Chapitre 11 : Piscine

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Suite à la demande insistante de Maxime, je me résignai à accompagner les garçons à la piscine municipale. Cela m'agacait, sûrement tout autant que Mael qui ne cacha pas son énervement.

Mais je détestait blesser les gens, ne pas répondre aux attentes des autres. Alors j'avais accepté, et Mael boudais dans son coin. Il me menaça à plusieurs reprises de m'oublier "accidentellement" là bas mais je ne bronchai pas, ne voulant pas épuiser ma salive.

Il s'enervait, voulant me voir renoncer. Je savais que Maxime m'aimait plus que bien, ainsi j'étais assez nerveuse. Seulement, ce n'était pas tout. J'avais l'impression que je trahissai Mael, que je faisais une chose incensé en y allant, cela me gênait d'y aller...pour un autre.

Chose totalement débile, car nous n'étions rien, l'un pour l'autre, même pas des amis. C'était triste, deux êtres incompétent, même pas foutu de s'entendre !

Le samedi, le jour J, je trainai des pieds pour me préparer. Je ne voulais pas y aller, je me demandai si il était trop tard pour renoncer, là tout de suite. Sûrement qu'il n'était jamais trop tard pour Mael mais...il fallait que j'y aille. Si ce n'était pas par envie, il fallait au moins que je le fasse par gentillesse.

-Grouille toi, Ava, je vais pas t'attendre éternellement

Ça je n'en doutais pas, il était tout à fait capable de me laisser à la maison et de rejoindre ses amis.

J'enfournai le reste de mes affaires dans mon sac. Le fermant d'un coup sec, je rejoigni Mael, ne cachant pas mon air fatigué.

Il souffla et parti. Il fallut que je cours après lui pour être à sa hauteur.

C'est à peine s'il me laissa le temps d'entrer dans sa voiture. Je ’n'avais pas encore fermé ma portière qu'il démarra en trombe.

Pourquoi était il autant énervé ? Pour éviter une dispute, j'oubliai tout de suite les sujets de discussion qui me trottait dans la tête et me promis que j'allais m'éloigner d'eux, que j'allais rester à part, c'était mieux pour tout le monde.

Arrivés à la piscine, je baissai la tête et marchai derrière Mael, comme si c'était ma protection contre la gêne.

Pourtant, pas vraiment efficace...dès que je relevai la tête, et que je croisai le regard de Maxime sur moi, voulant que je le regarde, je ne pus m'empêcher de rougir. De honte. Honte d'avoir accepté de venir. Honte qu'il ose faire ça devant tout le monde. Honte de me monter le bourrichon pour un simple regard. Puis je sentis le regard froid de Mael qui voulait que je passe par la porte qu'il avait ouverte. Ho, sa part gentleman m'avait échappé. Je sentis qu'il ne fallait pas que je l'énerve. Il était impatient d'en finir avec moi. Il voulait que je le laisse en paix avec ses amis. Et bien, ça ne dépendait pas de moi.

Habillée, je m'approchai de la piscine. Je n'avais aucune envie de me changer, aucune envie de nager, de parler, de m'amuser. Je voulais être à la maison, tranquille. A défaut de cela, je m'assis sur le muret en carrelage blanc, où les gens avaient posé leur affaires avant d'aller faire des longueurs.

Je regardai le vide infini, ne sachant que faire, n'osant pas me décaler à gauche, à droite, me lever, ou marcher jusqu'à la piscine. Je me sentai comme une intruse qu'il ne fallait pas trouver, qui ne devait pas être là.

Je vis les garçons s'avancer eux aussi vers la piscine une fois changés et sauter dans l'eau. Je souris. J'étais partagé par l'envie et l'empêchement face à la honte qui me hantait et la future colère de Mael. Ils rigolerent, ne se rendant même plus compte de ma présence et c'était mieux comme ça.

La fraîcheur des petits carreaux sur lesquelles j'etaient assise m'empecha de sombrer dans le someil total. J'étais une de ces personnes qui pouvaient s'endormir n'importe où, n'importe quand, mais une fois dans un lit douillet, se retournait encore et encore.

Mael repris connaissance de ma présence, et s'approcha du rebord, sûrement dans l'intention de me parler. Il mit ses coudes sur le sol et sourit.

-Tu viens pas ?

-Bah je sais pas, je suis censée me préparer à une dispute ?

-Nan t'inquiète. Allez viens !

J'hésitais mais finis par me lever. Mes cuisses nues se décollèrent difficilement et l'irritation de ma peau me brûla un tout petit peu. Mon short était mouillé à cause de l'humidité du carrelage.

Je marchai lentement, ayant l'impression de glisser à chaque pas et mis mes pieds dans l'eau en m'asseyant sur le rebord. Mael continua à me fixer bizarrement en souriant.

À l'affût de chacun de ses mouvements, pour voir si quelque chose était suspect, je me penchai pour effleurer du bout des doigts l'eau. Cela me detendait. Mael avait décidé de gâcher ma tranquillité et m'eclaboussa, mouillant mon tee shirt blanc et mon short. Je mis mes bras devant moi, mais c'était un reflex bête, cela ne me protegea aucunement.

Je rigolai tout de même, ainsi que Mael qui continuai. Puis, il saisis mes chevilles et me tira d'un coup sec. Je finis dans l'eau qui me parut glacée. J'eus un instant étrange , où je ne sus pas ce qui s'était passé, où est ce que j'étais ou avec qui. Où je ne sentait pas l'eau qui m'entourait.

Quand je remontai à la surface, Mael rigolait tellement que j'eus l'impression qu'il allait se noyer. Je ne pouvais pas rester dans l'eau, ni en sortir, vu mon t shirt blanc imbibé. Peut être que je pouvais atteindre ma serviette rapidement avant que quiconque ne me voit.

Je commençai à psychoter, à echafauder un plan astucieux dans ma tête en plein rouage, pendant que les garçons continuaient à rire. Quand il se rendis compte de ma soudaine anxiété, mon colocataire fronça les sourcils. Je savais qu'il avait compris. Il sortit de l'eau aussi rapidement qu'il y était entré et m'invita à faire de même.

J'étais caché par ses épaules carrés. Puis, aussi surprenant qu'était ce geste, il me prit dans ses bras, me compressant contre son torse mouillé. Je savais qu'il faisait cela pour m'aider, pour que personne ne me voit, pourtant, le rouge me monta aux joues. Il marcha à reculons jusqu'à ma serviette et, quand il l'eus atteinte, m'en enveloppa. Je souris.

-Mer...merci...dis je en claquant des dents

-Les gars, on va rentrer, Ava a froid là, annonça t il en me guettant d'un air inquiet

Puis je sentis les yeux pesants de Maxime sur moi. Et quand je les plantai à mon tour,’ j'y lus une accusation. Comme si j'étais à lui, que c'était notre rendez-vous. Me sentant plus en sécurité avec Mael, je le suivis sans un regard en arrière. Il avait été très gentil, il avait raté son après-midi, j'avais gâché du temps mais il n'avait pas l'air de m'en vouloir.

Une fois dans sa voiture, une vague de chaleur réconfortante s'insuffla en moi et j'en profitai. Je fermais les yeux en me concentrant sur ce phénomène agréable.

-Ça va ? Demanda t il

-Ouais ouais, essayai je de me convaincre

La vérité etait que je ne me sentait mal d'avoir tout gâché, et meme physiquement, j'étais épuisé. Un mal de tête me guettait, j'avais chaud mais je tremblais de tout mon corps, si vigoureusement que c'était une secousse me donnant la nausée. Non ça n'allait pas mais ce n'était pas grave.

Colocation écourtéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant