Chapitre 18

133 7 45
                                    

Le lendemain, je me réveille avec les yeux et les lèvres gonflées. 

Encore dans les vapes je tâtonne les draps autour de moi mais je remarque qu'il n'y a personne. Seul un vide froid me parvient. 

Charles a dû se lever, il y a plusieurs heures déjà de cela.

En expirant un long râle de lassitude - quand je prends conscience que c'est aujourd'hui que je reprends ma mission - je me lève mais une vive douleur dans l'entre jambe me stoppe net dans mon élan.

Je me mords la lèvre et ferme les yeux quelques instants le temps que celle-ci s'estompe. Mais c'est toujours avec un picotement désagréable m'envoutant le bas ventre que je sors des draps.

Tout en passant une chemise de nuit et un peignoir sur moi, je risque un regard dans le miroir.
J'ai une mine affreuse.

Des petites cernes violettes perlent au-dessous de mes yeux du fait de d'avoir passé une nuit trop courte. Mon teint est terne et mon regard paraît complétement éteint.

Je suis allée trop loin pensais-je.

Ne pouvant me regarder plus longtemps, je prends congé de mon reflet et sors des appartements de Charles.

Je m'aperçois que les couloirs sont vides. Les convives dorment surement encore à la suite du bal de la veille. Etant en peignoir j'accélère le pas pour rejoindre ma suite quand :

_Ho ! Regardez les filles, ne serait-ce pas notre très chère Isabella ?

Je reconnus la voix aiguë de Stella.
Sa présence me fait savoir qu'elle n'a pas dû se coucher avec Hernando ...

Bon Dieu. C'est bien ma veine ...

Entendant cela je me raidis et me retourne violemment : les favorites du roi sont toutes là. 

Quatre en tout, en chemise de nuit également, elles avaient à peu près mon âge sauf la plus jeune qui avait dix-neuf ans.

_En peignoir dans les couloirs ! Ce n'est pas dans vos habitudes très chère ! Elle lâche un rire rauque. Et je n'imagine même pas ce que vous portez en dessous ... Me dit-elle sur un ton sarcastique, ses yeux bleu azur brillant ... de jalousie ...

Je la regarde avec un regard incompris que je change en regard noir fulminant dans la seconde. Je n'ai pas le temps de répliquer, qu'elle continue toujours sur son ton sensuellement démoniaque.

_Ho mais je sais ! Vous venez de la chambre de Charles, c'est ça ? D'un geste vif, à l'aide de ses deux mains, elle fait voler sa longue chevelure blonde qui revient se poser nonchalamment derrière ses épaules.

N'ayant pas besoin de répondre à sa question rhétorique, je baisse la tête et sens mes joues me brûler dans la seconde.

_Mais non ? Vous avez accepté son invitation ?

Toutes parlent sur un ton enjouer, elles prennent grand plaisir à se moquer de moi et me tourner autour.

Je ne cherche pas à me débattre ou à m'enfuir, ce serait lâche. Alors avec courage j'endure leurs propos révulsant.

_Isabella couchant avec l'empereur ! ça va faire un sacré scoop à la cour et dans le royaume ! 

Celle qui venait dire cela en rigolant était tout l'inverse de moi. Que ce soit dans son physique ou dans son comportement. Assez petite, rousse, elle aimait particulièrement s'enivrer que ce soit lors des banquets ou des bals. Elles pouvaient finir dans la couche de n'importe quels monarques du tant qu'elle pouvait y trouver du plaisir. Vous l'aurez deviné, c'est Alicia.

_Je vous demande pardon ? Lui demandais-je étonnée en relevant la tête.

Avec un pervers sourire en coin, elle me fait savoir.
_Voyons Isabella ! N'êtes-vous pas assez perspicace, pour savoir que le roi ...

Une autre s'approche de moi et me souffle dans l'oreille :
_Est amoureux de vous ...

D'emblée j'écarquille les sourcils de stupéfaction. Je suis perdue...jamais je n'aurais pensé que ... enfin ...

_Non ! C'est impossible ! Répliquais-je avec conviction en fermant les poings. Mes ongles s'enfonçant dans mes paumes à m'en faire mal.

_Alors comment expliquez-vous que pour le bal, il est fait de vous sa cavalière ? Renchérit Stella toujours avec cette lueur de dégout et de jalousie dans les yeux.

_Ho, oui ! Vous étiez tellement mignons ! Dis la plus jeune, rêveuse, ses mains jointes sous son menton, les yeux pétillants de rêves.

La blonde répliqua :
_Ho Marta. Par pitié, tais-toi !

Je me sens de plus en plus gênée. Je n'aime pas être le centre des conversations.

Une autre reprend la discussion après cette insulte gratuite :
_Bien sûr que si qu'il déborde d'admiration pour vous ! Pourquoi croyez-vous qu'il vous ai gardée si longtemps auprès de lui ? ... Et cette nuit était l'occasion rêvée !

Alicia, la favorite à la chevelure de feu en rajoute une couche :
_Vous savez que le roi ne cherche qu'à flirter avec nous ! Jamais l'une d'entre nous n'est entrée dans la chambre de ses appartements ... n'a passé une nuit entière, seule, avec lui pour ... 

Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle s'était davantage approchée de moi afin de m'expirer toutes ses paroles dans le cou.

_Mais je suis étonnée que vous avez accepter de lui ouvrir vos cuisses ... finit-elle par dire dans un rire qui n'a rien de joyeux.

_Surveillez votre langage lui crachais-je.

A brûle pourpoint, Stella devance son amie pour la défendre. Se postant devant moi, la rage inondant son être, elle clame :

_Vous refusez de voir la vérité en face Isabella ? Il faut pourtant bien vous faire une raison à cette nuit ... même une vierge comme vous n'a pas sût résister à son coup de queue ...

Je suis soudain prise d'une envie de vomir face à la répugnance de leurs langages mais Alicia continue.

_Qu'il n'a d'ailleurs donné qu'à vous ...

Elle dit vrai...notre souverain restait particulièrement chaste.

Stella crache par terre.

_D'autant plus que vous partez aujourd'hui pour continuer votre mission ! Alors, raison de plus ! C'est l'écervelée de blondasse qui repris la parole tout en y joignait ses gestes : elle me fit un clin d'œil exagéré. Très exagéré.

_Comment le savez-vous ? Mes missions sont censées rester secrètes !

C'est d'ailleurs Stella qui me répondis :
_Ne vivez donc vous pas à la cour depuis assez longtemps pour savoir qu'ici tout se sait Isa ? 

Elle planta son index dans ma peau au niveau de mon thorax tout en me dévisageant espièglement.

Je sers les poings, reste concentrée. J'évite de montrer que la colère enfle en moi. De plus, elle s'est permise de m'appeler par mon surnom dans le seul but de me faire perdre mes moyens et de m'humilier par la même occasion.

_Tu parles d'une espionne ! Dis Marta sur un ton sadique.

Une allait prendre la parole mais je la coupais :
_C'est bon ! J'en ai assez entendu ! Maintenant veuillez me laisser tranquille !

Je voyais qu'elles voulaient continuer à me taquiner mais le ton que j'avais employé leur fit comprendre qu'il valait mieux pour elles ne rien ajouter.

Ce n'est pas ce que fit Stella. Prenant sa chemise de nuit, elle se courba et me fit la révérence. _Mais à vos ordres Votre Majesté ! 

Le ton qu'avait employé la blondasse se voulait maléfique.
Puis elle partit en rigolant diaboliquement.

Une fois qu'elles furent toutes parties, je me mis à courir en oubliant la douleur qui me tiraillait le vagin, dans la direction opposée. Ne pouvant plus contenir les larmes qui commençaient à couler.


Fanfiction Les Mystérieuses cités d'or. Saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant