Aime-moi si je mens

19. Pixie

Quand j'ai proposé à Maeve de m'accompagner à mon date avec Ariel avec Drew, elle a sauté de joie. Je n'ai pu lui envoyer l'adresse que ce matin, Ariel ayant enfin consenti à me le partager. Je me situe donc juste devant un studio de danse, à les attendre tous les trois.

Ariel et moi ne nous sommes pas vus depuis la nuit dans ma chambre. Avec nos révisions, il était dur de trouver du temps pour nous voir. Les vacances enfin débutées, nous allons pouvoir remédier à cela.

Notre arrangement me convient parfaitement. La nuit passée surpassait de loin toutes celles avec Drew. Malgré le plaisir qu'il m'offrait, je ne me sentais toujours un peu trop dévergondée, voire sale, et dégradée.

Avale, bébé.

Là, Ariel a su me faire me sentir bien, avec ses mots, ses mains et ses yeux.

Je resserre les pans de mon manteau autour de moi ; il est six heures, en mi-décembre, et je meurs de froid. Soudain, deux bras s'enroulent autour de ma taille, et je souris.

Un visage se niche dans mon cou, mais le parfum n'est pas le bon.

Je me retourne d'un coup, et deux yeux bleu glacier me fixent. Je recule de trois bons pas, lui crachant :

— Maeve n'est pas avec toi ?

Drew secoue la tête.

— On est chacun partis de chez nous. Tu ne me dis pas bonjour ?

— Non.

Il fait la moue.

— Tu es vraiment jolie.

Tu es belle, mais tu le serais encore plus si tu souriais.

— Arrête de me parler.

— Tu n'aimes pas qu'on te complimente ?

Je ne réponds rien. L'indifférence reste la meilleure arme. Drew renchérit pourtant, soudain âpre :

— J'oubliais. Tu as toujours préféré quand je t'insultais, c'est ça ?

Dis-moi que tu aimes ça, petite cochonne.

Ma salive obstrue ma gorge à l'évocation de ces souvenirs. Mon ex se recoiffe et reprend la parole, répétant mes mots.

— Ton chéri n'est pas avec toi ?

— Il arrive.

— Il ne te mérite pas, lâche-t-il d'un coup, nonchalant.

— C'est vrai. Il est beaucoup trop bien pour moi.

— Ce n'est pas...

— Ariel !

J'aperçois sa silhouette, et je n'aurais pas cru pouvoir en être si soulagée avant maintenant. Il accélère son pas, et je me précipite vers lui quand il n'est plus qu'à un mètre. J'enroule mes bras autour de son cou et lui chuchote :

— Joue le jeu.

Puis, je l'embrasse. Avec toute la passion dont je suis capable. Après une seconde d'hésitation, Ariel place sa main dans le creux de mon dos et me penche en arrière pour mieux contrôler notre baiser. Sa langue caresse la mienne avec ferveur, et j'en oublie que nous sommes dans la rue, sous les yeux de Drew et d'autres passants n'ayant rien demandé.

— Que me vaut cet accueil ? me chuchote Ariel proche de ma bouche.

— Je t'expliquerai après.

— OK. Tu peux m'embrasser comme ça dès que tu veux, petite fée, je ne m'en plaindrait jamais.