Chapitre 19

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Une fulgurante douleur à la tête me reveilla en sursaut et malgré moi, je ne pus m'empêcher de hurler. Des tambours tapaient sauvagement contre ma tempe, des acouphènes me tuaient les oreilles.

Je n'avais jamais eu aussi mal de ma vie et une question s'imposa alors à moi : était ce la fin ? Je continuai de hurler, ne m'entendant même plus, tellement les sifflements étaient puissant. Ma tête chauffait. Mes membres se contractèrent et je ne voyais rien. Tout était flou. Mes mouvements ne se contrôlaient plus...je faisais des gestes à droite à gauche. J'alternai chaleur et fraîcheur.

Me sentant impuissante fasse à cette situation, je me lachai. Je sentis des larmes perler aux coin de mes yeux et continuer leur course sur mes joues à présent humides. Je voulais que tout ça s'arrête : ma douleur, mes cris, le bruit, les gestes involontaires qui me secouaient. Quand quelqu'un m'entendrait il ? Quand est ce que quelqu'un se déciderait à venir me chercher.

La seule autre personne dans cet appartement était Maël. Mais tout cela lui passait au dessus de la tête. Sûrement qu'il se fichait de moi et qu'il gromelait en se demandant quand ces cris s'arrêterait.

Je n'avais moi même pas la réponse mais peut être que je mourrai et alors, il serait heureux. Il m'avait dit hier qu'il me haïssait, quand il me verrait là, au milieu de mes larmes, inerte, il se souhaiterait un joyeux Noël. Il avait menti, comme toujours, en me disant qu'il n'etait pas indifférent. J'en était certaine, maintenant. Maintenant qu'il me laissait crever. Il aurait ce qu'il avait voulu dès le premier jour. Me voir souffrir. Je le détestait.

La peur, la déception, la tristesse, le désespoir, la colère se mélangeaient dans ma tête, et cela ne fit qu'augmenter mon mal être. Vivement la fin. Vivement que mon coeur lâche, abandonnant tout espoir de me sauver, de se sauver lui même. Vivement que la dernière larme coule, que mon dernier souffle sorte, que mon dernier geste impuissant se fasse.

Je voulus allumer la lumière mais je n'étais pas aux commandes. Dans ma folie, je ne vis pas la silhouette familière  s'approcher de moi. Je voyais flou. Je n'apercevai qu'une ombre difforme dépourvue de contour. Mais je savais qui c'était. Mael. Sûrement pour me dire de me taire.

Sous l'emprise de la colère je réussi à reprendre possession de mes bras. Je me bouchai les oreilles, écrasant mon crâne, sachant pertinemment que cela ne servait a rien. Le bruit était à l'intérieur et la douleur persistai. Je secouai la tête de droite à gauche, essayant de trouver une solution pour que tout ça s'arrête.

Ma vue se fit plus nette et je réussi à voir Mael plus précisément. Il n'avait pas du tout l'air agacé. Plutôt un air d'incompréhension, d'une terrible inquiétude mêlée à une sensation d'incompétence. Il me parlait, mais je n'entendais rien. Juste ce satané sifflement. Cependant,  j'étais consciente qu'il essayait de savoir ce qui n'allait pas et de me calmer.

Soudain un éclair de détermination éclaira son visage et il me porta. Sous la surprise, j'arrêtais un instant mes gémissement mais une nouvelle vague de douleur me submergea et un nouveau cri me déchira. J'avais l'impression que ma poitrine allait exploser, ainsi que ma tête. Je voyais maintenant beaucoup mieux et vis que Mael se dirigeait vers sa voiture.

Il a son permis ? Bien sûr que oui, idiote et puis on s'en fout, pour le moment le seul truc qui importe c'est de rester vivante !

Étrangement, je lui faisais confiance et une sensation de bien être me traversa. Je me sentais en sécurité. Peu importe qu'il m'emmène dans une église plutôt que dans un hôpital, tant qu'il était là. Je me sentis nauséeuse à l'idée de mourir devant lui. Je n'en pouvais plus, de ces sentiments contraires.

La chaleur s'insufflait dans mon crâne, tel de la lave brulante, mon cœur battait partout. J'aurais été incapable de réfléchir si je l'avais voulu. Je serai incapable de rester vivante si j'étais certaine de mourir. Le souffle le court, j'essayai d'articuler quelque chose mais mes larmes redoublerent et les cris ne cessaient pas.

Les vibrations de la vitesse de sa voiture de course me secoua et me fit encore plus mal. J'essayai à nouveau d'articuler quelque chose mais ce n'était pas facile quand on ne s'entendait pas sois même. C'est ce que devait ressentir les sourds à longueur de temps. L'incompétence de communiquer et l'impuissance de leurs actes. Je me tournai vers Mael, qui...pleurait ?!

Cela m'étonna au plus haut point. Je ne l'avais jamais vu montrer ne serait ce qu'un signe de faiblesse. J'avais toujours su qu'il y avait quelque chose d'autre que ce qu'il voulait à tout pris montrer de lui : Un mec détestable, dépourvu du moindre sentiment.  J'avais fini par rentrer dans son piège, finement inventé. Il pleurait sans bruit. Ironie du sort, je n'entendais pas s'il en faisait mais je savais qu'il se retenait de fondre en larme devant moi. Il pleurait donc pour moi ?

Était ce en fait, un dépressif qui pleurait tout seul dans son lit le soir, quand personne n'avait le regard braqué sur lui ? Toutes mes questions me brouillaient le cerveau et je voulais avoir des réponses. Je ne savais pas pourquoi, mais savoir tout ça me faisait de la peine pour lui et je me remis à pleurer mais cette fois...pour lui. Je voulais l'aider. Je voulais qu'il se sente heureux. Je voulais qu'il arrête d'afficher ce putain de sourire narquois, constant et forcé. Je voudrais qu'il en fasse un vrai. Un signe de joie, mais il en avait été dépourvu depuis longtemps, ça je le savais, enfin, plutôt je le sentais. Qu'il se libére devant moi me fit chaud au cœur.

-Ne...sois p-pas triste...réussi je enfin à dire

Il tourna sa tête baignée de larme vers moi et je m'efforcai de lui faire un petit sourire d'encouragement. Cela ressemblait plus à une grimace. Étrangement, il se reprit soudainement.

-Arrête de faire comme ci tu allais bien ! Me cria t il

Oula. J'aurai jamais du user ma salive pour si peu. J'aurais du m'en douter. Déçue, je baissai la tête et recommencai à pleurer de douleur. Les acouphènes s'étaient calmés mais les courbatures et le mal de tête atroce persistaient.

-P-pardon , je n'aurais jamais dû te parler comme ça. Je suis un con...murmura t il

Je laissai échapper un rire qui le surpris autant qu'il me surpris moi même. Pourquoi je rigolai ?

-Oui, dis je, mais...t'inquiète j'ai l'habitude et puis...

Je ne pus finir ma phrase, une vague de douleur me pris de court, cette fois tellement intense que je m'évanoui...la dernière chose que je vis avant que ma vision ne se floute totalement était le visage terrifié de Mael.

Je veux te connaître...me dis je avant de sombrer.

Colocation écourtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant