C'est toute enjouée que je patiente devant la librairie que m'a indiquée Ariel. Si j'étais perturbée par notre rapprochement au cinéma, ce n'est plus le cas désormais. C'était pour de faux. Pour me faire oublier un instant la présence de Drew et Maeve. Ariel cherche quelqu'un de sérieux, et moi, je ne cherche personne.
J'ai reparlé de lui avec Maeve, quand elle est venue dans ma chambre pour bosser hier. Elle a plaisanté en disant que nous avions l'air bien plus absorbé par l'autre que par le film, et qu'elle avait trouvé ça très mignon.
« Tu as l'air plus épanouie, Pixie. Et ça ne fait qu'un mois que vous êtes à deux. J'ai hâte de voir comment vous serez dans un an. »
En un sens, elle a raison : en dehors d'elle et Drew, je n'avais pas tant de contacts extérieurs que ça. Me faire un nouvel ami est une bonne chose.
Je le vois justement arriver sur le trottoir d'en face. Je dois l'avouer, il a du style : son long pardessus kaki et ses chaussures cirées lui donnent cet air de professeur qui doit le rendre très populaire auprès de la gent féminine – et masculine, d'ailleurs – , à l'instar de sa chemise épaisse et de son pantalon beige. Sa ceinture noire souligne sa taille fine, et ses cheveux ébouriffés par le vent lui offrent un côté à la fois adorable et un peu sauvage.
— Salut, me lance-t-il. On a troqué le pantalon chic pour un cargo aujourd'hui ?
— Tu as l'œil. Ça va quand même, ou j'aurais dû me ramener habillée comme toi ?
Il n'échappe pas à mon ironie.
— Comme moi, c'est-à-dire ?
— Tu sais, comme le premier de la classe, un peu lèche-botte, un peu...
— Je suis le premier de la promo, il faut que je me tienne à la hauteur de ma réputation.
— C'était obligé.
— Et je te ferais remarquer que je ne suis pas celui qui porte des gilets en tricot !
— Eh ! J'adore mes gilets ! J'étais plus dans le mood décontracté aujourd'hui, c'est tout.
Il me vexerait presque, avec ses remarques !
— Je plaisante, Pixie. Ça te va très bien. On y va ? me propose-t-il ensuite.
— Qu'est-ce que tu nous as prévu, aujourd'hui ?
Nous nous décalons pour laisser sortir une mamie de la librairie, et il m'explique.
— Aujourd'hui, j'avais pensé qu'on pourrait s'acheter un livre mutuellement. On se met un chrono, on trouve un livre qui nous fait penser à l'autre quelle que soit la raison – la couleur, le thème, l'auteur, peu importe – on l'achète sans le montrer à l'autre, et ensuite, on va chez moi se fabriquer des marques pages.
— J'avais raison, c'est bien les cadeaux que tu utilises là.
Il me lance un clin d'œil.
— Perspicace, comme toujours. Ça te va ? me demande-t-il ensuite. Je ne sais pas si c'est assez romantique, comme idée... Et je n'ai jamais fait beaucoup de travaux manuels, ou de déco, et encore moins avec une petite-amie. Ça ne te semble pas trop ennuyeux ?
— Ça me semble parfait.
J'espère le convaincre, puisque c'est la vérité : son plan me motive beaucoup, et j'ai hâte de voir ce que ça va donner.
Ariel me sourit, et m'ouvre la porte.
— Quel gentleman.
J'écarquille les yeux devant la librairie : elle est immense. Je peine à apercevoir son plafond tant il s'élève haut. Je distingue un étage couvert d'étagères remplies de livres. Choisir le bouquin idéal va s'avérer plus difficile que prévu, avec autant de choix.
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Aime-moi si je mens
RomanceQuand sa meilleure amie lui apprend qu'elle sort avec son ex, Pixie est dévastée. La nouvelle lui laisse un arrière-goût de trahison, mais souhaitant avant tout le bonheur de Maeve, elle la rassure en lui annonçant qu'elle aussi, elle a trouvé l'amo...