Chapitre 9

1.3K 42 18
                                    

ATHÉNA

~ 2 ans plus tôt ~

Je cherche un endroit où dormir, m'étant fait jartée de mon ancien spot. Deux jours que Maria ne m'a donné aucun signe de vie, et je pense bien qu'elle ne reviendra pas.

Cela est étrange, de connaître des personnes dans la même situation que moi. Je veux dire, je connais des commercants, certains pêcheurs, mais peu de sans-abris.

- Mec, il reste de la place ici ? demandais-je à un SDF.

À l'abris du vent, une quinzaine de sans-abris sont installés. Certains ont la chance d'avoir un matelas, d'autres dorment à même le sol. Je suis simplement munie d'un bout de cartons, d'une couverture de survie et un vieux sac.

- Pour une jolie demoiselle comme toi ? Toujours.

Il me sourit, me montrant ses dents jaunes et à moitié cassé. Dégoutée par cette vision, je ne relève pas sa phrase, et part m'asseoir un peu plus loin.

- Tu vis dehors depuis longtemps ? me demande une quarantenaire.

Elle sent très fort, et tient une bouteille de bière dans sa main. C'est typiquement le genre de personne que j'évite. Elle doit sûrement mourir de faim, mais a préféré acheter de l'alcool.

- Assez longtemps pour savoir que je serais toujours vivante demain.

Je réponds très souvent cela. Durant mes premiers jours, je ne fermais pas l'oeil de la nuit. J'étais très jeune, en même temps. J'avais cette peur constante que l'on allait me kidnapper, ou me tuer. Donc je restais éveillée.

- Je vis dehors depuis vingt-cinq ans moi, répond-elle comme si je lui avais demandé. J'en ai connue des endroits de merde. Mais alors celui-là, c'est vraiment l'enfer.

Je l'écoute que d'une oreille attentive, mais je retiens tout. J'ai toujours réussi à faire deux choses à la fois, nottament quand j'allais encore en cours. Je pouvais passer une heure entière sur mon téléphone, mon cerveau enregistrait absolument tout ce que disais le professeur.

- Alors pourquoi vous ne bougez pas d'ici ?

Elle me montre du doigts sa jambe. Je descend mon regard, et aperçoit un bandage de fortune, imbibé de sang.

- Je me suis faite plantée ici-même, il y a deux nuits. J'attends d'avoir moins mal pour partir.

Si cela m'aurait fait peur il y a quelques années, ce n'est plus le cas. Des fois, s'en est presque effrayant de n'avoir aucun notion du danger.

Quelques minutes passent. La dame continue de me raconter sa vie, mais cette fois, je n'écoute plus du tout.

Je déteste les regroupements comme cela. Mais je n'avais pas vraiment d'autre solution cette nuit. Je vais prendre un peu sur moi, ce n'est pas grave.

Un blondinet qui m'a l'air plutôt jeune arrive vers le mec qui m'a parlé tout à l'heure. Ils échangent quelques mots, et le vieux finit par lui crier dessus.

- Pourquoi ils s'engueulent ?

La dame soupire, sûrement en se rendant compte que je n'écoutais rien de ses dires. Elle finit malgré tout par répondre :

The road that separates us ~BILLIE EILISH~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant