Chapitre 1

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Allongée, je ne sais où, ni depuis combien de temps, je sens qu'on me touche.

Incapable de bouger tellement j'ai l'impression que chacun de mes muscles est lourd, je tressaille à chaque fois que des mains tièdes parcourent mon corps.

Incapable d'identifier à qui elles appartiennent et ignorante de l'intention de la personne, je me mets légèrement à trembler.

Seul quelques gémissements de mécontentement sortent de ma bouche tellement ma salive est pâteuse et mes lèvres gonflées.

Et au moment où on m'enfonce un métal froid dans le creux du coude, je lâche un cri de détresse.
La douleur est insupportable. Ça me brûle dans tout le bras.

_Calmez-vous Señorita. Je suis le médecin qui a la charge de s'occuper de vous, c'est juste une piqûre.

Une voix douce pourtant autoritaire me rassure même si je ne suis pas confiante de ce que ce médecin est entrain de faire.

C'est très difficilement que j'essaye d'ouvrir les yeux. Mais là encore c'est un échec : mes paupières sont tellement lourdes que la seule vision qui s'offre à moi, ce sont des taches blanches.
Une multitude de taches blanches.
Et c'est inconsciemment, la piqure terminée, que je replonge dans le sommeil.

_Laisse-moi jouer avec toi.
_Non, je vous en prie, ne me prenez pas.
_Qu'est-ce que vous voulez ?
_Juste goûter à tes lèvres...
C'est trop tard Isabella...
Bon Dieu, j'ai perdu mon père.
C'est trop tard Isa, trop tard, trop tard...

Je me réveille une fois de plus en sursaut, tremblante de fièvre. Mes cauchemars me hantent constamment.

Mon esprit est confus, c'est comme s'il me faisait perdre la tête de lui-même. Là-haut, tout tourne tellement, que je suis obligée de me lever pour aller vomir mes tripes je ne sais combien de fois par jour et par nuit.

J'ai complètement perdue la notion du temps. C'est machinalement que je quitte mon lit pour rejoindre la salle des bains où je régurgite la totalité de mes repas. Bien que ceux-ci se résument à pas grand-chose comme je me sens incapable d'avaler quoi que ce soit.

Le seul chemin que je connaisse c'est celui qui sépare ma chambre de ma salle d'eau.

Me lever est un calvaire, mes jambes me portent presque plus tellement je suis affaiblie. J'ai appris à faire le chemin les yeux fermés pour éviter de tomber tellement je suis prise de vertiges une fois debout.

Je passe mon entièreté de mon temps à vomir et à dormir. Enfin, c'est un grand mot : des milliers de souvenirs se percutent dans ma tête créant des cauchemars sans fin qui me laisse à l'insomnie.

Je n'ai conscience de rien, pas même de la pièce, de l'atmosphère. Je ne serais dire où nous nous trouvons.

La seule chose que je retiens, c'est que le docteur vient me piquer trois fois par jour d'une substance qui met mon corps en éveil.

Après chaque piqûre, la sensation de brûlure qui se répand dans chacune de mes veines est telle qu'il faut bien une bonne heure - durant laquelle je sanglote sans cesse sous le coup de la souffrance, prise de violents maux de tête - pour que la douleur s'estompe enfin et que je replonge dans mes mauvais rêves.

Je ne sais depuis combien de temps je fais face à tout ça mais c'est long, beaucoup trop long. Chaque jour j'espère que le médecin ne viendra pas mais il est bien au rendez-vous pour m'injecter de force ce qui me fait tant de mal.

Incapable de riposter étant devenue trop faible, j'ai décidé de me laisser faire. Alors j'attends pendant des heures où je suis confrontée à moi-même que la douleur passe mais plus ça va, plus c'est pire.

Je continue à régurgiter d'une bile verdâtre ce que l'on me donne pour me sustenter.

Mes cauchemars sont de plus en plus fréquents et de plus en plus violents, bien qu'ils m'enlèvent le repos dont j'ai tant besoin.

Étant Incapable d'ouvrir les yeux, je passe mes journées dans mon lit à lutter contre mon propre calvaire. Contre cet amas de souvenirs qui se percute brutalement dans mon esprit provoquant d'importants maux de tête.

J'ai arrêté d'espérer, de croire qu'un jour on arrêterait de me mal mener ... mais rien. Chaque jour se ressemble et ils sont de plus en plus difficiles à affronter.

Parfois des chants d'oiseaux me parviennent, alors j'ai appris à m'y accrocher pour oublier.

Le plus durs dans tout ça c'est que personne ne me dit rien. Je suis perdue. Ignorante de l'endroit où je me trouve. Ignorante de pourquoi on me fait toutes ces piqûres.

J'ai tenté à maintes reprises de poser des questions mais personne ne me répond.

Jusqu'au jour où Hernando qui se tient parfois à mon chevet se décide enfin :

_Hernando, je souffle complètement perdue dans les vapes de mon affreux sommeil. Où sommes-nous et où allons-nous ?

Alors que celui qui me tenait la main - sans que j'en ai pleinement conscience - approche sa bouche de mon oreille, dit :

_On est en route pour l'Espagne Isabella. On arrive dans une semaine.

On arrive dans une semaine.
Cette phrase me fait l'effet d'un coup de poing dans le cœur. Dans une semaine je suis à la cour d'Espagne. C'est impensable.

Dans cet état ? Ça fait combien de jours que je suis cloitrée au lit ? Me levant seulement pour me vider ?
Ne préférant pas y penser, je poursuis mon questionnement :

_On est sur un bateau ? Depuis combien de temps ? Combien de temps suis-je restée inconsciente depuis l'explosion qui a mis le camp à sac ?

_Tu es restée quatre jours, inconsciente : tes blessures étaient trop graves. Cela fait maintenant presque un mois et demi que nous sommes partis. Tu n'as rien vu du voyage, tu m'as fait une de ces peurs !

Et alors que je pensais que le jeune homme avait fini son sinistre discours d'un ton grave, il continu :

_Je vais demander au médecin d'arrêter ton traitement.

A ces mots, mon cœur rate un battement, c'est inespéré. Quel soulagement se serait. J'ai l'impression que la mort va venir me chercher tellement je suis faible.

Curieuse, je poursuis la discussion malgré tout :
_Et pour ce qui est de la pyramide ? Qu'est-elle devenue ? Vous avez eu le temps de voir qui l'avait récupérée ?

Hernando me répond désolé :
_Non, malheureusement Isabella, on n'en sait rien. Tu devrais te reposer maintenant.

_Hernando, je re-souffle alors que celui-ci est entrain de partir. Vous voulez-bien rester encore un peu ?

C'est surprise, que le jeune homme vient prendre place à mes côtés et alors qu'il commence doucement à me caresser les cheveux, je pose ma tête contre son torse : pour la première fois depuis le début de ce calvaire, je m'endors enfin pleinement, bercée par les battements de son cœur.

NDA :
Voici le premier chapitre de cette saison 2. J'espère que ça vous a plût ! Et on se retrouve très vite pour la suite !

Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or. Saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant