Je passe de rayons en rayons un peu perdus. Ça va maintenant faire plus de deux mois que je suis ici, dans ma nouvelle ville, et que je dois faire les courses, pourtant je ne me rappelle jamais où est quoi. Enfin, je n'y vais pas si souvent que ça et toujours dans le rayon surgelé ou pâte. C'est sûrement pour ça que dès que je désire quelque chose de nouveau, ce qui est assez rare, je ne sais pas où chercher. En plus de ça, je n'aime pas paraître perdu, comme si c'était la première fois que je faisais des courses, je ne sais pas pourquoi mais ça me fait toujours ça. Je fais comme si je savais où j'allais, ce qui est fréquemment faux et passe le moins de temps possible en rayons. J'arrive enfin dans celui voulu, celui des pâtes, quand j'entends au loin mon prénom. Je me retourne alors pour voir arriver Antoine, qui affiche toujours son sourire habituel, auquel je réponds timidement.
- Salut ! Tu viens faire tes courses ? Me demande-t-il, en se rendant visiblement compte de l'absurdité de sa question quand il pose ses yeux sur mon sac dans lequel j'ai déposé quelques articles.
- Salut, je... Oui. Je me concentre sur choisir le meilleur paquet de pâtes, ce qui équivaut au moins cher, pour éviter de devoir chercher un sujet de conversation.
- Des pâtes, pas étonnant. Ça va, tu arrives à te faire à l'idée de devoir faire à manger tous les jours et à varier ?
- Pas trop, avouais-je en pensant aux nombreux repas loupés, même si pour certains j'avais une raison. Ceux que j'ai préparés se limitent bien souvent à la même chose, même un peu trop souvent d'ailleurs. Ce sont surtout des pâtes et du jambon, avouais-je enfin.
- Je te comprends. À ma première année universitaire c'était pareil, pâtes, pomme de terre ou riz, mais rarement autre chose, de toute façon je ne savais pas cuisiner. Mais je dois avouer que même si j'adore les pâtes plus que tout au monde, tous les jours ça faisait un peu trop, même en essayant de les varier. Avec les garçons, on s'est chauffé cette année à apprendre à cuisiner et à manger un peu plus sain.
- C'est vrai que c'est mieux, mais je ne crois pas que ce soit quelque chose qui soit fait pour moi la cuisine.
J'ai essayé quelques fois, enfin peut-être pas plus de deux, mais le fait est là, j'ai quand même essayé. C'était tout sauf amusant, en même temps quand même attendre que l'eau des pâtes chauffent te semble interminable, je ne vois pas ce que tu peux faire d'autre. Je trouve ça long et ça m'ennuie vite, j'ai juste une envie, retourner à mes occupations. Bon, celles-ci sont souvent limitées à lire, écrire, regarder quelque chose pour occuper mon esprit, mais ce qui est sûr, c'est que la cuisine n'en fait pas partie.
- Si jamais tu as besoin de conseils, on est là. Bon, après nous ne sommes pas non plus des chefs étoilés. Mais qui sait, peut-être qu'on pourrait le devenir et au moins comme ça, tu pourras dire que tu as goûté à nos fameux plats en exclusivité. Plaisante-t-il, alors que j'ai enfin trouvé le paquet qui se trouve être le moins cher du rayon. Attends, reste là, je reviens vite ! Je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit, ni même relever mon nez de mon sac dans lequel je déposais l'article voulu, que le voilà partie à la vas vite je ne sais où.
Je le vois pas longtemps après revenir, avec différents pots de sauces en mains.
- Tient, je ne sais pas comment tu manges tes pâtes, mais je te conseille comme ça.
- Euh, souvent nature, répondis-je en lui prenant les trois qu'il me tend.
- Nature ! Ça doit vite être lassant, là tu as du pesto, de la bolognaise et une aux quatre fromages. Après, si tu veux que je t'en conseille d'autres, fais le moi savoir ! Si tu ne manges que des pâtes, pas de problème, mais il faut tout de même qu'il y ait un minimum de changements.
VOUS LISEZ
Au delà des apparences (BxB) Tome 1+2
RomanceBien souvent, les personnes qui nous entourent, comme nous-mêmes, présentent deux facettes. Dans ces deux facettes, il y a celle que l'on projette au monde et celle que l'on garde pour nous. Celle-ci est souvent beaucoup plus dévastatrice et dépasse...