Kaliora, la planète aux trésors T.1

Chapitre 5

     Lyuri fut sortie de son sommeil par une étrange sensation de brûlure aux poumons. Elle émergea en suffocant, entrouvrit ses yeux. Sa vision était floue. Sa cage thoracique était écrasée, compressée par une force invisible. Elle essaya de se redresser dans son siège, mais lorsqu'elle essaya de parler, aucun son ne sortit de sa bouche. Son cœur s'emballait, elle avait l'impression de mourir.

     Elle roula des yeux sur le côté et attrapa d'un geste désespéré le bras de Lüka. Dès qu'il la vit, il se jeta sans réfléchir sur les bagages à l'arrière du vaisseau et brassa les sacs jusqu'à trouver un masque sur lequel il tira. La petite réserve d'oxygène ne tarda pas à se montrer.

     Il lui plaqua l'embout en plastique sur le visage et appuya sèchement sur le bouton on/off et la machine émit un léger son.

     La terrienne sentit de nouveau la vie couler dans son corps. Elle prit une immense bouffée d'air et profita de chacune des suivantes en haletant. Son corps tremblait, son visage était pâle et ses yeux étaient humides.

    « Tout va bien, tenta Lüka pour la rassurer. C'est juste une petite frayeur. C'est la première fois que tu vas dans l'espace ?

    Lyuri acquiesça d'un hochement de tête, avachit dans son siège en reprenant ses esprits.

    — Heureusement qu'on avait de quoi t'aider. Tu aurais dû me dire que tu n'avais jamais quitté ta planète... »

     C'est à ce moment que le voyageur commença à remettre en question son choix. Elle ne savait pas conduire un vaisseau, c'était un point, mais elle n'avait jamais quitté sa planète. Connaissait-elle au moins la moindre petite information sur Kior ? Bien qu'il soit reconnaissant de l'aide qu'elle lui a fourni en le nourrissant ou encore en lui fournissant un vaisseau, il sentait au fond de lui qu'il ne pourrait pas la laisser n'importe où sur la planète.

    S'il voulait retourner sur ce grand globe vert uniquement pour récupérer ses affaires, il se devait à présent de faire un détour par la capitale pour que son accompagnatrice ne finisse pas ses jours accidentellement dans un ravin, ou dévorée par une de ces gigantesques fleurs un peu trop vivantes qui le dégoutaient.

    Il lui demanda de bien organiser et ranger ses affaires dans son sac à dos pour qu'elle s'occupe, alors Lyuri rejoignit la banquette arrière en faisant pivoter son siège. On pourrait bientôt voir la grande planète, il ne leur restait qu'une heure ou deux à patienter.

     Durant trente bonnes minutes, Lyuri se chargea de vider le sac, puis de le remplir en pliant minutieusement chacune des pièces de ses uniformes scolaires. Elle déposa le seul paquet de gâteau que Lüka n'avait pas dévoré la veille juste en dessous de la fermeture éclair et en piocha un. Elle mourrait de faim !

    A mesure que le temps passait, le vaisseau était secoué par des vagues de plus en plus puissantes. Semblables à des éclairs couverts d'écume, les vagues se dirigeaient tout droit vers la planète.

    Jusqu'à ce qu'une vague frappe le vaisseau de plein fouet, le propulsant rapidement en avant et faisant basculer Lyuri sur la banquette. Lüka s'agrippa aux guides et tenta de redresser le vaisseau pour le stabiliser. Les baleines de Kior étaient là.

    Des animaux immenses dont le vaisseau représentait tout juste la taille de leurs yeux. Des arabesques sombres recouvraient leurs peaux bleu navy et s'arrêtaient peu avant leurs ventres qui étaient plus clairs. Quant à leurs fronts, ils étaient recouverts d'un astre, ou du moins d'un point lumineux, entre leurs deux yeux. Leur cri était à peine audible tant il était grave, mais il faisait vibrer le vieux tacot à chaque fois qu'il était émis.