Chapitre 4

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    Depuis que je suis de retour pour les vacances, mon père ne me lâche pas. En fait, depuis qu'il a remis sur le tapis le fait que j'ai un copain et que je lui ai informé que nous avions rompu, il ne m'a pas lâché. Heureusement, il ne m'a pas demandé pourquoi est-ce que nous nous sommes quittés. En tout cas, il aime proposer dès qu'il le peut quelque chose à faire. Comme cet après-midi où il ne travaille pas et comme mon frère est aussi libre, ce qui est rare, nous nous retrouvons tous les quatre sur le canapé, prêt à regarder un film.

    Mon père a toujours été présent pour mon frère en cas de rupture et comme il s'agit de ma première fois, il l'a encore plus était avec moi. Peut-être qu'il a peur que ça me fasse de nouveau replonger dans une période basse, ce qui se peut, même si j'espère ne plus y tomber pendant un moment. La dernière fois cette période a duré un peu plus de deux mois, ce qui est vraiment énorme. Enfin bref, peu importe, j'aime juste qu'il soit présent et faire des choses avec son père n'est pas si déplaisant, même s'il ne faut pas que ce soit tout le temps. Je crois qu'il est davantage touché par nos ruptures à cause de la sienne, avec maman. J'en suis même sûr, même s'il ne montrait rien, on aurait dit moi quand je ne vais pas bien. Il essaye d'être présent, comme on a essayé de l'être à l'époque, pour lui changer les idées.

    Je souris à cette pensée. C'est dingue comment un rien du tout comme ça peut nous rendre heureux. C'est vrai quoi, il ne s'agit que d'une après-midi devant la télévision avec mon père et mon frère, mais le fait d'être là, et ensemble, me fait vraiment quelque chose.

- C'est bon, c'est bon, j'ai les popcorns ! S'écrit mon frère en sortant de la cuisine, pour venir se placer à côté de moi.

- Eh, ne les mets pas que sur toi ! Sinon, tu vas encore tout manger. Me plaignais-je, le connaissant que trop bien.

    À contrecœur, et après un ordre de mon père, il pose le bol sur la table basse devant nous tous. Je sais bien que ça va être la guerre pour en avoir et que d'ici dix minutes le plat sera vide. Et voilà que ça commence, à peine ai-je le temps de finir ma pensée que mon frère, puis mon père, tend la main pour prendre une grosse poignée. Je fais de même et le film vient tout juste de commencer qu'il en reste déjà plus que deux ou trois.

- Et lui, c'est ton genre ? Me demande mon frère.

    Je souffle sans lui répondre. Depuis qu'il sais que je suis gay il n'arrête pas de me montrer des garçons et me demander si c'est mon genre. Bien sûr, je ne réponds jamais. En plus, je ne suis même pas sûr d'avoir un genre à proprement parler. Avant, quand il me demandait, tout ce qui me venait à l'esprit c'est que mon genre c'est Antoine, alors comme ça on n'allait pas avancer beaucoup. Il affirme que si j'avais été attiré par des filles, il aurait fait la même chose, ce que je ne doute pas le moins du monde, mais quoi qu'il en soit c'est assez énervant.

- Laisse ton frère tranquille ! Proteste mon père en passant une main derrière mon épaule pour lui claquer doucement le derrière de son crâne.

- Mais ! Je ne l'embête pas, je demande seulement. Moi aussi je le trouve pas mal, alors que je suis hétéro, donc je me demandais.

- La prochaine fois demande dans ta tête, lui sortais-je à mon tour.

    Il boude mais ne réplique rien d'autre, ce qui fait que nous pouvons enfin nous concentrer sur le film.

    À la fin de celui-ci, je sens la fatigue arriver à grands pas. C'est dingue comme il est possible d'être fatigué de ne rien faire, alors que ça ne devrait pas nous épuiser tant que ça.

    J'attrape mon téléphone qui se trouve sur la table basse pour regarder l'heure, il ne doit pas être si tard, si ? Mais tandis que j'allais porter mon attention sur les chiffres au milieu de mon écran, une notification accapare toute la place, du moins c'est l'impression que ça me donne.

Au delà des apparences (BxB) Tome 1+2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant