Chapitre 31

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« A quoi tu penses ? demanda Lüka en s'essuyant la bouche d'un revers de main.

— Oh, rien... répondit Lyuri en sortant de sa rêverie. »

Elle engloutit la dernière bouchée de koumnia. Comme presque à chaque fois qu'il mangeait, Lüka avait la moitié de son repas autour de la bouche ce qui fit sourire Lyuri.

La douleur se réveillait peu à peu dans le dos de l'adolescente, mais elle refusait de passer encore plus de temps à dormir à cause des médicaments. Elle avait envie de profiter de sa journée, même si c'était pour ne rien faire. Le ciel était clair et l'air frais, elle avait envie de sortir.

Elle enfila son médaillon qui reposait sur la table de chevet et ses chaussures. Elle supplia Lüka d'accepter de la laisser sortir, même pour quelques minutes seulement.

L'aventurier ne semblait pas vraiment d'accord mais il finit par céder. Il comprenait, après tout, lui non plus n'aimait pas rester enfermé.

Lüka ouvrit la porte de la chambre et descendit les escalier suivit de près par son amie qui était excitée à l'idée de sortir. En bas, le médecin avait le nez plongé dans des paperasses entassées dans un coffret. Il se tourna vers eux en les entendant arriver.

« Jeune fille, j'aimerais vous voir après votre petite sortie. Il faudrait vérifier l'état des points de suture et poser une date pour les retirer, les interrompit-il. »

Lyuri acquiesça et poussa presque Lüka dehors. Lyuri inspira à pleins poumons une grande bouffée d'air frais en s'étirant en arrière. Un grand sourire illumina son visage.

A peine eurent-ils fait quelques pas dans le village que deux enfants apparurent au coin d'une rue.

« Néhé ! Néhé ! s'exclama l'un d'eux en les pointant du doigts.

Le visage du second s'illumina et il sautilla de joie. Les deux enfants se précipitèrent vers les aventuriers en courant. Ils foncèrent vers Lüka et s'agrippèrent à ses jambes.

— Itchi ihk, articula le chasseur de trésors en souriant.

Lyuri les dévisagea sans vraiment comprendre ce qu'il se passait mais était étonnement enjouée de la situation.

Les deux jeunes enfants se mirent à tirer sur le pantalon de Lüka en parlant sans cesse. Lyuri ne comprenait pas un mot mais son ami bafouillait quelques phrases incertaines que les enfants semblaient comprendre.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Lyuri en souriant.

— Ils veulent me montrer leurs progrès, répondit Lüka en essayant de ne pas tomber. »

Les deux enfants se faufilèrent par un trou de souris dans un bâtiment au toit qui s'effondrait et à la vitre du mur fêlée. Au centre de la pièce grisâtre encombrée de vieux meubles se trouvait un assortiment de babioles assemblées en un même objet incompréhensible. Lyuri se redressa et dépoussiéra ses vêtements. Le sol était jonché de débris.

L'un des enfants tira sur un câble relié à un petit générateur. Il recommença à plusieurs reprises jusqu'à ce que la machine vrombisse et décolle la saleté du sol. Des cordes y étaient reliées et passaient face à un caisson de bois. Elles étaient tendues et attachées à un gros fauteuil à l'opposé du générateur.

L'enfant à la toge rouge plaça une planche en bois sur les cordes et l'autre appela Lüka à se rapprocher. Il gratta les cordes et l'autre sautillait de joie, tout excité.

Une mélodie maladroite s'échappait du caisson et les yeux pétillants des enfants amusèrent Lüka. L'aventurier les félicita de leurs progrès, il savait qu'ils avaient passé la nuit à retravailler leurs accords comme il le leur avait appris deux jours plus tôt lorsqu'ils l'avait surpris en train de construire sa machine.

Lyuri ne comprenait pas vraiment comment ils avaient pu se rencontrer, mais elle se doutait que Lüka ne passait pas ses journées à être inactif.

Les deux enfants invitèrent le chasseur de trésors à jouer de l'instrument avec eux et leur montrer à nouveau ce qu'il savait faire. Il refusa quelques fois puis finit par céder en souriant.

« J'avais prévu de déplacer mon matériel sous ta fenêtre pour occuper tes journées, mais il faut croire que tu en profiteras plus vite que prévu, déclara Lüka à son amie.

Il ajusta les réglages de sa machine et s'agenouilla derrière en plaçant ses mains sur les cordes. Il glissa ses doigts sur chacune d'elles en même temps puis joua quelques accords rapides.

Une fois qu'il fut certain d'être bien ajusté, il commença à jouer plus sérieusement. Une douce mélodie électrique s'envola dans l'air sous les yeux impressionnés des enfants et le regard charmé de Lyuri.

Lüka entrait peu à peu dans sa bulle. Il n'avait pas joué de musique depuis tellement longtemps... Gratter les cordes avec ses doigts lui avait manqué. Il ne pouvait pas se permettre d'emmener un cithara ou quelconque instrument durant son voyage. Il n'avait plus que lui et la musique.

La nuit commençait à tomber. Dès lors qu'ils franchirent la porte de la maisonnette, le médecin difforme s'adressa à Lüka en ignorant Lyuri.

« J'aurai besoin de passer un examen médical dans deux jours pour retirer les fils de la plaie et constater l'avancée de la cicatrisation. Je compte sur vous pour être présents au lever du jour, ne soyez pas en retard. »

Les adolescents acquiescèrent et montèrent dans la grande chambre de Lyuri. Lüka retira son manteau et le déposa sur le paravent.

« Je savais que tu jouais de la musique grâce à Ki mais je ne me doutais pas que tu savais aussi bien jouer ! s'exclama Lyuri.

— Je ne joue pas si bien que ça, j'ai juste un peu d'entrainement.

— Arrête d'être aussi modeste, le taquina Lyuri. Tu as le droit de reconnaitre que tu es doué !

— Je t'apprendrai si tu veux, répondit-il en souriant.

— Avec plaisir ! Mais je préfère t'entendre jouer plutôt de le faire moi-même ! Je suis nulle pour ça ! »

Kaliora, la planète aux trésors T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant