Chapitre 30

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Arthur

Une heure plus tôt :

Je m'allume une clope en observant le ciel à travers l'immense baie-vitrée de la salle de réunion. Nous sommes désormais seuls dans le second repaire des Bloody Reapers.

Les paroles de ma patronne me reviennent en mémoire, torturant mon esprit. Pourquoi son discours sonnait-il comme des adieux ? Je ne comprends rien à tout ça... Tout en recrachant la fumée, je coince ma cigarette entre mes lèvres et cours dans les couloirs pour rejoindre le bureau de Freya.

La porte tape brusquement dans le mur, faisant sursauter la brune. Elle fronce les sourcils, attendant la raison de mon excès de rage.

- Dis-moi la vérité, Freya ! Grondé-je. Pourquoi, est-ce que ton petit discours était digne d'un adieu ?

- Faut-il vraiment une raison valable pour dire de belles choses ?

Tel un insecte attiré par la lumière, je m'approche lentement de ma supérieure et soulève cette foutue couverture qui la maintenait au chaud quelques secondes plus tôt.

Du sang. Mon regard se pose sur une énorme quantité de sang, tâchant sa peau hâlée.

- C'est arrivé quand ? Demandé-je, plongeant mes yeux dans les siens.

- Juste avant que tu n'arrives...

- Apprend à mentir ! Je réitère ma question... C'est arrivé quand ?

- Aux aurores.

Fou de rage, j'explose une bouteille de champagne contre le mur. Cette dernière vole en éclat, répandant des morceaux de verre un peu partout.

J'agrippe fermement mes cheveux en tentant de calmer les nerfs qui grimpent en flèche.

- PUTAIN ! Éclaté-je finalement. Tu aurais dû me le dire... Comment est-ce qu'il ferait si tu meures ? Comment est-ce que m...

La fin de cette phrase m'est difficile à prononcer à voix haute. Aucun son ne veut franchir mes lèvres. Pourquoi, est-ce que je n'arrive pas à lui dire ce que je ressens pour elle ?

Ne réfléchissant plus, je passe un bras sous son dos et l'autre sous ses jambes pour la soulever et la porter pour l'emmener dans ma voiture.

- Que voulais-tu me dire dans mon bureau ? Murmure-t-elle en nichant sa tête dans mon cou.

- Ce n'était rien d'important. Réponds-je en la déposant sur le siège passager.

Comment puis-je lui révéler que sa mort me ferait souffrir, au point d'envisager un putain de suicide ?

Au volant, je serre mes doigts autour de celui-ci et m'allume une énième cigarette en ouvrant la fenêtre. Mon regard, lui, passe de la route au compteur de vitesse.

- S'il te plaît, ralentis... Tu vas nous tuer, Arthur.

- Je refuse de te laisser mourir dans ma putain de bagnole, Freya.

- Bon sang, cesse de toujours penser qu'à moi. S'époumone la jeune femme. Ça ne changera rien à ta vie si je crève !

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