Chapitre 14

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Je n'entends plus rien, c'est comme si un bourdonnement constant a pris -possession de mon audition. Je ne remarque pas non plus une personne indiquer à Zemo, que l'on peut allez voir Selby. Mon corps suit mécaniquement mes partenaires. La main de Sam est toujours sur mon bras, il me tire dans une zone interdite aux clients du bar. Je vois Zemo s'éloigner, il fait un signe de tête à Sam. Je n'arrive pas à interpréter leur conversation silencieuse, encore trop perturbé par les événements récents. Soudainement, mon coéquipier s'arrête en plein milieu de couloir, je lui jette un coup d'œil curieux.

- Buck.

- Hey.

Ma voix se brise, et je me retourne pour essayer de contenir mes larmes. Je ne dois pas pleurer ici, et encore moins devant Sam. Je prends plusieurs inspirations profondes, essayant de calmer le flot d'émotion coulant dans mes veines. Lorsque j'ai la sensation d'avoir réussi à canaliser mes sentiments, je me retourne.

Ce qui est une grosse erreur de ma part, je n'ai rien canaliser, je n'ai rien calmer, mes émotions sont ici, et présentes. Il me suffit de voir la peine sur le visage de Sam pour fondre en larmes. Il n'hésite pas une seule seconde et m'invite dans une étreinte, que je ne refuse pas.

- C'est bientôt fini. Tient bon.

J'acquiesce doucement, reprenant peu à peu mes esprits. Je sens la main de Sam caresser paresseusement mon dos dans un geste qui se veut apaisant. Toutefois même si la sensation reste agréable, je me dégage brusquement de mon coéquipier.

- Les caméras. Ils y avaient des téléphones.

Je revois les flashs tourner dans ma direction, les regards pétrifiés de peur, tous ses clients ou peut-être ses gardes que j'ai frappé violemment avant de les mettre au sol. Je sens la respiration me manquer. Mon souffle se bloque dans ma gorge, je pense à déglutir.
Je n'ai même plus la force de supporter mon propre poids, je me laisse glisser contre un mur et rabat mes genoux contre mon torse. Je sens vaguement Sam s'installer à mes côtés. Je préfère ne pas y penser pour me concentrer sur ma respiration.

J'inspire et j'expire à plusieurs reprises. L'air revient peu à peu.

Je ne me souviens pas de la dernière fois que Sam a dû gérer une de mes crises de panique. Pourtant, je peux affirmer que cela remonte à très loin, peut-être l'époque paisible du Wakanda ? Ou peut-être le soir de la mort de Steve ? Je n'en ai pas la moindre idée, et ça m'importe peu.

Je ne relève pas la tête de mes genoux, bien trop épuisé. J'ai besoin de ne serait-ce qu'une petite minute pour reprendre des forces. Mon souffle est revenu, et j'espère que cette crise sera la dernière de la mission. Je n'ai pas envie d'infliger cela à Sam une nouvelle fois.

Une voix lointaine me parle, comme dans un rêve. J'ai la vague impression que c'est une conversation banale, rien d'intéressant, juste des paroles apaisantes sans but particulier. Plus les secondes passent plus la voix devient concrète et réelle.

- L'autre jour je suis allé courir, et j'ai croisé un petit garçon. Il s'appelait Lucas. Il marque une pause, j'imagine qu'il espère que je relève la tête, que je regarde dans sa direction ? Je ne fais rien. Il était atteint d'un cancer en phase terminale, les médecins lui avait autorisé une sortie au central parc. Et lorsqu'il m'a croisé, Lucas m'a demandé un câlin. J'acquise doucement, bien que ma tête repose toujours contre mes genoux. Je ne sais pas si Sam m'a vu mais je l'ai fait pour lui signifier que je l'écoute. La plupart des gosses demandent des photos pour garder un souvenir du moment, pas lui. Après notre câlin, je lui ai demandé pourquoi pas une photo, et tu sais ce qu'il m'a répondu ?

Il est évident qu'il ne s'attend pas à ce que je réponde, j'imagine qu'il croit que ma crise ne s'est pas calmée. Toutefois, c'est tout le contraire, elle s'est totalement dissipée, me permettant d'écouter attentivement la moindre des paroles de mon coéquipier.

The Falcon and The Winter SoldierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant