13. Pixie

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Je n'ai pas été dure à convaincre.

Prétendre être un petit couple devant une foule de gens, y compris le meilleur ami d'Ariel, ne m'enchante guère, mais en soi, ça ne peut pas être beaucoup plus compliqué que devant Maeve seulement. Je doute même que les gens s'intéressent à Ariel et moi, mais au cas où, je préfère que l'on renvoie une image de couple.

Sortir dans un bar est loin d'être mon activité favorite, d'ailleurs. Toutefois, je ne pouvais refuser sans paraître suspecte aux yeux de l'ami d'Ariel, et ce dernier m'aidant énormément, je me sens redevable envers lui, tant les rendez-vous me sont au final presque aussi utiles qu'à lui.

Je saute dans un cargo large, un top court à manches longues, enfile ma veste militaire – vierge de toute tâche d'alcool – et dévale les escaliers. La nuit noire ne m'effraie pas : dans ce quartier, rien ne peut m'arriver. C'est ce que je me répète en boucle, pour me rassurer.

J'ai hâte de découvrir une nouvelle facette d'Ariel. Le fameux « roi du bar » dont les gens parlent dans les couloirs, avec leurs cernes sous les yeux d'avoir dansé toute la nuit, et leur teint cireux à force d'avoir bu les cocktails d'Ariel.

J'ai hésité à inviter Maeve. Cependant, même si elle apprécie être au contact des gens et est bien plus sociable que moi, elle se sent plus à l'aise dans des soirées étudiantes qu'en boîte ou dans les bars. Elle trouve qu'il y a trop d'inconnus, tandis que les fêtes plus privées apportent davantage de sécurité.

Je sors du métro à l'endroit que m'indique le GPS, et me rends jusqu'au bar donné par Ariel. Je ne m'y étais jamais rendue, et son nom ne m'avait pas tapé dans l'oreille non plus. Toutefois, sa devanture est moderne, sympathique, loin des façades parfois glauques de certains quartiers. Des néons verts et jaunes incitent le client à entrer, ce que je fais.

Aussitôt, l'atmosphère exaltante me saute aux yeux. Un peu de fumée se dégage du plafond et du sol, plongeant les gens dans une ambiance à la fois oppressante et libératrice.

Je m'avance vers le comptoir, et la chevelure d'Ariel apparaît. Je réussis à me frayer une place entre les badauds accoudés au bar, et lui crie par-dessus la musique :

— Coucou mon cœur !

Il se retourne, et en me voyant, sourit. Il sert une bière à un client puis s'approche de moi.

— Salut, petite fée.

Il se penche par-dessus le comptoir et m'embrasse le front.

— Rai est par là, m'indique-t-il. Cheveux noirs, l'air beaucoup trop joyeux, pull bleu ciel.

— C'est noté.

— Je vous rejoindrai à ma pause. T'en fais pas, il va pas te manger !

— L'inverse n'est pas impossible !

Il rit avec moi, et s'en retourne à ses clients.

— Attends ! me lance-t-il. Je suis bête. Tu veux quelque chose à boire ?

— Surprends-moi.

Sur un clin d'œil, je me retourne, en quête de son ami. Je passe sous des aisselles levées, bouscule une jeune femme déjà éméchée, et distingue enfin un pull pastel au milieu de tout ce noir.

Le jeune homme en question discute avec une grande blonde, très souriante, juchée sur des talons orange fluo immenses.

— Rai, c'est ça ?

— Pixie, c'est ça ? m'interroge-t-il en retour.

Je hoche la tête.

— Enchanté ! Je te présente Taylor, ma petite-amie.

Aime-moi si je mensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant