Kaliora, la planète aux trésors T.1

Chapitre 6

     La lumière éblouissante de l'astre appelé Témé s'agrippait à leur peau et colorait les cheveux de Lyuri de reflets dorés. La chaleur rendait leur marche éprouvante. Pourtant ils n'avaient pas encore quitté le village où se trouvait la station dans laquelle ils avaient atterri, quelques minutes plus tôt.

     Le village était calme et très coloré. Chaque maison avait le toit d'une nuance de rouge, frôlant tantôt le rose, tantôt l'orange. Les murs étaient souvent beiges, parfois de la même couleur que le toit, mais tous étaient recouverts de plantes grimpantes en fleurs.

     Quelques petits animaux cavalaient dans les rues, joueurs, et certains en profitaient pour suivre Lyuri et Lüka dans leur marche. Leurs chaussures furent rapidement couvertes d'une poussière beigeâtre qu'ils décollaient du sol battu en piétinant.

     Lüka marchait vite et au-devant. Il n'était pas chargé d'un sac de plusieurs kilos sur le dos. Lyuri en profita pour l'examiner. Malgré la chaleur, il gardait son long manteau couvert de poussière et ne semblait pas en souffrir. Ses bottes, faites dans un genre de cuir marron, étaient ridées sur l'avant et l'arrière du pied, sans doute à cause de longues marches quotidiennes. Son pantalon était blanc lui aussi, tâché de terre, de poussière, d'une substance bleutée et sans doute aussi par un peu de sang. Quant à ses cheveux, ils étaient plus noirs que la nuit. Sa silhouette fine avait les épaules droites et une fière allure. Lüka semblait sortir tout droit d'un de ces livres d'histoire médiévale fantastique dont Lyuri raffolaient lorsqu'elle était enfant.

     Lyuri remonta les manches de son pull, la chaleur devenait insupportable.

     Ils quittèrent le petit village coloré et atterrirent directement dans la nature. Toujours sur le sentier de terre battue, ils étaient à présent seuls au milieu de nulle part. Pas une habitation, pas un commerce, pas une personne. Seules les plantes en tout genre leur tenaient compagnie.

     Lyuri s'émerveillait devant les fleurs qu'elle n'avait pas pu voir depuis très longtemps, coincée dans sa Bulle-ville. Elle respirait l'air frais sans pollution et sans traces de l'Homme. De minuscules animaux aux ailes colorés volaient de fleur en fleur, passant des bosquets aux arbres par-ci, par-là.

     Au loin s'étendait à perte de vue une immense forêt, celle où Lüka voulait aller avant de se rendre à la capitale, comme il lui avait expliqué.

     Il s'arrêta en plein milieu du chemin et demanda à Lyuri, qui était déjà épuisée, de lui donner son sac. Il n'en pouvait plus de ne pas avancer et ils ne pouvaient pas se permettre de faire une pause. Ils avaient déjà assez passé de temps assis dans le vaisseau et ils avaient impérativement besoin d'un abri pour la nuit. Le froid tombait d'un coup et la neige était souvent de compagnie.

     A mesure qu'ils avançaient vers la forêt, la vie reprenait. Oiseaux, insectes et bestioles en tout genre courraient et virevoltaient dans l'herbe et les broussailles qui entouraient le sentier.

     Les bosquets s'intensifiaient et les grands arbres de la forêt furent bientôt la seule chose qui entouraient Lüka et Lyuri. La jeune fille admirait les yeux pleins d'étoiles les grandes feuilles sortant directement du sol pour venir se percher plus haut que les arbres.

     Les arbres étaient hauts, feuillus, vivants. Ils rappelaient à Lyuri sa Bulle-campagne qui lui manquait. En ville, les arbres étaient en plastique ou en ferrailles, et la seule véritable verdure était incrustée dans des buildings à l'architecture douteuse, ou encore un peu de pelouse dispersée ici et là au détour d'un café ou d'un restaurant.

     Le chemin risquait d'être long. N'ayant pas de carte, de GPS, ni de vision aérienne de la forêt, Lüka avançait à l'aveugle. Son seul point de repère : il avait installé son camp près d'une rivière. S'ils la trouvaient, il ne leur restait plus qu'à la longer en suivant le sens de la pente et ils y arriveraient sûrement.