S.A.R MILAN F. LUISDEL

Chapitre 6

Le visage sombre et le regard dans son verre, Luis ne cessait de se demander ce qui lui arrivait. Il avait erré toute la journée dans la ville dans l'espoir de recevoir un coup de fil de la part de Luisdel ou de sa secrétaire lui annonçant l'heure du rendez-vous qui le libèrerait de toutes ses inquiétudes mais, son téléphone ne sonna pas et ses inquiétudes grandissaient. Dans un coin à moitié obscur du bar où il s'était réfugié, il goûtait néanmoins avec plaisir ce nouvel attrait qu'il semblait représenter pour les personnes qui posaient les yeux sur lui ; il appréciait particulièrement les regards à la dérobée de ce beau jeune homme tout en taille et en muscles vêtu d'un démembré blanc assez saillant dans une chemise complètement déboutonnée et qui dessinait parfaitement les courbes de son tronc lorsque celui-ci s'adossait comme s'il était sur son canapé. S'il avait plus de courage, pensait Luis, il l'aborderait sur le champ mais, dans un pays comme celui-ci où ses tendances n'étaient pas bien vues, il se ferait certainement laminé par ce jeune colosse alors, il retint ses ardeurs et repensa à Luisdel. Pour qu'elle raison le milliardaire était-il si étrange ? Pourquoi éveille-t-il en Yvan Bello autant d'exaltation ? Le journaliste sirota un peu de sa bière s'adossa et ferma les yeux en pensant à toute cette histoire. Il se rappelait les péripéties de son séjour dans la Villa Blanche et tous ces passages inexpliqués lorsqu'il entendit :

« Un peu bruyant comme endroit pour méditer, tu ne penses pas ? »

La voix était assez fluette et inconnue pour interpeller Luis qui ouvrit les yeux, les écarquilla en découvrant la personne qui se tenait devant lui, sourire aux lèvres. Il regarda derrière l'homme puis autour de lui-même pour s'assurer que le jeune inconnu s'adressait à lui et que celui-ci était bien le propriétaire de cette voix particulière dans un corps d'homme.

— Ex...excusez-moi... bafouilla Luis.

— Je te regarde depuis quelques minutes maintenant et je trouve que tu es un peu une curiosité dans cet endroit, surtout avec cet air pensif et intelligent qui te vont si bien ! répondit le jeune homme qui affichait toujours ce sourire enchanteur, le regard plongé dans celui de Luis qui sentait ses sens s'éveiller.

Il vérifia encore autour d'eux que cette phrase s'adressait vraiment à lui avant de répondre :

— Y'a-t-il un lieu plus approprié qu'un bar plein d'alcools pour réfléchir au tourbillon de sa vie ?

— C'est même le meilleur endroit sauf que toi, ça n'a pas l'air d'être un de tes lieux habituels, argumenta le jeune homme en prenant place autour de la table, face à Luis qui le regardait prendre ses aises.

— Et d'après toi, qu'est-ce qui a l'air d'être un de mes lieux préférés ?

— Je te verrais bien dans une bibliothèque ou mieux encore, chez toi, sur ton lit, dans les bras de ton amoureux...

Luis ne put s'empêcher de sourire malgré l'expression choquée qu'arborait déjà son visage à l'écoute de la fin de cette phrase. Il fixa le jeune homme du regard et celui-ci ne semblait pas intimidé le moins du monde, il parlait avec la plus grande assurance sans se soucier qu'on les écoute ou pas.

— Pourquoi « amoureux » et pas « amoureuse » ? demanda Luis avec prudence, intrigué qu'il était.

— J'ai vu comment tu me regardais...répondit l'homme sans cligner de l'œil.

— Je regarde plusieurs personnes depuis que je suis assis ici ; on a une belle vue panoramique d'ici, se défendit Luis.

— C'est sûr mais, tu as moins regardé la bombe en mini-jupe que tous les hommes regardent depuis qu'elle est entrée et, j'ai vu COMMENT tu me regardais ! Je me trompe rarement sur cette façon de me regarder, insista le jeune homme en effleurant furtivement la main de Luis dont le corps tressauta de plaisir avant qu'il ne la cache sous la table la peur au ventre.