5. Pixie

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Putain de bordel de merde.

Dire que je suis mécontente de voir Maeve et Drew s'approcher de nous serait un euphémisme.

C'est un cauchemar.

Ils nous rejoignent rapidement, et même si je sais que mon sourire est forcé, je garde le même masque figé.

— Comme vous êtes mignons, tous les deux ! s'exclame mon amie. Tu ne trouves pas ? demande-t-elle à Drew.

— Si, si, confirme-t-il, les joues rouges.

Plus gênant, tu meurs.

— Vous avez déjà mangé ? s'enquiert Maeve – alors que nos assiettes vides sont à sa vue.

— Oui, j'allais partir.

Ariel se lève pour la seconde fois en une minute, enfile son long manteau, et saisit son cartable. Ainsi, on dirait davantage un professeur qu'un étudiant, mais ça lui va bien.

— Au plaisir de vous revoir, lance-t-il à Maeve et Drew.

Il se penche vers moi, et me chuchote :

— Je t'ai écrit mon numéro sur ma serviette. Samedi sans faute, petite fée, reprend-il plus fort. Je t'appelle.

Puis, ses lèvres se posent sur ma tempe, en un geste intime qui me laisse figée sur ma chaise. Je ressens encore son baiser quand il disparaît à l'extérieur.

— Je fonds ! s'écrie Maeve. Tu as tiré le gros lot, Pix' ! Enfin, tu sais que tu es le meilleur, mon cœur, ajoute-t-elle pour Drew, mais quand même ! Il a l'air parfait pour toi. On peut s'asseoir ?

Elle est sur la banquette avant même que je ne hoche la tête.

— Tu peux aller me commander un truc, chéri ? demande-t-elle à Drew, qui acquiesce et s'en va. Je dois te le dire, me chuchote-t-elle, Ariel et toi êtes vraiment bien assortis. Moi qui me le figurais uniquement comme un fêtard invétéré, je vois qu'il est différent avec toi. Il a l'air bien plus calme que ce qu'on voit de lui en soirée ou sur les réseaux sociaux.

Il est différent avec moi. Et puis quoi encore ?

Je ne sais même pas qui il est tout court. En plus, nous deux, ce n'est que du faux. Du toc, du carton pâte destiné à déculpabiliser Maeve.

Quoique, elle semble très bien s'en sortir. Ses regards envers Drew et la façon dont elle lui parle ne trompent pas : elle est folle de lui, et je ne peux rien pour l'en empêcher.

Si, je pourrais. Si j'étais courageuse, je lui confierais la vérité sur cet homme que tous considèrent parfait. J'aurais brisé ses rêves, et ça aurait fait de moi une mauvaise amie, mais je n'en n'aurais eu que faire, puisque j'aurais été brave.

Je ne suis pas brave. Je suis une faiblarde et une menteuse.

Alors je mens.

— Je me sens vraiment bien avec Ariel.

Maeve se penche vers moi et me serre la main.

— C'est le plus important. Je ne t'ai pas raconté ! s'esclaffe-t-elle d'un coup. Tu ne devineras jamais ce que ma sœur a fait.

Je souris d'avance ; Abigail, sa cadette, a le don de se fourrer dans des ennuis sans pareil.

— On parle d'Abby ?

Drew revient, deux plateaux dans les mains. Il se colle à côté de Maeve, qui le congratule d'un chaste baiser.

Par pitié, tuez-moi.

Aime-moi si je mensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant