Chapitre 28

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Freya

Tout le monde dort au repaire. J'en profite pour quitter la salle de réunion et me rendre discrètement dans mon bureau. La pièce est éclairée par la lueur blanchâtre de la lune qui s'infiltre entre les rideaux. La luminosité est parfaite, je m'installe donc sur mon fauteuil en cuir noir.

Je prends ma tête entre mes mains et tente désespérément de calmer la crise qui est sur le point de pointer le bout de son nez. Ma blessure à l'abdomen s'élance, m'arrachant un faible gémissement de douleur.

Rien ne va ce soir...

La porte s'ouvre, me faisant sursauter. Sans prendre la peine de réfléchir, je pointe mon arme en direction du bruit et retire le cran de sûreté.

- Ce n'est que moi. Murmure Arthur pour me rassurer.

En voyant que je ne baisse pas mon flingue, il s'approche lentement pour ne pas m'effrayer et me désarme sans la moindre difficulté.

- Ça recommence... Parviens-je à prononcer. Elles me hantent, Arthur. J'entends leurs voix dans ma tête. Pourquoi est-ce que je vois tous ces cadavres ?

- Tu es atteinte du trouble dissociatif de l'identité. Me rappelle-t-il. Ce ne sont que des visions que ton subconscient t'envoi. Freya, ce n'est pas toi qui a commis tous ces meurtres. C'est elle et tu le sais... Je suis là. Tout va bien, c'est fini.

L'intéressé se met à genoux devant moi et me prend dans ses bras.

- Elle continuera de prendre le dessus sur moi. Mon alter-ego tuera sans relâche. Comment puis-je être une vraie cheffe de famille si la vraie moi ressent de la peur...?

- Il est tout à fait normal de ressentir de la peur. Cela signifie que tu es humaine. Nous avons tous nos craintes. Ça ne fait pas de toi une mauvaise cheffe pour autant.

- Je ne veux plus ressentir tout ça...

En m'agrippant à sa chemise, les larmes coulent abondamment sur mes joues. Arthur resserre son étreinte, me forçant à nicher ma tête dans son cou. Son odeur familière est réconfortante. Je me laisse aller à ce câlin...

- Sais-tu exactement ce qui te déclenche ce genre de crise ?

Je secoue négativement la tête. À quel moment est-ce que tout ça a commencé ?

Il retire l'un de ses bras pour fouiller dans sa poche et en sort un pochon contenant des pilules à l'intérieur.

- Ce sont des tranquillisant. Annonce-t-il. Prends-en un et laisse-le agir.

C'est alors que je comprends enfin pourquoi ma mère avait surgit dans ma tête lorsque j'étais sur le point de mourir. Elle connaissait mon état de santé et mes peurs...

- Je pense que tu as enfin compris...

- Pourquoi ne pas me l'avoir dit avant ? Demandé-je avant d'avaler une gélule.

- On n'est jamais trop prudent. Il suffit que les gens apprennent que vous êtes deux pour que l'empire Walker s'écroule... Les ennemis de ta famille pourraient s'en servir contre toi.

Arthur se relève et me tend sa main. J'hésite un moment, puis je la saisis et me lève à mon tour.

Nous sortons discrètement du repaire et commençons à marcher en direction d'un point d'eau un peu plus loin. On s'assoit l'un à côté de l'autre, plongés dans un profond silence.

Il dépose sa veste sur mes épaules, puis s'allume une cigarette.

- Tu risques d'attraper froid.

- La seule chose que tu gagneras en restant dehors en manches courtes, c'est une pneumonie. Reprend ta veste...

- J'ai chaud, Freya.

Résignée, j'enfile correctement le vêtement. Celle-ci est bien trop grande pour moi. Mais sa chaleur m'enveloppe directement.

- Tu sais, un jour nous prendrons sûrement des chemins différents... Commencé-je. Je repenserais à ces nombreuses fois où tu as eu le courage de tenir tête à mon géniteur pour me protéger de sa haine. Je me souviendrais de toutes ces fois où tu m'as empêchée de mourir...

- Stop. Pourquoi est-ce que ça ressemble à des adieux ?

- Je ne te fais pas mes adieux, Arthur. Mais il arrivera un moment, où tu prendras l'initiative de quitter mes rangs pour poursuivre ta route. Du moins, j'espère que l'on se quittera ainsi... Dans le pire des cas, l'un de nous deux se fera tuer. Soupiré-je. Tu comptes énormément pour moi. Durant toutes ces années, tu as été à mes côtés...

- Freya... Je ne te laisserais jamais seule, tu m'entends ? Si je venais à mourir, c'est que mon heure est arrivée. Dit-il en recrachant la fumée. Je t'ai prêté allégeance en commençant à travailler pour ta famille. Ma vie est entre tes mains. Je te serais fidèle jusqu'à la fin de mes jours.

Il essuie mes larmes qui coulent une nouvelle fois. À quel moment me suis-je remise à pleurer...?

Je siffle de douleur. En posant discrètement une main sur mon ventre, je sens un liquide chaud et poisseux.

Ma blessure... Elle vient de s'ouvrir à nouveau...

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