Chapitre 3 : rentrée

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D'accord, j'agissais comme un gros connard...comme beaucoup de fois...mais quand je l'avais vue, me regarder comme toutes les autres, ayant presque peur de me parler, j'avais pété les plombs. Elle n'avait pas l'air méchante, bien au contraire et je devais bien avouer qu'elle n'avait rien de laid mais...elle était banale, comme toutes mes groupies dragueuses qui passaient à côté de moi en riant fort et en secouant leur cheveux. Enfin, je le croyais, jusqu'à ce qu'elle ose me parler durement. La je m'étais longuement remis en question, pour le peu que cela m'arrivait, et je m'étais dit que je me trompais sur toute la ligne. Certe, elle avait l'air d'une gamine, dans sa manière d'être, trop timide pour parler à un inconnu mais elle avait aussi le cran de me contredir.

Elle me détestait sûrement, moi même je me détestais. J'étais comme ça depuis...l'accident. L'accident qui m'avait poussé à broiller du noir pendant des années, qui m'avait poussé dans un puits sans fond. Je m'était dégradé petit à petit, noyant mon chagrin dans l'alcool, les choses illégales, les fêtes, la drogue le tabac et les coups d'un soir. Bon nombre de fois j'avais tenté de me résonner mais que faire contre soi même. Le plus grand danger et d'affronter son vrai visage. Je ne m'attachais plus. Le choc de la perte était trop rude. C'était  ce jour là, le jour de l'écroulement de mon monde, que je m'était promis cette chose. N'allez pas croire que j'allais donc décider de jouer le garçon mignon, attentif aux attentes de ma colocataire. Non j'allais continuer d'être un connard. Mais un connard qui la laisserait sortir de sa chambre. C'était ma mère qui avait insisté pour que j'ai un colocataire. Elle s'inquiétait pour moi et se disait sûrement  qu'avoir quelqu'un collé au Basque h24 m'addousirait un tant soit peu. Voyant que je ne pourrai lutter contre ses supplications-je ne pouvais rien lui refuser car c'etait la seule personne que j'aimais vraiment, et j'avais fait encore plus attention à elle depuis le jour, nous obligeant à nous serrer les coudes, se soutenant mutuellement- j'avais accepté. J'avais espéré que ce soit un mec avec qui j'aurai pu me lier d'amitié mais quand je l'avais vu, elle, sur le bas de la porte, baissant la tête et béguaillant, je m'étais tout de suite dit que ce ne serait pas du tout pareil.

Le lendemain de la fête, je me reveillai, mal de tête, nausée et vision floutée, dans le canapé. Je ne me souvenais pas vraiment des événements de l'a veille, comme souvent. Je préférais que ce soit comme ça...oublier pour ne pas que ma vie triste ne me rappelle qu'elle était toujours presente.
Malheureusement, ma mémoire n'était pas de cette avis et préférais oublier les moments de pure folie et de bourrage de gueule plutôt que mon passé plus lointain.

Je me souvenais juste que je n'avais même pas eu la force de me coucher dans mon lit. Mes trois meilleurs amis étaient restés. Sans eux je crois que je n'étais rien. Juste un pauvre mec qui n'avait aucun projet d'avenir, espérant vivement que l'heure de son dernier souffle approche. Sans eux, je sombrerai sûrement totalement dans la dépression. C'était avec eux que j'affichai de vrais sourires, de vrais rires...ils connaissaient mon histoire. Heureusement qu'ils étaient là pour me partager leur bonne humeur. On faisait les quatre cent coups ensemble, on se connaissait depuis la seconde, sans jamais que notre amitié faiblisse.Je laissai échapper un petit rire. Ils étaient tout trois, éparpillés sur le sol, endormi profondément. Maxime avait renversé de la sauce piquante sur sa chemise et on l'avait vu redescendre, une heure après, sans elle. Il nous avait expliqué son périple des taches qui n'arrivaient pas à partir jusqu'au moment où il avait décidé de l'enlever. Tout le monde s'en foutait mais’on faisait mine de s'y intéresser car il avait un sourire constamment plaqué sur le visage en racontant tout ça, sûrement sous le coup de l'alcool.

Je me levai mais me rattrapai à l'accoudoir. La tête me tournai, j'avais vraiment mal au ventre mais je n'arrivais pas à vomir. Mes yeux, voyant flou, ne s'habituerent pas à la lumière et je fus obligé de les fermer. J'entendis des pas et me retournai vers la source de ce bruit. Même si je ne voyais presque rien, je distinguait une silhouette féminine et me rappelai que j'avais une colocataire désormais. Elle etouffa un rire.

Colocation écourtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant