Luis s'amusait en repensant à la mine qu'avait faite Yvan Bello, son patron, lorsqu'il l'avait vu dans ce qu'il croyait être son plus beau costume au-dessus duquel il avait ajouté sa redingote marron habituelle. Le bout d'homme s'était écrié :
« Mais qu'est-ce que tu portes, malheureux ? On va croire que je ne te paie pas assez et que nous sommes un journal de pauvres ! Allez, nous avons encore 20 minutes avant le rendez-vous, il te faut absolument autre chose à te mettre sur le dos que ces guenilles ! »
Son teint clair avait viré au rouge et ses yeux étaient exorbités. Yvan Bello l'avait amené dans une boutique dans la même rue que la Tour Luisdel puis, avait sélectionné et payé un costume neuf, mieux coupé, plus élégant et plus chic que ce que portait Luis. Le Directeur de publication avait veillé à ce qu'on se débarrasse définitivement des vêtements que portait Luis comme si ceux-ci étaient des sortes d'horreurs qui n'auraient jamais dû être présentées à la vue de tous. Tout ce cinéma avait amusé Luis qui ne s'en offusqua guère et pensait surtout à son rendez-vous avec l'homme.
Debout devant la Tour Luisdel, il souriait à son patron qui lui faisait de grands signes d'encouragement sur le parvis de l'immeuble. S'il comprenait l'intérêt et l'honneur qui était fait à leur journal en obtenant cette interview, il ne comprenait pas toute l'excitation de son patron qui habituellement se montrait impassible au quotidien. Un pas devant l'autre, il avança vers l'entrée principale de cet immeuble fait de verres, il ne pensait déjà plus qu'à son entrevue avec l'homme mystérieux. A peine avait-il mis le pied dans l'immense hall qu'il ressentit comme un malaise, une sorte de nœud inextricable dans la poitrine ; d'énormes gouttes de sueur sur son visage étaient la manifestation de la chaleur intense qui avait pris possession de son corps soudain. Instinctivement, il prit appui sur l'épaule d'un autre homme qui passait par là au même moment et, celui-ci, concerné, le soutint jusqu'à l'un de ces canapés en cuir véritable placés çà et là, de manière ordonnée afin de faire patienter les visiteurs. On le coucha sur le canapé alors qu'il avait à présent du mal à respirer, tous le regardaient, certains s'étaient approcher pour prêter main forte à son sauveur et d'autres, les plus nombreux, ne s'étaient rapprochés que pour tromper leur ennui. On lui desserra la cravate et on lui apporta un verre d'eau qu'il avala par grosses gorgées :
— Monsieur, ça va ? lui demanda son sauveur.
— Ça va aller, merci à vous, remercia-t-il l'inconnu quand il put reprendre son souffle.
« Il s'est sûrement pris un coup de soleil ou bien il est trop essoufflé d'avoir couru, au petit trot, de la route au hall, vous savez ces vieux obèses ! » cracha la voix incisive d'une jeune femme dont il reconnut le timbre vocal pour être celui de la réceptionniste.
Luis sortit complètement de son malaise et se défendit en disant :
— Je suis juste un p'tit peu enrobé et j'ai trente ans !
— On ne dirait pas...lança la jeune femme sur un ton moqueur tout en tournant les talons pour reprendre son poste.
Tout en reprenant ses esprits, le journaliste se demandait ce qu'il avait bien pu faire à cette jeune femme pour qu'elle le prenne en grippe. Aidé par l'un des visiteurs tandis que les autres s'éloignaient à leur tour, il se leva et se dirigea vers elle :
— Je voudrais rencontrer M. Luisdel, nous avons rendez-vous dans...cinq minutes, dit-il en consultant sa montre.
Tout comme la veille, elle écarquilla les yeux en le reconnaissant puis, elle dit :
— Quelle surprise ! Je ne vous avais pas reconnu, vous êtes mieux vêtu qu'hier !
— Pourriez-vous m'annoncer ?
VOUS LISEZ
S.A.R MILAN F. LUISDEL
ParanormalUn couple qui n'arrive pas à avoir des enfants par tous les moyens traditionnels et médicaux mis à leur disposition et, dans le désespoir, il décide de se tourner vers des pratiques occultes. C'est ainsi qu'il fait un pacte de sang avec une entité à...