17. Pixie

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Il reste. Ariel reste avec moi.

Je suis toujours appuyée contre lui. Je suis bien, blottie à son côté. Il a chaud, et j'ai tellement froid. Je lui suis vraiment reconnaissante d'être venu ce soir. J'ai un peu honte de l'accueillir dans cet état, mais je sais qu'il ne s'en soucie guère.

— Comment tu sais que tu aimes ? me demande-t-il soudain.

Sa question me prend de cours.

— Comment tu sais que tu aimes ?

— Oui. Je me doute que ce n'est pas uniquement une affaire de papillons dans le ventre et ces autres inepties qu'on conte aux enfants. Alors, dis-moi.

Je réfléchis un instant.

— Avec Drew, au début, c'était très passionnel. On ne pouvait pas se lâcher une seule seconde, et dès qu'on était séparés, on s'envoyait des messages non-stop. Je croyais que c'était ça, aimer. Tout partager, nos secrets, nos peurs et nos rêves. Vouloir toujours être avec l'autre, et se languir se lui lorsqu'il est absent. Avoir envie de crier au monde qu'on est amoureux. Je savais – je croyais – aimer Drew à cause de ces choses-là.

Je ne me rends compte que j'ai enroulé mon bras autour de sa taille que maintenant. Soudain mal à l'aise, je le retire et me redresse, mais Ariel m'attrape la main et la replace.

— Tu ne me gênes pas, murmure-t-il.

J'ignore ce que lui et moi sommes, mais dans tous les cas, j'aime ça.

— En réalité, je m'aperçois maintenant qu'aimer, ce n'est pas ça.

— Tu viens de me faire un monologue pour au final me dire que c'est du vent ? s'indigne-t-il.

— Tais-toi et écoute-moi. L'amour, c'est ça, mais pas que ça. Aimer, c'est aussi savoir garder des choses pour soi, et ne pas s'oublier. Perdre de sa personne, c'est risque de se perdre dans la relation. Tu sais que tu aimes quand tu te sens poussé vers le haut, et que tu veux faire la même chose pour l'autre. Tu sais que tu aimes quand tu veux que l'autre réussisse, s'épanouisse, soit heureux, même si c'est sans toi. Tu sais que tu aimes quand toi et l'autre formez un tout équilibré, avec un peu de toi, un peu de lui, un peu de vous deux, et qu'aucun ne surpasse les autres. Tu sais que tu aimes parce que c'est la seule possibilité.

Essoufflée, je m'arrête enfin. Mon cœur palpite à toute allure. J'ai déjà oublié mes paroles, grisée par une énergie inconnue.

— Tu me donnes envie d'aimer, chuchote Ariel.

Je me redresse, la tête face à la sienne.

— Je croyais que tu voulais tomber amoureux avant qu'on se rencontre.

— Tu me donnes encore plus envie d'aimer, alors. Avec mes tripes, mon âme, et tout mon cœur. Et tu me donnes envie de t'embrasser. Encore.

Son regard me déstabilise beaucoup trop.

— Tu n'as pas le droit de m'embrasser.

— Pourquoi ?

— Parce qu'embrasser, c'est donner un bout de son cœur à l'autre.

— Ose me dire que tu as offert un bout de ton cœur à Drew quand tu l'as embrassé tout à l'heure.

Si je ne le connaissais pas, j'aurais pu croire qu'il était acerbe.

— Je lui en ai déjà beaucoup trop donné.

— Et là maintenant, je pourrais te donner le mien en entier.

Je reste sans voix. Nous sommes si proches que nos nez se frôlent.

— J'ai envie de l'effacer de tes lèvres, murmure-t-il. Même si ce n'est peut-être pas pour toujours, j'ai envie qu'il disparaisse de ton esprit.

Aime-moi si je mensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant