Au delà des apparences (BxB) Tome 1+2

Chapitre 9

    Me voilà de retour dans le petit bureau de madame Martin, un peu prêt un mois plus tard. Pour tout dire, je les attends souvent avec impatience. Je pense aussi que les éloigner davantage les uns des autres a été quelque chose de bénéfique. Au début c'était ce qui me fallait, mais quand ça fait des années que tu as des rendez-vous pour la même chose, ça permet de souffler. Maintenant je vois ce qu'elle voulait dire quand elle m'informait que ces rendez-vous me mettent encore plus la pression au niveau de ma bipolarité et m'enfermaient continuellement dedans. J'y pensais sans arrêt et je ne pouvais pas l'empêcher.

    Elle a commencé la séance en me demandant comment ça se passe avec Chloé. Quand je lui ai dit que j'avais dit à mon amie que j'étais bipolaire, son visage s'est illuminé. J'ai tout de même clarifié la situation en lui informant qu'elle m'avait mis sur le fait accompli en m'informant qu'elle savait que j'étais bipolaire, mais madame Martin a dit qu'elle était tout de même fière de moi. C'est la première fois que je confirme à quelqu'un pour ma bipolarité et c'est vrai que ça m'a fait un bien fou, surtout quand j'ai vu qu'elle l'acceptait. Même si elle n'a jamais dû faire face au Jules contrôlé par sa maladie en ayant pleinement conscience de celle-ci, je suis sûr qu'elle ne m'abandonnera pas pour ça.

    Madame Martin m'a aussi demandé si j'avais réussi à en parler avec et malheureusement la réponse est non. J'ai essayé, mais c'est encore trop dur pour moi de le faire, les mots restent bloqués au fond de ma gorge. Mais on est tous les deux d'accord pour dire que c'est déjà un grand pas en avant que quelqu'un le sache. Elle m'a aussi demandé comment je me sentais et franchement, la réponse est venue d'elle-même. Depuis cet été mon travail sur moi-même, mes prises de consciences et essentiellement le fait que j'essaye de ne pas trop penser à ma bipolarité, plus le fait que mon amie le sache et m'accepte, m'ont permis de lâcher un gros poids que j'avais sur les épaules. Je me sens plus léger et plus heureux, comme si cette fois-ci j'allais réussir à aller mieux et que cette fois-ci ce n'était pas qu'une simple illusion. Après, à voir comment ça se passe par la suite, mais pour le moment je me sens juste bien et plus léger. Ça faisait très longtemps, bien trop même, que cela ne m'était pas arrivé, alors je suis aux anges.

    Ma psychologue a bien vu que quelque chose d'autre me tracassait, alors je lui ai parlé d'Antoine. Je lui explique actuellement notre avancée à tous les deux, là où nous en sommes aujourd'hui. Quand je lui dis que j'aimerais bien retenter de sortir avec lui et que c'est dans la bonne voie pour, je vois qu'elle se met à réfléchir.

- C'est une bonne nouvelle en soi, je ne dis pas le contraire, mais est-ce que tu y as bien réfléchi ? Me demande-t-elle.

- Oui, beaucoup. Quand je suis revenu de vacances, Chloé a aussi tenu à ce qu'on en parle. Je sais que si je veux que ça marche et que ce ne soit pas comme la dernière fois, il faut que je fasse des efforts. Il ne faut pas que je reproduise les mêmes erreurs.

- Exactement. Et est-ce que tu es vraiment prêt à lui en dire plus sur toi, ainsi qu'à en dévoiler plus sur tes émotions ?

- J'y ai pas mal réfléchi. Je sais que mon jugement est altéré par mes sentiments et qu'il faut que j'y réfléchisse. Je suis prêt à faire des efforts, à lui donner plus d'importance. Il le mérite et j'aurais dû le faire dès le début, ne pas juste m'accrocher à sa bonne humeur pour qu'elle déteigne sur moi. Et oui, pour répondre à votre question je crois être prêt. Je ne sais pas jusqu'à où je vais aller, je crois que je verrai sur le coup, mais je vais le faire. Je me suis dit que je ne devais plus mentir et le dire si jamais ça ne va pas, me poser moi-même des limites. Je ne pense pas arriver à lui dire tout de suite pour mon problème, mais...

- Ta bipolarité. Me reprend-elle.

    C'est vrai que l'on avait dit que pour que je puisse l'accepter, il fallait déjà que j'arrive à en parler en disant le mot qui est attitré à ma maladie. Ce n'est pas facile car je l'ai souvent évité, mais là encore c'est une chose sur laquelle je travaille.