Aime-moi si je mens

21. Pixie

Ma jambe tremble sous la table du petit café que j'occupe habituellement avec Maeve. Nous avons convenu de nous retrouver ici pour ensuite marcher en ville si le temps nous le permet.

Pour me détendre, je repense à la soirée d'il y a deux jours, plus particulièrement ce qui s'est passé dans la salle de bain avec Ariel. Songer de nouveau à ses yeux si ardents, ses mots si doux, apaise mon rythme cardiaque, mais pas autant que je l'escomptais.

Nous sommes ressortis sans discrétion de la salle de bain, les regards complices et les cœurs légers. Nous ne sommes pas restés longtemps, et repartis chacun chez nous avec un baiser pour adieu. Je touche bêtement à mes lèvres ; Ariel et moi sommes maintenant si proches qu'il m'est difficile de tracer une limite claire entre mon cerveau et mon cœur.

Finalement, penser à lui n'était peut-être pas la bonne solution.

Il faut que je réussisse à convaincre Maeve que Drew n'est pas bon pour elle, pour nous. J'ignore comment m'y prendre, et j'espère que lancer une conversation sans préparation suffira.

Enfin, sa tête blonde apparaît dans le café ; elle se sert au comptoir et s'assied en face de moi. Après les salutations usuelles, je décide de mettre les pieds dans le plat aussitôt.

— Il faut que je te parle.

— Je t'écoute.

Je tapote mes doigts sur mon gobelet, osant à peine croiser son regard.

— C'est à propos de Drew.

— Tu me fais peur, Pix' !

Elle plaisante, mais son regard me scrute avec sérieux. Je meurs d'envie de tout balancer d'un coup, mais j'opte pour la diplomatie.

— Il n'est pas bon pour toi.

Elle fronce les sourcils.

— Pourquoi tu me dis ça ?

Je ne sais comment répondre ; ce laps de temps lui permet de renchérir :

— Tu es sortie avec lui pendant plusieurs mois et c'est seulement maintenant que tu annonces qu'il est nocif, au moment où je suis avec lui ?

— Je sais que ça paraît suspect, mais je t'assure qu'il faut que tu m'écoutes.

— Pixie, tranche-t-elle. Je n'ai pas envie de me disputer avec toi. Mais si je ne te connaissais pas, je croirais que tu es jalouse, et que tu veux me le voler.

Ses mots m'atteignent plus que je ne le voudrais.

— Je me doute que tu veux juste mon bien, me protéger, sauf que je n'ai pas besoin que tu t'inquiètes.

Elle pose sa main sur la mienne.

— Je sais ce que je fais. Tu devrais savoir que lui et moi sommes bienveillants, et même si notre relation est encore étrange pour toi, tout va bien entre nous. Occupons-nous chacune de nos relations, d'accord ?

Je déglutis, ne parvenant à lui sourire en retour. Il faut que Maeve sache. Tant pis pour la diplomatie

— Il m'a embrassée. Drew.

C'est une bombe qui s'abat sur notre table. Je regrette mes paroles sur le champ.

— Je te demande pardon ?

Le pli entre ses sourcils s'intensifie, ses yeux s'écarquillent. Je continue tout de même :

— Et il m'a traitée de salope. Je ne te mens pas, Maeve. Je suis désolée de le dire ainsi, mais il fallait que je te le dise.