Chapitre 16

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Trois jours s'étaient écoulés depuis leur arrivée à Aevalon. Les journées étaient longues, calmes. Presque ennuyantes. D'autant plus que les adolescents étaient levés tôt chaque matin, en même temps que le reste de la base, mais contrairement aux militaires, ils n'avaient pas d'occupations particulières.

Ils avaient bien essayé de parler un peu avec les habitants, mais rien n'y faisait. Ni eux, ni les habitants ne se comprenaient. Sans l'aide d'Alex qui était souvent occupée, ils ne pouvaient pas communiquer avec l'extérieur.

Ils avaient exploré les fonds marins. La cité de roche et d'aigue marine était magnifique, mais avec leurs masques sur le visage, leur bouteille de gaz et leur incapacité à nager très longtemps, la terre restait le seul endroit praticable.

Lüka s'était rendu plusieurs fois à la salle de sport, avait proposé son aide en cuisine et pour la réparation du vaisseau, avait fait plusieurs fois le tour de l'ilot en courant, puis avait joué avec des enfants et un ballon, s'arrêtait dans chaque commerce qu'il croisait... L'ennui et le manque d'activité allaient avoir raison de lui. L'île était trop petite et l'océan trop grand. Il se sentait prisonnier.

Il savait sa chambre et celle de Lyuri surveillées. Les militaires leurs accordaient une partie de leur espace mais étaient méfiants. Alors il n'avait nulle part où s'installer pour utiliser sa carte magique menant à Kaliora et prévoir ses futures escales.

Pendant ce temps, Lyuri profitait de ses vacances bien méritées. Elle avait tenté d'accompagner Lüka à la salle de sport, mais elle n'était définitivement pas faite pour ça, ses poumons et ses courbatures pouvaient en témoigner. Elle profitait de ces quelques jours de pause sans stress en flânant dans la ville, profitant de la brise marine et du temps agréable. Pas de devoirs, pas de corvées, pas de marches interminables, pas de créatures terrifiantes. Juste elle, Lüka, la plage et les Aevaloniens.

Allongée dans l'un des hamacs d'une cabane de repos, Lyuri entendit le biper que lui avait confié Alex. Elle lut le message. Des nouvelles à propos du vaisseau. Elle se leva encore engourdie et se rendit en direction du garage.

Elle croisa Lüka en chemin qui semblait heureux qu'il se passe enfin quelque chose sur cette petite île trop tranquille. Ils arrivèrent au garage, impressionnés par la quantité de matériel en tout genre. Des véhicules sous-marins en passant par les machines de rénovation à la pointe de la technologie, cet espace était complètement différent de ce qu'on pouvait voir à l'extérieur des murs.

Alex, vêtue d'un bleu de travail tâché de cambouis, était à bord d'une machine titanesque qui tractait un genre de dauphin mécanique. Ses cheveux attachés en un chignon chaotique étaient maintenus par un crayon.

Lorsqu'elle aperçut les jeunes aventuriers à l'entrée, elle leur fit un grand signe de main et manqua de percuter un petit véhicule transportant des palettes de matériel. Elle finit par installer sa machine dans un coin, couper le moteur et elle vint rejoindre les adolescents.

« Salut ! Vous me suivez ?

Alexalaëlle les guida entre les machines et les armes jusqu'à un plateau tournant où étaient disposés quatre vaisseaux. Le leur faisait tache parmi les trois armes de guerre. Il était le seul coloré, le plus petit, le moins performant, le moins résistant.

Elle retira le crayon de ses cheveux bleus qui tombèrent en cascade sur ses épaules puis se connecta sur un clavier et un écran apparut au-dessus du sol.

— Donc ça c'est le plan mécaniquement parlant de votre vaisseau, commença-t-elle en désignant avec son crayon le schéma. On a rattaché tout ça ici, c'est un miracle que vous ayez pu vous envoler !

Elle expliqua pendant quelques minutes tous les changements effectués, les quelques pièces changées, les parties rafistolées.

— Il ne nous reste plus qu'à installer un augmentateur de vitesse. Vous pouvez voler sans, mais comme le moteur est trop vieux, la puissance n'est pas géniale... Et ça vous évitera des problèmes au décollage, ce serait bête de s'écraser alors même que vous n'êtes pas partis. »

Alex continua d'expliquer les différentes modifications mais s'arrêta lorsque le sol se mit à trembler. Elle jeta un regard aux adolescents et aux militaires autours d'eux. Personne ne semblait savoir ce qu'il se passait.

Un militaire, la casquette à la main, entra précipitamment dans le hangar.

« On est attaqué ! »

Lüka eut un déclic et se précipita à la sortie du bâtiment. Un immense vaisseau noir à quelques mètres du sol parachutait des hommes armés jusqu'aux dents. Les cris de peur des Aevaloniens sans défense résonnaient contre les murs de la bâtisse de fer. . Il le connaissait bien, ce vaisseau. Il s'en était déjà échappé une fois.

« Lyuri ! Il va falloir qu'on parte d'ici tout de suite !

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Alex.

— Ils en ont après nous.

Lüka jeta un pass à Lyuri.

— Va chercher nos affaires et reviens le plus vite possible. Je suis chambre 389.

Lyuri acquiesça et se précipita vers le bâtiment où se trouvait leurs chambres.

— Il faut qu'on décolle le plus vite possible, annonça Lüka. Tant pis pour l'augmentateur de vitesse. Est-ce qu'on peut nous faire une place sur la piste de décollage ?

— Je vais essayer d'y emmener votre vaisseau. Qui aurait cru que deux ados auraient pu s'attirer des ennuis comme ceux-là ? s'étonna Alex. Vous êtes des bandits, un truc du genre ?

— Non, des chasseurs de trésors, répondit Lüka en claquant l'ouverture du moteur. »

Des coups de feu retentirent à l'extérieur. Les Aevaloniens se réfugiaient tous sous l'eau, laissant leurs cabanes fragiles à l'abandon. Le chaos remplaçait progressivement le calme de ces derniers jours.

Les militaires étaient en train de riposter à l'extérieur. Ils ne laisseraient pas leur île se faire détruire par des arrivés surprises. Armes à la main, l'assaut était donné. Il n'y avait pas le temps d'essayer de négocier. S'ils ne réagissaient pas immédiatement, toute l'île était en danger, et peut-être plus encore.

Des dizaines d'intrus crasseux essayaient de se frayer un chemin à travers les soldats. Epées, sabres, LazRs, mitrailleurs antigravité, canons à ultrasons... Tous les moyens étaient bons pour envahir la base.

Un homme à la bedaine pendante fut déposé au milieu du champ de bataille dans le plus grand des calmes. Boiteux, il avançait sans se soucier de ce qui l'entourait en direction de l'entrée du bâtiment principal. Il sifflotait un air inquiétant. Ses pas résonnaient sur le sol d'un son sourd et sec.

Lyuri courrait dans les couloirs pour rejoindre la sortie. Les sacs attelés sur le dos, elle n'avait plus le temps de trainer. Elle les avait bâclés, avait fourré les vêtements en vrac à la va-vite, et s'était précipitée vers la sortie.

Elle entendait depuis le grand hall d'entrée les moteurs s'activer. Des machines armées aux grandes jambes articulées sortaient du garage. Son vaisseau était sans doute déjà parti en direction de la piste de décollage. Il ne restait plus que quelques pas avant de pouvoir rejoindre Lüka. Mais quelqu'un bouchait l'entrée.

« Bonjour, belle demoiselle, résonna une voix rauque. »

Kaliora, la planète aux trésors T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant