Les explorateurs avançaient à travers la ville où tout le monde piétinait des pancartes de protestation, des morceaux de vêtements déchiquetés et de la poussière. Les néons des magasins teintaient faiblement les murs de rose, de bleu et de jaune.
Lyuri avait mis sa capuche et Lüka son châle sur la tête pour masquer l'absence d'oreilles sur le dessus de leurs têtes et ils laissaient pendre leurs sacs dans leurs dos.
Ils observaient les vêtements des habitants de Neïwar afin de pouvoir reproduire les mêmes dès qu'ils auraient trouvé un magasin de vêtements encore entier ou n'ayant pas succombé aux flammes.
Certains portaient de larges pantalons bouffants se resserrant à leurs chevilles, d'autres de gigantesques voiles assemblés comme des jupes fendues, ainsi que des chemisettes en toile transparente, des boléros et des petites chaussures plates.
Plus ils s'éloignaient de la station spatiale où atterrissaient des vaisseaux remplis de vivres, moins la population était agglutinée dans les rues. Le calme revenait peu à peu.
Ils finirent par atterrir dans un quartier plutôt calme où se trouvaient des habitations en verre noir encore intactes et quelques commerces. Personne n'était dans les rues, à part une vieille femme qui rentrait tranquillement chez elle, chargée d'un bagage débordant de fripes. Des carcasses de véhicules bordaient les rues.
Un bâtiment à plusieurs étages était surmonté d'une insigne gris métallique : Malabis. Lyuri et Lüka s'en approchèrent en espérant trouver des vêtements pas trop chers à utiliser le temps de trouver des vivres pour ne pas avoir de problèmes.
Il rentrèrent dans l'immense boutique, accueillis chaleureusement par un homme moustachu aux oreilles dressées sur la tête. Il déblatéra tout un tas de paroles, puis recommença plus doucement quand Lüka lui demanda de décélérer pour avoir le temps de comprendre.
Le vendeur leur expliqua ne pas avoir eu de client depuis des lustres à cause de la crise. Seuls quelques riches habitués continuaient de venir de temps à autres. Mais même eux n'osaient plus vraiment sortir par les temps qui courent.
Tout enjoué, il les guida dans le magasin à travers les rayons pour qu'ils puissent trouver leur bonheur. Le vendeur leur présenta tout un tas de vêtements et d'accessoires précieux, dansant entre les rayons à la recherche de ses plus belles trouvailles.
Lüka se contenta d'un pantalon bouffant, d'un boléro et d'une paire de souliers beigeâtres à la semelle en corde. Lyuri prit un ensemble à peu près similaire. Le commerçant les attendait déjà près de la sortie pour régler le paiement.
Il valida les articles de Lüka sur sa machine mais refusa de scanner les vêtements choisis par Lyuri. Elle adressa un regard d'incompréhension à Lüka puis au vendeur, qui la traina jusque dans un rayon coloré rempli de vêtements plus colorés.
Lorsqu'elle comprit, Lyuri tenta de refuser de modifier ses choix pour des habits féminins, mais le commerçant agissait comme un sourd.
Elle finit par craquer et troqua ses vêtements confortables contre un ensemble rouge foncé, le plus discret de tous. Dépitée, elle rejoignit son ami qui attendait pour payer à la sortie de la boutique.
Le vendeur valida tous les vêtements et attrapa la monnaie que lui tendait Lüka. Il fronça les sourcils, contrarié, et lui rendit son argent. Il n'allait pas l'encaisser. Son argent n'avait aucune valeur pour lui.
Lüka tenta de marchander, en vain, avec le commerçant. Alors que l'échange devenait de plus en plus houleux, Lyuri sortit la moitié de l'argent qui lui restait et le proposa au vendeur. Celui-ci se tut, arracha presque les quelques billets de la main de Lyuri et se pencha dessus en ajustant un monocle qu'il venait de sortir de son veston.
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Kaliora, la planète aux trésors T.1
Science Fiction« Confiée aux mains habiles de la Nymphe du voyage, la carte traversa l'espace et le temps, en quête d'un endroit où reposer. Cachée au creux de l'Univers dans le plus grand des secrets, elle permettrait à quelques chanceux aventuriers de voyager, e...