Chapitre 26

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Allongée sur mon lit, je m'ennuie. Terriblement. J'ai fini tous mes devoirs, relu mes notes, réfléchi plus de deux cents fois à mon cancer, essayé de répondre à toutes les questions à propos de Mael.

J'avais peur, j'étais triste, et j'essayais de me persuader du contraire, éloignant les autres de l'idée qu'avoir un cancer me terrorisait. J'y pensais le moins possible, enfin, je tentais, parce que ce n'était pas gagné. Mais en tout cas, je voulais à tous prix protéger les autres de mon mal-être. Je n'avais pas envie qu'ils se sentent mal pour moi ou qu'il se sentent obligés de s'excuser comme ci c'etait leur faute.

Je n'avais envie d'aucun appel comme ça, parce de que ça me rappellait justement, que, la fille à qui l'on s'excusait à la place de la maladie, c'etait moi. Je ne savais plus où j'en étais, j'avais l'impression de ne rien contrôler, de regarder ma vie à travers un écran, comme si souvent. Je ne pouvais faire un choix ou un mouvement sans qu'il soit possiblement dangereux...

La colère se mêlait à toute cette mutation de sentiments contradictoires. Frustration, culpabilité, chagrin, peur, tout ça empirait ma vie, la transformait. Rien n'était plus pareil.

Des médicaments matin, midi, et soir, éviter les contacts avec l'eau - par là, le médecin voulait dire pas de baignade, soit dit en passant, une activité que j'adorais-, des visites à l'hôpital régulièrement pour vérifier que rien ne s'était aggravé, pas d'activité sportive violente.

Le médecin me déconseillait les sports de ballons mais à vrai dire, je n'en avais rien dit à mon professeur de sport. Mes réflexes déraillaient, des sifflements atrocement stridents venaient se pointer la nuit, des variations de température me fatiguaient. Vomissements, troubles de vues, pertes d'appétit, migraines, tout ça était mon quotidien...Mais le pire était à suivre.

C'était comme ci j'étais ailé, dans le ciel et que l'atmosphère rongeait chaque jour un peu plus mes ailes protectrices et vitales. J'allais tomber, un jour. Et la chute serait fatale. J'avais peur. Terriblement peur de ce jour. Quelle aurait été ma vie si j'avais pu me sauver ? Ça je ne le saurais que ci je restais entre les vivants, mais l'espoir me manquait. Des fois, à contrario, il m'etouffait, mon cœur suffoquait et je finissais par me dire que la mort gagnait toujours.

On ne peut pas vivre avec des "et si...", à choisir, je préfère être surprise si l'on m'annonce qu'une opération est possible que de tomber de haut à l'annonce de ma mort prochaine.

Et si je mourrais ?

C'était la question que je me posais, si souvent. J'aimerais tant savoir ce qu'il se passe après. Secret, mystère, seul les morts peuvent nous le dire. Et je deviendrais peut être une d'entre eux.

Mael s'occupait bien de moi, il était devenu plus gentil, plus protecteur, plus attentionné. Il essayait de me faire rire, de partager. Et il y arrivait, je sombrais dans l'oubli total de ma maladie lorsque j'étais en sa présence.

Pas comme mes parents...ils ne comprenaient pas que j'avais besoin de changer d'air. Ils voulaient que je leur parle de mes sentiments, de mes peurs, que je leur pose des questions. Ils voulaient me rassurer mais ils me mettaient encore plus la tête sous l'eau à chaque questions. J'étais sûre qu'ils pleuraient. Ils s'efforçaient de me faire croire qu'ils étaient fort, fort pour me tenir moi et ma maladie si jamais je devenais faible. Mais la vérité, etait que j'étais seule pour me tenir, car la situation leur échappait, plus qu'à moi.

Des filles etaient venues me voir, soit disant parce que j'avais l'air "sympa" mais j'avais toujours un doute. Elles avaient pitié de moi ? Elles voulaient avoir bonne conscience de se lier d'amitié avec une fille qui va potentiellement mourir ? Et si ça n'arrivait pas, me laisseraient elles tomber ? Elles étaient gentilles, simples et ne me posaient pas trop de questions à ce sujet mais...pourquoi n'etaient elles pas venue avant ?

Colocation écourtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant