Chapitre 34

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Encore engourdie, Lyuri put enfin bouger les jambes. Elle avait été conduite dans une chambre au haut plafond et aux murs couverts de dorures. Les murs blancs lui donnait un de ces mal de crâne qui donne l'impression qu'on se fait fracasser la tête.

Elle resta assise dans l'immense lit, perdue dans ses pensées. Où avait-elle atterri ? Où était Lüka ? Qui était cette personne qui semblait la connaitre ?

Elle se frotta les yeux avec ses mains. Réfléchir ne l'aidait pas. Elle regarda autour d'elle en plissant les yeux. Un simple petit meuble blanc recouvert d'un napperon rouge meublait la chambre, ainsi qu'une titanesque armoire, une lampe et ces splendides moulures qui habillaient le plafond.

Elle se leva maladroitement et slaloma jusqu'à la porte. Elle s'appuya sur les poignées pour ne pas tomber et essaya de forcer dessus. Elle poussa puis tira la porte, en vain. Elle était prisonnière. Alors elle marcha jusqu'à l'armoire, vide bien sûr, tout comme le tiroir du meuble à côté du lit.

Les anges peints à chaque angle du plafond semblaient la juger. Ils devaient bien se moquer d'elle, elle qui était perdue et sans aucun moyen de communiquer avec l'extérieur.

Lyuri retourna s'asseoir sur le lit. Sa tête dansait et son corps lui jouait des tours. Ses jambes encore trop faibles n'allaient pas la supporter encore longtemps. Elle avait besoin de reprendre des forces et de manger. Elle mourrait de faim.

Lyuri observa de nouveau la pièce. Il n'y avait pas de fenêtre. La porte étant condamnée, elle n'avait aucun accès à l'extérieur. Elle était prisonnière.

Elle s'affala un peu plus sur l'épais matelas. Que pouvait-elle faire de plus ? Seule, blessée et perdue, elle se sentait incapable de faire quoi que ce soit pour sortir de cette pièce.

Pas même une larme ne monta à ses yeux. Elle se sentait vidée de toute son énergie vitale. Elle n'avait pas envie de crier, de pleurer, d'appeler à l'aide, d'essayer de sortir... Elle n'en avait pas la force.

La porte s'ouvrit dans un grincement et fit relever les yeux de Lyuri. L'espace dévoila un élégant costume rouge et blanc, couvert de dorures.

« Evrett ! s'exclama Lyuri heureuse de voir une tête familière.

Elle se releva d'un coup et s'avança vers son ami.

— Lyuri, dit-il en écartant les bras. Comment vas-tu ? As-tu bien dormi ?

— Je t'avoue que je suis un peu perdue, répondit-elle.

— Perdue ? Pourquoi donc ?

— Je ne sais pas où est Lüka, ni même où je suis... Je crois que j'ai été droguée...

Elle se frotta le crâne pour essayer de se rappeler des dernières choses qu'elle avait vécu.

— Je me souviens m'être levée aux aurores pour mon rendez-vous avec le médecin, d'être descendue le rejoindre dans la salle en bas de la maison. Il m'a demandé de prendre un médicament et j'ai senti une vive douleur dans le cou... Ensuite plus rien. Je crois que j'ai été jetée par terre et transportée ici par deux personnes, mais je me suis repris une aiguille dans le cou...

— Oui, je sais, rétorqua le jeune homme basané. C'est moi qui t'ait fait venir ici. J'avais besoin de toi. Térya, appela-t-il. Térya !

Une femme aux traits tirés par la fatigue et la vieillesse entra dans la pièce en se courbant en avant.

— Térya, enfin ! Combien de temps vous faut-il pour répondre à mes ordres ? s'énerva-t-il.

La vielle femme répondit en baissant la tête et en soufflant un mot dans une langue inconnue à l'adolescente.

— Ne t'en fais pas, Lyuri. Térya, si elle est capable de faire son travail correctement, va te dorloter. C'est l'une de mes plus anciennes servantes ! Je devrais peut-être penser à me débarrasser d'elle d'ailleurs...

— Evrett, je ne comprends pas...

— Elle va te débarrasser de ces guenilles et te donner des vêtements bien plus jolis, tu dois faire bonne impression. Tu seras lavée, peignée, coiffée, habillée, tu n'auras rien besoin de faire.

— Evrett...

— Tu seras la reine de la journée ! Tu n'imagines même pas l'argent que j'ai dépensé pour réussir à t'avoir. Quoique, ce vieux fou n'a pas attendu très longtemps avant de fixer ses prix. Une poignée de rien du tout !

— La reine de quoi ? Où est Lüka ?

— La reine des imbéciles ! s'écria-t-il en s'énervant.

Il s'approcha d'elle et lui tourna tout autour en la regardant de haut en bas.

— Couverte de dorures, dans une belle robe, tu seras magnifique ! Personne ne pourra te résister ! Tu crois vraiment que c'est toi qui m'intéresse ? Mon plan a commencé il y a des jours et des jours déjà. Tu n'es qu'un pion parmi tant d'autres qui me mèneront à la réussite.

Le regard de Lyuri s'était durci, méfiant, et son cœur saignait.

— Kaliora m'attend ! s'exclama-t-il euphorique. J'ai réussi à me délivrer de ces médiocres pirates, et s'ils s'en viennent, mon armée les attend de pied ferme. Je tiens le grand chef de leur organisation entre mes griffes. J'ai d'autant plus de chance que tu portes à chaque instant mon petit cadeau, dit-il en effleurant le pendentif qu'il lui avait confié. C'est grâce à toi que ton ami va se jeter dans mes bras. Il est capable de faire des plans improbables pour s'échapper de n'importe quelle situation, très bien. Mais avec toi, il ne va pas pouvoir résister et va se jeter droit dans mon piège pour ainsi m'offrir les richesses de l'Univers...

Evrett se déplaça en direction de la porte.

— Térya ! hurla-t-il.

La vielle femme passa un bras autour de la taille de Lyuri et la guida vers la sortie de la chambre sans un mot.

— Tu n'es qu'un monstre, murmura Lyuri en arrivant au niveau du tirant.

— Qu'importe, l'Univers est de mon côté, répondit-il en faisant voler sa cape vers l'arrière pour quitter la pièce. »

Kaliora, la planète aux trésors T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant