Chapitre 16

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    Le lendemain matin, je sens dès mon réveil que la soirée d'hier a été mouvementée. La dernière chose dont j'ai envie c'est de me lever, et quand je vois Antoine encore affalé dans le lit à faire sa meilleure nuit, je comprends que lui non plus n'est pas si pressé que ça. J'attends qu'il se réveille en trainant sur mon téléphone portable, mais plus le temps passe et moins j'arrive à me concentrer. J'ai vraiment envie de lui parler une dernière fois pour qu'il essaye de s'ouvrir à moi, mais j'ai peur de le brusquer et qu'il le prenne mal. J'ai envie qu'il parle pour se lâcher, mais d'un autre côté je sais à quel point c'est dur de le faire. Je tourne alors encore et encore des phrases dans ma tête en essayant de voir ce qui sonne le mieux.

- Salut toi, entendais-je venir d'à côté de moi, me sortant au passage de mes pensées. Il est quelle heure ? Me demande mon copain.

    Je prends mon téléphone posé non loin de moi pour lui montrer l'écran.

- Mince, on a loupé l'heure de manger. Bon tant pis, on peut toujours se faire un grand goûter avant l'heure. Dit-il en commençant à se lever, avant que je ne l'arrête.

- Attends ! Avant j'aurais aimé que l'on parle. Je te promets que c'est la dernière fois, mais...

    Je n'ai pas le temps d'ajouter quoique ce soit d'autre qu'il m'arrête en m'embrassant et en plaçant sa main sur mon torse, tout en la faisant descendre vers mon entre-jambe.

- Tu ne veux pas faire autre chose que parler ? Me demande-t-il d'une voix suave. J'avoue que j'ai d'autres idées en tête pour que l'on se réveille convenablement.

- Antoine, je suis désolé mais je n'ai pas envie ce matin, du moins pas tout de suite, lui expliquai-je en le repoussant doucement. Je veux vraiment te parler. Je n'insisterai plus après, c'est juste que ça me fait mal de te voir souffrir. Je sais que peu importe comme tu agis tu souffriras forcément, mais te voir faire comme si de rien n'était je... J'ai juste peur que ça empire ce que tu ressens...

- Je comprends que ça t'inquiète et je comprends très bien ton point de vue mais tu vois, même si je voulais en parler je ne saurais pas quoi dire. Oui, c'est dur et je sais que seul le temps fera que j'irais mieux. On m'a comme enlevé un bout de moi, de mon existence. On m'a enlevé une des personnes que j'aimais le plus sur cette planète, seulement... Seulement je ne suis pas du genre à m'attarder sur la tristesse, sinon je serais déjà plus bas que terre. Je n'en parle pas pour oublier la tristesse, mais parce que je ne ressens pas le besoin de parler. Je sais que si je le fais je ne me sentirai que plus mal car ça remettrait tout sur le tapis. Je n'oublie pas mais je mets de côté, en essayant de profiter de ce que j'ai. Avant je faisais semblant et c'est ce qui me détruisait, je sais que mes amis pensent que j'agis encore comme ça et peut-être que dans le fond ils n'ont pas complètement tort, mais j'essaye surtout de reléguer toujours cette tristesse au second plan, pour profiter quand même et garder un peu de bonheur. Alors oui, ça peut être perçu comme faux, mais c'est comme ça que je marche. Je ne vais pas dire que je vais bien pour ne pas vous inquiéter, ce serait de toute manière faux, mais je fais tout pour voir le verre à moitié plein, voir ce qu'il me reste plutôt que ce que j'ai perdu. Forcément j'y pense presque constamment, mais en profitant de mes amis et de toi, j'ai des moments où j'oublie tout ça et où j'arrive à être un peu plus heureux.

    Pendant toute sa tirade, c'est comme si un brouillard noir c'était positionné tout autour de moi et j'en ai la tête qui tourne, mais j'y fais abstraction et je lui souris.

- D'accord, désolé d'avoir tant insisté pour te parler et de te rappeler sans cesse ce qui te rend malheureux.

- Ce n'est rien, en plus ça montre une fois de plus que tu tiens à moi. J'en suis vraiment reconnaissant et si jamais je veux en parler je n'hésiterai pas à t'en parler, alors arrête de te tracasser. C'est encore ressens alors je ne vais pas aller bien tout de suite, mais de jour en jour j'apprends à relativiser sur le fait qu'il a eu la vie qu'il voulait et qu'il voudrait que je vive la mienne, sans l'oublier, mais sans que sa mort ne m'empêche d'avancer. Termine-t-il avant de déposer délicatement ses lèvres sur les miennes et de se lever. Aller, levons-nous où je sens que l'on va finir la journée dans ce lit, en plus mon ventre commence à grogner. Comme pour appuyer ces propos, celui-ci se manifeste, le faisant sourire.

Au delà des apparences (BxB) Tome 1+2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant