Au delà des apparences (BxB) Tome 1+2

Chapitre 10.1

     Je regarde pour la centième fois mon téléphone, sans que rien ne change. D'après ce que j'ai compris, j'ai maintenant deux nouveaux amis, Chloé et Antoine et j'aimerais leur envoyer un message, comme j'aimerais en envoyer à mes amis de lycée, mais je ne sais pas quoi leur dire. Généralement, je ne contacte jamais les autres, et ce n'est pas comme si eux aussi le faisaient. J'ai envoyé un « joyeux noël » à certaines personnes, mais maintenant que ce jour est passé, mes sujets de conversations s'estompent. Je réfléchis quelques instants avant de demander à mes amis de lycée comment se passe la fac. Pour les deux autres, c'est plus compliqué, puisque je suis dans la même classe qu'eux et que j'ai déjà la réponse, alors ça coince.

- Et puis tant pis, je ne vois pas pourquoi de toute façon ce serait à moi de leur envoyer quelque chose quand visiblement ils n'en ont rien à faire. C'est vrai quoi, si jamais ils ont envie de me contacter, ils le feront, une amitié va dans les deux sens. Je râle à voix haute, pour moi-même, en faisant les cent pas dans ma chambre. Cette affaire commence vraiment à m'irriter de plus en plus. Déjà qui trace les limites de l'amitié ? Ce n'est pas clair tout ça. Où est censée commencer une amitié, qui décide à partir de quand on peut considérer quelqu'un comme un ami ? Mais surtout, comment doit-on faire pour entretenir cette relation ? Pour la plupart ça semble simple, bah pas pour moi ! Continuais-je, sans pouvoir m'arrêter, comme si les mots avaient besoin de sortir de ma bouche, d'être exprimés. Je n'ai jamais été doué en relation humaine et même si pour tout le monde ça parait être simple, pas pour moi. En plus de ça, qui puis-je compter comme de vrais amis. C'est vrai quoi, ceux du lycée je leur adresse deux mots par messages tous les trois mois, et encore, alors est-ce que je peux être sûr de compter sur eux, surtout en sachant qu'il ne me connaisse pas vraiment. Sans parler de mes nouveaux amis, qui disent qu'ils me considèrent réellement comme ça, essentiellement Antoine. Il doit en avoir des milliers, alors pourquoi est-ce qu'il voudrait traîner avec moi.

    Je souffle un coup en essayant de remettre mes idées en place, mais c'est peine perdue. Plus ça va, plus mes pensées se bousculent et plus ça m'énerve. Je jette un autre coup d'œil pour voir si une nouvelle notification ne s'est pas affichée, mais visiblement non, personne ne souhaite me parler. Je resouffle un coup en jetant mon téléphone sur le lit.

- Ça sert à quoi d'avoir des amis si finalement on ne leur parle jamais. Et puis c'est quoi le problème ? Moi ? Je sais qu'au premier abord on n'a pas forcément envie de me parler, mais tout de même, est-ce que quelqu'un cherche à voir au-delà de ce que je montre ? Je ne crois pas.

    En plus de ma tête qui est sur le point d'exploser, mon corps n'arrive pas à tenir en place, décidément rien ne va aujourd'hui. Le pire, c'est qu'il ne me reste plus qu'une semaine pour réviser pour les partiels, mais je bloque. Je vois toutes mes feuilles de révisions, mais mon cerveau est déjà bien trop plein pour rentrer quoique ce soit d'autre. En plus, rester assis sur ma chaise me semble impossible, même apprendre en marchant je n'y arrive pas, je suis bien trop vite déconcentré pour toute autre chose. Je me dis que je peux y aller sans réviser, je trouve que c'est une bonne idée. Après tout, je n'ai qu'à inventer les réponses, si ça se trouve je suis un génie caché et réviser détruit ce génie.

- Je suis sûr que c'est ça ! M'exclamais-je en sautant presque sur place. Je ne vais pas réviser, ça ne risque pas de plaire à papa, mais c'est parce qu'il ne comprend pas que dans le fond je n'en ai pas besoin. Les éclairs de génie arriveront une fois devant ma feuille ! Enfin, je crois... Est-ce qu'il est possible de regarder une fois notre cours et de le revoir par la suite comme si j'avais une photo devant les yeux ?

    J'ai vu ça une fois dans un film et si ça se trouve moi aussi j'en suis capable, sans le savoir. Ça m'aiderait grandement en tout cas. Sans plus d'hésitation, je me précipite sur mon téléphone pour chercher la réponse. Mais avant que je n'aie pu pousser mes recherches bien loin, j'entends mon père m'appeler.