Au delà des apparences (BxB) Tome 1+2

Chapitre 19

    Petit à petit je me sens de mieux en mieux et je sens que ma période mixte repart. Ça a été, comme toutes les autres périodes, assez dure. Cependant, pour une fois je ne me suis pas retrouvé seul face à moi-même à essayer de le cacher à tout le monde. Bien sûr j'ai essayé, mais Chloé et Antoine ont vite comprit que ça n'allait pas et surtout pourquoi. Ça m'a fait du bien que les personnes que j'aime le sachent car même si j'avais peur, finalement elles comprennent plus facilement mes comportements et je n'ai pas besoin de m'expliquer systématiquement. En plus de ça ils ont été avec moi du début à la fin, que ce soit de loin ou pour me changer les idées. Ainsi je ne suis pas resté tout le temps tout seul à déprimer, même si c'est aussi ce qu'il s'est passé. C'est un peu comme si je vivais une phase de ma bipolarité d'une autre manière, une manière beaucoup plus plaisante. Bien sûr, tous mes doutes ne sont pas partis et c'est toujours horrible de vivre ces phases, mais disons que c'est plus facile à les surmonter et rien que pour ça je suis content qu'ils sachent pour moi. Madame Martin m'a aussi dit que le dire m'aidait et que cela se voyait, car moins j'ai à le cacher et à me cacher moi-même mes émotions, plus c'est gérable.

    Je me jette dans les bras de mon copain, qui se trouve affalé dans son lit sur son téléphone. À mon arrivée il écarte instinctivement les bras pour que je m'y cale et vient déposer sur le haut de mon front un baiser.

- J'ai hâte de rentrer chez moi pour les vacances ! C'est étrange mais mon père me manque quand même un peu, en tout cas plus que d'habitude et je n'ai pas peur d'y retourner. Me confiais-je, alors que je sais là aussi que c'est dû au fait que je me livre de plus en plus sur ce que j'ai et comme les personnes qui savent pour ma bipolarité m'acceptent, j'ai moins peur de faire honte à mon père.

- Tant mieux, moi je t'avoue que j'ai un peu moins hâte... Souffle-t-il.

- Pourquoi ?

- Depuis pas mal de temps mes parents et mes sœurs envisagent un voyage à la montagne, bien sûr je n'ai pas été mis au courant pour l'organisation...

- Mais c'est horrible ! Si tu veux tu peux venir chez moi, je suis sûr que mon père adorait que tu viennes, il m'envoie même des messages pour savoir comment tu vas de temps en temps.

- C'est vrai, je peux ? J'en serais ravie, moi aussi j'ai envie de rencontrer ton père. Parce que c'est vrai que même s'ils ont fini par me donner la date pour y aller, je n'ai pas aimé qu'ils décident tous ensemble où et quand aller en vacances, sans même me demander mon avis.

- Ah, ils t'ont quand même demandé de venir, j'ai eu peur. C'est comme tu veux, si tu veux y aller vas-y et si jamais je suis là et ma maison est grande ouverte.

- Merci, pour tout te dire je n'ai pas envie de faire ce voyage avec ma famille. Peut-être que je le regretterais, mais ils ont à peine pris de mes nouvelles après la mort de mon grand-père et je sais que ce n'était pas pour ne pas me la rappeler. Maintenant il y a ça et franchement j'en ai marre que ce soit tout le temps la même chose, que je passe toujours en dernier. Alors si jamais je veux bien, je préfère mille fois passer cette semaine avec toi et rencontrer ton père, voir le lieu dans lequel tu as grandi.

- Super ! Donc c'est décidé, tu viens avec moi. Je vais prévenir mon père.

    Je me dépêche de me lever afin de prendre mon téléphone et d'envoyer un message à la personne voulue. J'espère qu'il ne sera pas trop lourd ou intrusif lors de cette rencontre, je le connais et en plus il s'agit de mon tout premier copain, alors j'appréhende quand même un peu, même si j'ai aussi et surtout hâte.

    Le lendemain même nous nous retrouvons de nouveau dans la chambre de mon copain, valise en main. Je suis rentré chez moi juste pour pouvoir terminer et prendre ma valise, avant de me dépêcher de revenir. Depuis ce matin Antoine ne quitte pas son sourire, je ne pensais pas qu'il allait être autant content de rencontrer mon père. Il n'arrête pas de gesticuler de partout en parlant sans s'arrêter. Vu tout ce qu'il prend on dirait presque qu'il va emménager chez mon père, c'est plutôt drôle à voir.