'ai chaussé mes talons dans l'espoir vain de me donner une contenance, et je considère mon rouge à lèvres mat comme mon armure pour la journée.

Avec une dernière inspiration, je m'empare du sac en papier contenant la bouteille de vin que j'offrirai à son père, et sors de chez moi.

Je frappe à la porte d'Ariel à midi heures pétantes. Il m'ouvre, me dévisage un instant et lâche :

— Bien joué, pour la bouteille, même si tu n'étais pas obligée. Je vais chercher mon manteau, bouge pas.

J'aurais aimé qu'il confie me trouver jolie. J'ignore pourquoi.

Nous y allons, et Ariel doit percevoir mon inquiétude car me souffle :

— Ne t'en fais pas, petite fée. Tout va bien se passer.

L'entendre me dire ces mots à nouveau me réchauffe le cœur. Je lui demande dans le métro :

— Comment il est, ton demi frère ?

— Affreux.

Je ris jaune.

— Je ne le supporte pas, me confie Ariel. Déjà quand on était ados, on ne pouvait pas être dans la même pièce sans s'agresser.

— Je ne te savais pas si violent.

— Verbalement, smartass, râle-t-il. Sa mère l'a toujours couvé, et se rangeait de son côté alors que je n'avais rien fait si ce n'était exister.

— Et ton père ne disait rien ?

— Non. Mon père tient à moi, mais de là à se mettre entre son épouse et son fils... Il n'a jamais eu le cran de le faire.

— C'est injuste !

— Il y a des gens comme ça.

J'admire sa résilience, et compatis tellement pour lui que je me retiens de lui caresser la main. Pas de ça, Pixie.

— Il fume, il boit, il se drogue probablement, et surtout, il vole, continue Ariel.

— Il plane à cause de la drogue ?

Je ne suis pas sûre de comprendre.

— Il vole mon père parce que c'est un connard.

— Tu déconnes ?

— Je l'ai souvent surpris en train de tirer des billets dans le porte-feuille de mon paternel, avoue-t-il. Quand je lui ai dit la première fois, il est allé le voir pour lui demander de ne pas recommencer et de lui rendre l'argent. Tu te doutes bien que Margaret a défendu son fils bec et ongles. Anthony n'a rien eu, je me suis fait traité à tort de menteur par sa mère, et quand Anthony a récidivé, je n'ai pas cherché à en informer mon père.

Je n'en reviens pas. Comment peut-on être aussi indifférent à son propre enfant ? Et pourquoi sa belle-mère s'avérait-elle aussi acariâtre ?

— Ça craint.

Je ne trouve rien d'autre à dire.

— Ouais. Tu comprends maintenant pourquoi je voulais que tu viennes, sourit-il.

Bientôt, nous sortons du métro et parvenons à l'appartement de son paternel. Je serre le sac en papier dans mes mains du plus fort que je le peux, et inhale le parfum d'Ariel. Verveine et sérénité, comme d'habitude.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 07 ⏰

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Aime-moi si je mensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant