Chapitre 26

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Je laisse échapper un petit grognement de douleur lorsque Sam plante une nouvelle fois l'aiguille pour recoudre mon bras. J'ai certes connu pire comme peine, mais la sensation est tellement perturbante. Il me suffit d'y penser pour en avoir la tête qui tourne.

Sam reste toutefois concentré et ne prête aucune attention à mon comportement, pas même une remarque ne sort de sa bouche. Heureusement pour moi, Sam ne fait que trois points de suture, pas un de plus.

Il ne faut pas plus de 10 minutes à mon partenaire pour parvenir à ses fins. Il fait un nœud au bout du fil et coupe enfin l'aiguille. Je souffle contre mon gré, j'ai réussi à parvenir jusqu'à la fin de mes peines sans bouger ni ordonner à Sam d'arrêter, c'est un miracle. Lui aussi semble l'avoir remarqué puisqu'il ose me dire :

- On progresse depuis le temps, tu ne m'as pas envoyé valser.

Je grimace en me rappelant les mauvais souvenirs, c'était lorsque Steve, Sam et moi étions encore considérés comme des fugitifs. On dormait une fois de plus dans un motel miteux, précédemment dans la journée j'avais rouvert une de mes blessures infligées par Hydra. Ce n'était pas une petite, elle faisait quasiment la moitié de mon dos. Elle a certainement dû y laisser une belle cicatrice au passage mais je ne suis pas assez souple pour y jeter un œil. Sam s'était donc porté volontaire pour me soigner pourtant Steve l'avait prévenue que je détestais ce genre d'intervention.

Il avait ainsi passé une bonne heure dans mon dos à me coudre 7 points de suture, je m'étais débattu à de nombreuses reprises, je l'avais fait tomber au sol en plus de tout son matériel stérilisé comme acte de rébellion. Steve avait même fini par m'attraper les mains pour m'empêcher de bouger. C'était une horreur...

Le souvenir m'arrache un sourire. Ce n'était certes pas agréable sur le moment mais y repenser me fait chaud au cœur. Ce moment me rappelle à quel point nous formions un bon trio, Steve, Sam et moi.

Steve. Depuis combien de temps je n'ai pas songé à lui ? J'ai l'impression que cela fait une éternité, ces derniers jours je n'ai quasiment jamais songé à lui. Que ce soit dans le négatif ou le positif, je n'ai pensé à aucun moment à lui. Je sais que je devrais me sentir soulagé, Steve ne hante plus mes pensées comme il le faisait il y a encore quelques jours pourtant je ne ressens que de la culpabilité. Je ne veux pas oublier mon meilleur ami, je ne veux pas qu'il parte dans les tréfonds de ma pensée. Je ne veux pas faire mon deuil si cela signifie devoir l'oublier constamment.

Sam claque des doigts devant mon visage, me ramenant à la réalité. Je sursaute légèrement, surpris du geste soudain.

- Tu fixes encore. Tout va bien là-haut ? J'ai ravivé de mauvais souvenir ? Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais perdu dans mes pensées. Sam semble véritablement inquiet de mon comportement, il m'interroge du regard sans pour autant forcer sur les questions dites de manière orale.
- Désolé ce n'était pas voulu.

C'est tout ce dont je suis capable de dire.

- Je m'en doute.
- Je vais aller faire un tour si ça ne te gêne pas. Merci pour les soins.
- Tu es sûr que tout va bien ? Je hoche positivement la tête sans pour autant répondre verbalement. Sam me laisse toutefois passer le pas de la porte, je le remercie silencieusement. J'ai besoin de prendre l'air, de respirer un coup et si possible seul. Derrière la porte d'entrée nous attendent des valises, je m'arrête net, inquiet. C'est quoi cette blague de mauvais goût ? Je tends l'oreille, vérifiant qu'aucune bombe à retardement ne soit placée dans les bagages, ce n'est pas le cas. Deux valises noires abandonnées ainsi dans un immeuble privé, c'est quelque peu inquiétant et surtout très anodin. Une lettre repose sur l'une d'entre elle, je la récupère en délicatesse vérifiant qu'elle ne déclenche rien de suspect. Rien ne se passe, c'est une bonne chose.

L'enveloppe contient une simple lettre écrite à la main :

Voici ta commande de vêtements mon cher Sam ! Tu trouveras dans ces deux belles valises devant toi des habits pour ton partenaire et toi (bien évidemment !). (D'ailleurs j'espère que j'ai bien suivi tes indications concernant sa taille, c'est un colosse au passage...). Je reste dans le coin, appelle-moi si besoin.

Si jamais vous n'êtes pas Sam et que je me suis malencontreusement trompé de porte, veuillez me contacter au +1 234 654 2098*. Bonne journée !

Joaqu
ín

The Falcon and The Winter SoldierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant