Chapitre 10

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De nouveau assis face à face dans le salon, les deux hommes gardaient un silence convenu. Le vent glacial de la nuit traversait toute la maison en passant par la fenêtre sans vitre de la chambre de Luis. Ils avaient froid mais aucun d'eux ne s'en plaignait. Axel laissait à Luis le temps de traiter et digérer cette information qu'il lui avait déjà donnée et celles qu'il s'apprêtait encore à lui donner. Il observait le journaliste dans cette position abattue, assis les jambes velues écartées et les deux coudes sur les genoux, les mains soutenant sa tête baissée comme s'il portait le monde sur ses épaules et, malgré ça, il lui trouvait une beauté qui durcit son membre surtout lorsque son regard s'attardait sur les cuisses et le paquet emballé entre les cuisses du journaliste. Un sourire carnassier aux lèvres, Axel se dit intérieurement qu'il fallait absolument qu'il aille jusqu'au bout en soulageant dès ce soir, Luis de sa peine.

— Je vois que tu as du mal à accepter les révélations que je suis en train de te faire...

— Non...faut juste que je réalise que mes doutes sont réels. Qui est ce Luisdel ?

— Ou plutôt : qu'est-ce qu'il est ? corrigea Axel. Comme je te l'ai dit, c'est un être malfaisant qui cherche à t'absorber dans son être même afin de devenir puissant dans son monde, le monde des ténèbres ! Maintenant que tu le sais, tu devrais te méfier de lui plus que jamais et ne plus l'approcher...

— Tu dis que c'est un être maléfique mais quel genre d'être ? Est-ce un animal, est-ce un humain doté de pouvoir surnaturel ? questionna Luis.

— D'après ce que je sais, c'est un être poisson...un esprit sous-marin pour être plus précis...

— Tu veux dire...un Mami-wata ? Ça existe vraiment ? demanda Luis en riant amèrement.

— Toute une flopée ! La population de ce que tu appelles Mami-Wata, des sirènes, est deux fois plus grande encore que le monde des humains !

— Et toi, comment tu le sais ? l'interrogea Luis qui était intrigué par ce savoir précis dont faisait montre Axel.

Axel se leva et déboutonna sa chemise puis, se retourna pour présenter à Luis son dos recouvert d'une grande cicatrice, une griffure énorme :

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Luis en se levant et s'avançant vers Axel qui se retourna pour lui faire face de nouveau.

— On a tous nos petites histoires, Luis, j'ai fait la connaissance du monde des ténèbres plus tôt et plus jeune que toi ; j'ai été attaqué par l'une de ces choses sur une plage à Kribi, c'est là-bas que tu étais avec Luisdel, n'est-ce pas ?

— Euh...oui...répondit Luis qui sentit une sueur soudaine descendre le long de son dos lorsqu'il se rappela toutes choses étranges qu'il avait vues le week-end précédent dans la Villa Blanche.

— Je te raconterai mon histoire une autre fois. Tu dois d'abord connaître la tienne. Ton histoire depuis ta naissance jusqu'à nos jours...

— Il n'y a justement rien à dire puisque personne ne connaît mon histoire. Elle commence dans cet orphelinat où j'ai grandi. Comment j'y suis arrivé, je sais juste que ma mère m'y a déposé et a laissé pour consigne que je sois appelé Primoas Luis avant qu'elle ne disparaisse dans la nature. Si elle morte ou encore en vie, je n'en sais rien. Une chose est sûre, elle ne gagnera jamais le prix de la mère de l'année !

— Ta mère est encore en vie, Luis, tu fais d'ailleurs beaucoup de rêves d'elle depuis une semaine ou deux...cette silhouette drapée de blanc qui essaie de te dire quelque chose...

— Co...comment tu peux le savoir ? Comment tu sais toutes ces choses ? demanda Luis dont le cœur se mit à battre plus vite que s'il avait vu un fantôme.

S.A.R MILAN F. LUISDELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant