Chapitre 5

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Dure journée. C'était ce que je me disait en m'affalant, épuisé et flemmarde, dans le canapé. J'avais tout d'abord su que quand l'espoir ne faisait pas vivre, il s'occupait de nous faire tomber haut, et il s'en amusait. Car c'était bien le Mael que je connaissais, froid et arrogant qui partageait ma classe et par la même occasion, ma table. Karma, j'en était doté depuis mon arrivé et ça ne faisait  qu'empirer de jours en jours. Vivement que j'en sois arrivé au maximum.

J'avais ensuite profité du blabla de rentrée du prof pour piquer un petit somme, ce qui n'était pas de refus. Je n'avais presque pas dormi, mon stresse bougeant autant dans ma tête que moi dans mon lit.

Quand Mael avait décidé de m'embêter en me prenant mon stylo, le levant le plus haut possible, j'avais pété les plombs et au lieu de me calmer et de ne pas me faire remarquer dès le premier jour, j'avais gigoté devant lui, essayant de reprendre ce qui m'appartenait. Voyant qu'il ne voulait pas me le rendre, je lui avait lancé des insultes à tout bout de champs, ainsi que des regards noir. Sans y comprendre grand chose, nous avions ensuite atteris dans le bureau du proviseur qui nous jetait ses postillons dans la figure en criant, essayant de nous faire culpabiliser. Pour ma part, je fis mine d'avoir honte en baissant la tête et en hochant celle ci lentement. Mael, quant à lui, se retenait de rire.

J'avais cru que le repas allait me calmer, comme un nouveau départ, une deuxième chance. Je voulais me rattraper en accostant n'importe qui mais la fille à qui j'avais parlé n'était pas de cette avis. Elle me lança un regard noir, le genre de regard qu'il vaut mieux ne pas regarder trop longtemps, de peur que des éclairs ne remplacent les pupilles et que notre corps soit transformé en cendre. J'avais abandonné, me disant que j'avais écoulé mon nombre de chance possible, et que pour aujourd'hui, j'avais fait bien assez de gaffes. Il n'y avait que des insociable dans cette fac où quoi ? Tous coincé c'est pas possible.

Les cours de l'après-midi avaient défilé à une lenteur impossible à décrire. Ennuie sur ennuie. Quand la sonnerie du dernier cours avait sonné, je m'étais même mise à rigoler, trop heureuse pour laisser les gens me regardant comme si j'étais folle me soutirer ma joie. Peut être que je l'étais d'ailleurs, je n'allais pas le nier.

Pour couronner le tout, arrivé à l'immeuble, j'avais appris que l'ascenseur était en panne et j'avais du monter une bonne centaine de marche.

J'avais bien mérité ce temps de repos sur le canapé, non ?

Je ne savais pas où était Maël, mais tant pis, je décidai de commencer à préparer une salade, ne sachant pas s'il aimait ça et m'en fichant éperdument. "Ça lui fera les pieds" pensai je. Je me pris à espérer qu'il n'aime pas ça, juste pour voir sa tête dégouté. Et oui mon vieux, fallait pas me chercher aujourd'hui. Maintenant, à moi de jouer. A moi de te faire tourner en bourrique.

Le bruit de la porte se refermant en claquant me fit sursauter et mes pensées s'envolerent.

-Ah te voilà ! Tu aimes la salade ? Dis je sur un ton que je voulais désinvolt, imaginant mon démon planant au dessus de ma tête

-Ouais, me répondit il juste

Mes espoirs s'effondrerent. Décidément, il abusait de son pouvoir.

Je dus faire une tête déçue car il me regarda fixement, un éclair d'interrogation dans les yeux. Il entrepit de mettre la table, et s'y installa, attendant que j'ai fini de préparer le repas. Nous mangeames, dans un premier temps dans le silence puis il rigola.

-Qu'est ce que t'as encore ? Demandai je

Je savais très bien mais je préférais jouer l'innocente pour lui faire comprendre que ça ne m'avait pas marqué, et ne m'avait pas épuisé.

-Ta tête quand le prof nous a dit de sortir du cours

Il s'esclaffa une nouvelle fois.

-Haha très drôle

J'accentuais mon ironie en lui tirant la langue comme une gamine.

-Mais monsieur, c'est Mael ! commença t il en m'imitant

Puis il coinca sa fourchette entre sa bouche et son nez pour faire une moustache imaginaire. Je savais très bien ce qui allait suivre, ainsi que les heures qu'il passerait à se moquer de moi.

-Ava ! Tu te fait remarquer dès le premier jour, c'est non discutable, tu vas supporter les postillons du proviseur !

Je le regardai excédé, en marmonnant un "il n'a même pas dit ça ", sachant qu'il n'avait pas fini de se foutre de moi.

Il agita sa tête, faisant dandoliner sa fourchette plein de sauce. Il fit une mine d'arristocrate ce qui eut le don de me faire éclater de rire.

Nous partîmes dans un fou rire des plus total, pendant qu'il continuait à inventer les paroles de notre professeur principal. J'étais en train de boire, profitant d'un moment de calme pour le faire quand il rajouta quelque chose de tout aussi drôle.

Je m'étouffai avec mon eau remplissant’ déjà ma bouche. Je n'arrivai pas à la cracher, ni à l'avaler, juste à rigoler. Mael essaya de m'aider. J'eus l'idée de cracher dans l'évier mais il était trop loin et le temps que je l'atteigne j'aurai déjà renversé la moitié de mon eau sur le sol, tel le petit poucé.

J'eus ensuite l'idée de cracher dans l'assiette. Je n'arrivais pas à arrêter de rigoler, c'était comme nerveux, pendant que Maêl, lui, jonglait entre foutage de gueule et aide.

Finalement, je testai le coup de l'assiette mais je visai à côté et une flaque se forma sur la table

-Aaah mais c'est dégueulasse ! C'est toi qui nettoie, s'exclama Maël, dégouté

Je laissai libre court à mes rires, contagieux, entraînant bientôt Mael dans un nouveau fou rire. C'était une boucle infernal. Je failli tomber de ma chaise, j'avais l'impression d'être bourré.

-C'est de ta faute aussi, dis je, en guise d'excuse en prenant du Sopalin

J'essuyai toute l'eau et me tournai vers Mael, qui avait sa tête dans ses bras, son dos se secouant sous le coup des éclats de rires.

Comme ça, il était vraiment cool comme mec. Pourquoi était il toujours obligé de casser l'ambiance en montrant son côté désagréable ? J'aurai tellement aimé le connaître comme ça depuis le début et j'espérai sincèrement que cela continue jusqu'à la fin. C'était bon signe non, cela voulait donc dire que j'étais sur le bon chemin pour bien m'entendre avec mon colocataire ?

J'avais espéré l'utopie parfaite, on ne me l'avait bien évidemment pas accordé mais finalement, j'avais réussi à avoir un petit morceau de bonheur.

Était il comme ça naturellement mais se bornait’ à vouloir montrer son côté froid ? Me montrait il a présent son vrai visage ? Il m'accordai cela, ça voulait donc dire qu'il me faisait un tant soit peu confiance non ? J'étais perdu...pourquoi je réfléchissais autant ? Pour avoir et comprendre le bonheur, il fallait le prendre pure, pas de réflexion inutile dessus. C'est ce que j'avais fait toute ma vie, pourquoi cela changeait t il d'un coup, quand il s'agissait de Mael ?

Peut être parce que c'était la seule personne que je n'arrivais pas à cerner, pas à comprendre. Peut être que c'était parce que j'avais envie de m'intéresser à lui, qu'il me montre son vrai visage, qu'il se confie à moi. Pourquoi je désirai tout cela ?

Voyant que je le fixait, Mael leva la tête, me regarda d'un air que je n'arrivais pas à déchiffrer, se leva en fronçant les sourcils et s'enferma dans sa chambre.

Bravo Ava, tu as tout gâché. Pour une fois, c'était moi qui avait cassé l'ambiance en me demandant pourquoi lui, le faisait à longueur de journée. Pourquoi était il si loin de la réalité, si loin de moi, sur son petit nuage, inaccessible ? Je voulais vraiment le connaître. Mais ce n'était pas réciproque et lui ne voulait que personne ne vienne fouiller et saccager sa vie et ses habitudes. Tant pis, j'allais lui forcer la main s'il le fallait. Il était malheureux, je le savais et je ferai tout pour essayer de l'aider. Même s'il voulait me prouver qu'il n'en avait pas besoin et qu'il ne m'aimait pas le moins du monde. Je me promis d'essayer de toute mon énergie, pour lui...

Colocation écourtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant