Chapitre 28

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Je sors de la salle de bain une bonne dizaine de minutes plus tard, les fringues livrées par Joaquin me moulent le corps, mais cela ne gêne pas mes mouvements. J'ai enfilé un t-shirt noir à manche courte, cela permet à ma blessure de ne pas être compressée sous des couches inutiles de tissus, et un pantalon gris simple. Puisque la valise est uniquement remplie d'habits de ce style, on peut en conclure que Sam connaît assez bien mes dimensions et mes préférences vestimentaires.

Ce dernier n'a pas bougé d'un centimètre durant mon absence contrairement à Zemo qui s'est enfin redressé sur le canapé. Il tient toujours une serviette humide sur son front et grimace à certains moments, j'imagine qu'un bouclier en vibranium dans le crâne n'a pas dû lui faire le plus grand des biens.

- Walker et les Doja sont en bas, ce n'est qu'une question de minutes avant qu'ils ne viennent ici. J'annonce tout en me servant un verre d'eau. Et sachez que ce type à un véritable problème. Zemo ne paraît pas inquiet, il doit certainement avoir un plan derrière la tête pour échapper à sa sentence. Cependant je compte bien l'empêcher d'agir de la sorte, je suis redevable au Wakanda, il n'est pas question qu'ils ne récupèrent pas le meurtrier de leur roi.

- Tu crois ? Me répond Sam avec une pointe d'humour dans la voix. Je tourne la tête vers lui surpris qu'il me parle, après son petit cinéma de tout à l'heure... Je ne sais plus à quoi m'attendre avec lui. Il accepte de me parler, certes, mais il évite toujours le moindre contact visuel avec moi. Il reste obstiné à écrire son rapport à Joaquin sans m'accorder la moindre attention.

- C'est un fou, je sais reconnaître les fous.

- Les types comme toi, tu veux dire ? Le ton ironique de Sam m'arrache un sourire forcé, quel putain d'enfoiré.

C'est blessant, foutrement blessant, je sais qu'il n'en pense pas un mot et qu'il doit être encore vexé de mon « va te faire voir » par message pour me parler ainsi. Mais cela n'empêche pas le fait que sa répartie fait mal, il touche aux points sensibles et je suis persuadé qu'il en a bien conscience. Je n'ai aucune idée du jeu auquel il joue, une part de moi cherche désespérément à savoir ce qu'il se trame en ce moment même dans sa foutue tête tandis que l'autre part à tellement peur d'être déçue qu'elle refuse de chercher plus loin.

Je n'ai désormais qu'une envie : le blesser autant qu'il vient de le faire. Pour répondre à sa réplique sanglante, je lui annonce :

-Fallait pas lui donner le bouclier. Ma riposte, contrairement à ce dont je m'attendais, le laisse indifférent. Il ne s'énerve pas, ne se vexe pas, il reste de marbre à pianoter sur son foutu ordinateur.

- Je ne lui ai pas donné. Son ton calme ne laisse transparaître aucune émotion.

- C'est pas Steve non plus. Je sais que je ne devrais pas dire cela, ce genre de commentaire ne plaît jamais à Sam et c'est en soit compréhensible. Mais bordel j'ai besoin qu'il réagisse, j'ai besoin de toucher à ses points sensibles comme il vient de me le faire précédemment. Je souhaite désormais qu'il interagisse avec moi en utilisant autre chose que de l'ironie, je me dois de percer la coquille dans laquelle il vient de s'enfermer pour comprendre ce qu'il se passe dans sa tête.

Sam relève finalement les yeux vers moi avant de fermer son ordinateur, son regard me lance des éclairs. J'imagine qu'il n'a pas dû apprécier ma réplique, c'est tant mieux. Je ne suis pas sadique, j'ai juste besoin qu'il comprenne qu'à chaque fois qu'il me traite de monstre ou de fou, il me blesse. Son comportement me trouble, mais au moins il accepte de me regarder. On progresse énormément.

- Au fait, j'ai une question. Je me tourne vers Zemo pour lui faire comprendre que c'est à lui que je m'adresse. C'était toi qui as tiré avec une arme tout à l'heure, avant de te faire assommer ?

Sam fuit de nouveau mon regard lorsque je tente de percevoir les émotions qui le traversent. Mon but n'est pas de le vexer davantage, j'ai de véritables questions à poser à notre troisième coéquipier. Toutefois, je dois avouer que je me sers aussi de ma question afin de détecter la moindre réaction chez lui.

Je ne sais plus où me mettre avec lui, il évite le moindre contact avec moi pour finalement me lancer des piques et recommence à me fuir lorsque je touche une corde sensible. J'ai soudainement l'impression que ce n'est pas parce qu'il a accepté d'en parler qu'il ne considère pas ce qu'il s'est passé entre nous comme une erreur. Je redoute soudainement le moment où nous serons enfin seuls, je n'ai pas envie qu'il regrette quoi que ce soit. Certes j'ai initié le baiser, mais il a tout de même apprécié le moment. Du moins c'est ce dont j'avais l'impression.

- Possiblement, mes souvenirs sont flous, mais je crois que j'ai essayé d'achever Karli.
Je souffle, l'avantage avec Zemo c'est qu'il est toujours honnête, l'inconvénient c'est qu'il n'obéit à personne, pas même à la pseudo-équipe que l'on forme. Sam semble exaspérer, contrairement à nous il a encore espoir en Karli.

- Vous n'êtes pas croyable. On vous demande de ne rien faire à son encontre et vous lui tirez dessus ? C'est du grand n'importe quoi !
- La Karli dans laquelle vous croyez encore est morte il y a bien longtemps, il n'y a plus rien à sauver chez elle. Un blanc s'installe, je ne contredis pas l'avis de Zemo et Sam non plus. Il commence doucement à comprendre que la personne en qui il portait encore de l'espoir il y a quelques heures à peine n'est pas la Karli dont il a entendu parler. Je n'en rajoute pas pour le moment et tais les réalisations que j'ai eu tout à l'heure, je lui en parlerais lorsque nous serons seuls, sans Zemo pour intervenir.

- Elle a été blessée ? Je demande finalement après quelques minutes de silence.
- Aucune idée, je crois que j'ai vu du sang vers son flanc avant de me faire assommer mais je n'en suis pas certain. S'il y avait encore une chance pour qu'elle se range de notre côté il est désormais clair que c'est impossible, avec tout ce qu'on lui a fait subir on peut être soulager qu'elle ne se soit toujours pas vengée.

The Falcon and The Winter SoldierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant