CHAPITRE 38

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Trois jours venaient de passer, trois jours au cours desquels Luis avait été éloigné de Luisdel et Amabell ; il avait été écarté des derniers rituels relatifs au couronnement du nouveau roi et à sa prise de fonction en tant que Roi des mers et des océans. Le journaliste à qui on avait refusé la fusion avec Luisdel afin qu’il n’assiste pas à ces rituels sacrés passait ses journées à flâner dans les allées et les couloirs du palais, ondulant sa queue et sa mèche blanches, attirant les regards envieux pour certains, jaloux et méprisants pour d’autres…en très grande majorité. Il faut dire qu’au vu des regards électriques qu’on lui lançait, il n’était clairement pas le bienvenu en ces lieux. Souvent, Luis se demandait s’il n’allait pas retrouver dans son lit d’algues, des anguilles électriques et des méduses laissées « par hasard » par le personnel d’entretien ou, se disait-il, peut-être rencontrera-t-il la mort au détour d’un couloir sombre la nuit en se rendant dans ses appartements. Toutes ces pensées l’amusaient ou l’effrayaient mais, heureusement, malgré leur attitude hostile, aucun n’avait jusqu’ici eu le courage de lui exprimer à voix haute, une quelconque animosité. Il se rassurait en pensant qu’ils avaient trop peur de subir le courroux du nouveau roi pour lui faire quelque mal. Luis admirait ce sol recouvert d’énormes écailles d’une espèce de poissons géants méconnue des humains et dont la couleur verte prenait des teintes sombres ou lumineuses selon que les rayons du soleil parvenaient ou pas dans ce château de Maestria. Ce château aux allures extérieures gothiques plaisait en tout point à Luis qui trouvait curieux qu’on ne le voie pas en surface vu la hauteur extraordinaire de ses nombreuses tours en nacre et en forme de pointes aiguisées.
Ce matin-là, alors qu’il se baladait comme d’habitude depuis trois jours maintenant avec ce jeune triton qui lui avait été assigné comme guide, ils rencontrèrent un attroupement devant la salle du trône où s’étaient réunis, disait-on, tous les dignitaires de Maestria et des représentants des sept autres contrées des mers et des océans. Le nouveau roi s’était enfin assis sur son immense trône en nacre orné de pierres précieuses et d’un trident noir qui semblait soudé au dossier de ce fauteuil royal ; il présidait aux affaires courantes. Luis pénétra dans la salle, tous les regards se posèrent sur lui, il aurait mille fois aimé revivre l’époque où il était presque invisible aux yeux du monde, cela lui aurait paru plus facile à accepter que ces regards plein de haine et de mépris qui sautaient d’un visage à un autre au fur et à mesure qu’il avançait dans l’allée vers le trône immense sur lequel était assis Luisdel dans toute sa majesté, le regard aux pupilles rouges, le cheveu blanc neigeux, la longue queue blanche et tenant fermement dans sa main droite, son trident royal. Il esquissa un petit sourire lorsqu’il vit son Complément approcher. Amabell était assis à sa droite tel le Conseiller particulier et le Général des armées qu’il était officiellement devenu tandis que leurs autres frères étaient assis à sa suite de sorte qu’ils formèrent une aile à la droite du Roi, chacun d’eux occupait désormais une place précise dans la nouvelle administration. A la gauche de Sa Majesté Milan F. Luisdel étaient posés un trône de taille plus modeste mais tout aussi imposant et orné de plusieurs pierres précieuses réservé à la compagne du Roi et, juste à côté, une chaise destinée à sa dame de compagnie le tout perché sur une estrade séparée de la plateforme où se trouvaient les dignitaires, la noblesse et une partie du peuple rassemblés pour l’occasion par un espace central occupé à droite par les membres du Grand Conseil et, face à eux, à la gauche du trône, par Karab enfermé et flottant dans une cage magique. Luis comprit alors qu’il se tenait là, un procès aux débats houleux et, son entrée dans la salle avait mis une pause.
— Que fait-il ici ? demanda le membre du Grand Conseil qui avait jusque-là, la parole.
— Il n’a aucun droit légitime de se montrer dans cette salle…cria un autre.
— Encore moins en un moment comme celui-ci, qu’on le fasse sortir ! ajouta un troisième.
Cette attitude ouvertement hostile à son endroit stoppa Luis qui, l’air triste, regardait dans la direction du trône.
— Tu es venu te réjouir de mon malheur ? dit Karab. C’est vrai que ça doit être cocasse de me voir mordre la poussière, jugé par mes frères, dans mon monde pour des crimes commis dans ton monde ! Tuer des humains, qui ne l’a pas encore fait ici ? La vie de malheureux humains vaut donc mieux que celle d’un triton royal ! Jamais on avait assisté à pareil procès, pareil scandale et c’est ça le règne d’un démon hybride, un sang-mêlé, une aberration : faire couler du sang royal à cause des humains et devant un humain ! Mes frères, voilà que ce nouveau roi, Sa Majesté Milan F. Luisdel, voilà qu’il met nos vies au même niveau que celles de ces humains primitifs et qu’en plus, en me punissant il va démontrer que je ne suis rien et donc, la vie de toutes les sirènes ne vaut rien ! C’est vraiment la fin de tout ! Je voudrais subir le châtiment ultime le plus rapidement possible plutôt que de vivre encore pour voir la fin de notre monde se matérialiser pierre après pierre !
Des murmures désapprobateurs se firent entendre dans toute la salle. Ils parlaient tous en même temps, chacun dans sa barbe mais on distinguait clairement leur colère contre ce procès que le Grand Conseil avait déjà traité d’indigne, de procès de la honte. De murmures, l’on passa clairement à une grogne qui monta jusqu’à devenir un immense brouhaha faisant sourire Karab dans sa cage. On ne s’entendait plus penser, l’agitation dans la foule contamina les membres du Grand Conseil qui contaminèrent à leur tour, les rangs des princes. Dans un bruit conséquent, le nouveau roi se racla la gorge et, en s’appuyant sur son trident, il se leva de tout son long et menaça toute la salle de son regard enflammé ce qui eut pour effet de calmer tout le monde instantanément.
— Luis assistera à la suite du procès, dit-il simplement avec autorité.
— Votre Majesté, c’est contraire à nos pratiques…rappela l’un des membres du Grand Conseil. 
— Qu’un Complément survive à la fusion ça c’est contraire à la tradition ; que le trône de Maestria soit occupé par un hybride démoniaque, ça c’est contraire à toutes nos traditions ! lança Karab sur un ton acerbe. Nous ne sommes plus à une aberration près !
Amabell voulut prendre la parole et se leva mais, d’un geste élégant, Luisdel le stoppa puis, il dit :
— Je suis le nouveau Roi de Maestria, inutile de vous rappeler jusqu’où s’étend mon pouvoir dans ces eaux, inutile aussi de vous rappeler la puissance que me confère le pouvoir démonique qui sommeille en moi. Avant mon accession au trône, nous vivions dans l’air primitive, nous étions trop ancrés dans nos cultures, trop embrigadés nos façons de faire ce qui nous a toujours empêchés d’évoluer. Je vous annonce que dès à présent, certaines choses vont changer, oui, beaucoup de choses vont changer, de nombreuses réformes seront mises en place afin que les peuples des fonds marins se sentent tous égaux. Le changement commence maintenant avec moi, je suis poisson, je suis démon et désormais j’apparaîtrai et règnerai sous la forme qu’il sied le mieux à ma nature hybridée.
Joignant l’image à la parole, Luisdel déploya ses immenses ailes blanches qui avaient gardé leur allure démonique et perdit sa queue qui laissa place à des jambes puissantes sous les regards scandalisés de l’assistance. Il se déplaça vers Luis, lui tendit une main que le journaliste prit et les deux êtres retournèrent sous la voûte où se trouvait le trône. Luisdel prit place et invita son Complément, à s’installer près de lui à sa gauche. A peine celui-ci avait gaiement pris place près de Luisdel que le sceptre noire apparut dans sa main gauche. Le choc dans la salle était à son comble et le nouveau roi le savait. Il laissa passer quelques secondes avant de dire :
— Vous vous adresserez à lui en utilisant le titre de Majesté parce que bien que nous ayons la capacité de séparer nos corps, Sa Majesté Primoas Lui et moi ne formons qu’une seule et même chair depuis la fusion. Il est moi et je suis lui. Nous sommes connectés.
— C’est le fauteuil de la future reine ! cria l’un des membres du Conseil ignorant les propos du roi.
— C’est le fauteuil de ma moitié. Il règnera avec moi, en moi et vous lui devrez fidélité, loyauté, respect et soumission au même titre qu’à votre roi. Aucun écart de conduite à son endroit ne sera toléré, termina Luisdel.
— Peut-on revenir à moi…enfin, si votre Majesté a fini d’imposer son mignon, dit Karab le regard défiant Luisdel.
— Le Grand Conseil prend acte de ce qui vient d’être dit et se soumet à son roi. L’hybride humain peut demeurer dans cette salle. Pour ce qui est de l’affaire en cours, nous tenons à mettre en garde Sa Majesté, le roi, contre une condamnation de son propre frère à cause des péchés commis sous d’autres cieux même si nous déplorons sont attitude déloyale qui, au demeurant, l’a empêché de participer à la course au trône. Nous voyons en cela une très grande punition qu’il devra trainer longtemps…
— Qui dit qu’il vivra longtemps ? demanda Amabell qui prit la parole. Seule Sa Majesté le Roi de Maestria, Roi des mers et des océans peut décider si le prisonnier a droit à la vie après les actes atroces perpétrés sur la terre des hommes. Je voudrais tout d’abord répondre à mon frère, Karab et lui dire que ses manipulations ne marchent plus car, avec notre nouveau roi, nous entrons dans une nouvelle ère qui n’a pas besoin des idées rétrogrades qui ont longtemps enchaînées notre monde  un passé révolu. Luisdel, notre frère, a mérité de s’asseoir sur ce trône parce que nos ancêtres jamais oubliés l’ont adoubé ; ils lui ont remis un trident à la mesure de sa puissance et un sceptre confirmant sa dimension d’hybride. Qui sommes-nous pour ne pas nous soumettre à leur volonté ? De plus, mon frère, Luisdel, notre frère, aidé de son Complément, a déjoué les plans de Lilith, sa propre mère qui voulait nous embarquer dans une guerre contre le paradis ; il l’a fait sous les yeux de tous personne ne peut en donner un témoignage autre ! De toutes les façons, il est l’élu des dieux et de nos ancêtres, que les réticents l’acceptent dès à présent afin que nous passions à des occupations qui nécessitent le plus urgemment notre attention.
Amabell avait parlé et tous l’avaient écouté. Il reprit place à la droite de son frère qui le remercia d’un signe de la tête alors que dans la salle, tous les dignitaires ployaient un à un le genou en signe de soumission définitive.
— Tu m’as manqué, chuchota Luis à son roi qui lui adressa un regard d’une douceur dont seul le cœur vrai était capable avant de lui effleurer la main posée sur l’accoudoir.
Luisdel se leva de nouveau, planta son trident dans le sol et celui-ci s’alluma, éclaira d’une lumière forte toute la salle sous les regards paniqués de toute l’assistance. L’eau dans laquelle ils baignaient tous se mit en ébullition ; le pouvoir du trident royal provoqua un mini tourbillon d’eau puis, il dit :
— Je n’ai pas oublié certaines de nos traditions c’est pourquoi jamais je n’ordonnerais de ma bouche la mort de mon frère même s’il ne me reconnaît pas comme tel, même s’il me déteste plus que tout et l’a prouvé à maintes reprises. Finalement, tout le mal qui a été fait à surtout été fait à Sa Majesté Primoas Lui, sa famille et lui ont été les victimes de la folie de Karab. Il me semble donc normal que je lui laisse donc le droit légitime de décider de la sentence de son bourreau.
— Majesté…commença un des princes qui fut stoppé dans sa lancée par un autre prince.
— Nous nous en soumettrons à la décision de Sa Majesté Luis, dit l’un des princes.
D’un air théâtral, Luis se racla la gorge et se leva. Le regard plongé dans celui de Karab, il put y voir de la détresse même si celui-ci essayait de garder bonne figure. Il afficha un rictus  malsain à l’endroit du prisonnier royal qui le toisa pour ne pas avoir à le supplier tandis que tous les autres retenaient leur souffle :
— Avant la fusion, commença Luis, j’avais exprimé ce que je voulais que notre roi fasse de toi mais, j’ai changé d’avis ou plutôt, j’ai réfléchi et je me dis que te tuer ferait de moi quelqu’un de semblable à toi même si tu mérites l’écartèlement, la mort dans la souffrance la plus atroce. Pour tous les péchés qui te sont reprochés, tu mérites la mort ultime mais je préfère me montrer humain face à un monstre.
Il planta son sceptre dans le sol, se retourna vers Luisdel comme pour quêter une autorisation qu’il reçut d’un signe de la tête avant de saisir son sceptre de nouveau et fit apparaître un faisceau lumineux qu’il dirigea vers Karab en disant :
— A partir de cet instant, toi Karab de Maestria, tu perds toute capacité sous-marine, tu quittes ta nature de triton pour ta nature enfouie d’humain et tu es banni à jamais de Maestria. Tu ne garderas d’ici que des souvenirs, des regrets et jamais plus l’eau n’aura le même effet sur ta peau que sur la peau de la plus vile de toutes les créatures marines et sous-marines…
— Nooon, c’est pire que tout ! Tu n’as pas le droit ! criait Karab.
— Tu vivras une vie normale d’humain et tu mourras tel un humain car ici, tous se retournent sur ton passage, la mer te recrache, l’océan te vomit. Le nom Karab est à jamais frappé de malédictions, il ne sera donné à aucun nouveau-né ceci jusqu’à la fin des temps !  Aucun triton des mers ou des océans n’aura le droit de te porter secours ni même de t’approcher sous peine de perdre lui aussi sa nature de créature des eaux.
— Ne le laissez pas faire, nooon…tuez-moi, je vous en supplie, mes frères, libérez-moi de cette déchéance ! suppliait Karab alors que sa queue disparaissait pour laisser place à une paire de jambes.
La mer boullonait sous l’effet du pouvoir immense qui était libéré par le sceptre, ce sceptre qui aspirait tout ce qu’il y avait de surnaturel en Karab dans un tremblement et des éclairs spectaculaires. Le prince triton continuait de perdre tout ce qui le reliait à sa nature sous-marine : les écailles sur sa peau disparurent pour lui laisser une peau imberbe, son regard vert de triton changea de teinte et prit une coloration plus humaine d’un marron sombre, ses nageoires aussi disparurent, sa chevelure épaisse laissa place à une coiffure à ras et, Karab se retrouva nu dans l’eau tel un humain naissant à l’âge adulte, libéré de la cage magique qui l’entravait. Ses cris et ses pleurs étaient déchirants tant l’humiliation et la douleur étaient grandes.
— Tout le souffle qu’il te reste, je te l’ai laissé pour que tu puisses respirer encore dans l’eau le temps que tu déguerpisses ! Souviens-toi, Karab, un humain t’a laissé la vie sauve malgré le mal que tu lui as fait, souviens-toi, Karab, souviens-toi de tout et mène une vie repentante !
Un dernier mouvement avec son sceptre, Luis envoya une ultime décharge d’énergie à Karab qui le projeta hors du palais et le conduit à la vitesse de l’éclair hors de la mer de son enfance. Il échoua sur les berges de Kribi, à l’endroit même où il avait l’habitude de sortir séduire les jeunes habitants du village. Des pleurs sourds se firent entendre dans le palais mais personne n’objecta ni ne manifesta autre chose que de la tristesse.
Plus tard dans ses appartements, Luis était allongé sur son lit d’algues lorsqu’il sentit une présence dans son dos. Il n’eût pas le temps de se retourner que Luisdel le serrait dans le creux de ses bras.
— Vous avez enfin terminé, mon roi ? demanda Luis ravi de sentir la présence de Luisdel.
— Etre le roi des mers n’est décidément pas de tout repos !
— Tu t’habitueras…
— On s’habituera, Promis A Moi, corrigea le roi des mers et des océans. Je dois te dire que je suis heureux que tu aies épargné la vie de Karab, Luis, malgré tout le mal qu’il t’a fait. Tous mes frères te sont reconnaissants ta punition a été moins sévère qu’on l’aurait pensé même s’il nous est inimaginable de vivre autrement que comme les êtres surnaturels que nous sommes, je ne m’y attendais pas. Si tu avais voulu qu’il soit exécuté, sa queue dériverait déjà dans la rivière de l’oublie avec nous ancêtres jamais oubliés.
— Je ne suis pas fan de meurtre et puis, il y a toujours bien pire que la mort, mon roi : vivre avec les souvenirs heureux et malheureux de la vie qu’il a menée en tant que triton sans pouvoir retourner dans son monde ni prouver à qui que ce soit que ce monde existe, vivre ainsi à cause du même humain qui fut autrefois sa victime, errer sur terre telle une coquille vide, il va peut-être se suicider.
— Je sais que tu l’as condamné jusqu’à la fin des temps mais, penses-tu qu’un jour tu lui pardonneras ?
— Ma mère et ma sœur reviendront-elles un jour ? questionna Luis dans une voix pleine d’amertume.
Quelques minutes de silence passèrent, des minutes pendant lesquelles chacun profitait de la présence de l’autre puis, Luisdel murmura de nouveau :
— Tu m’as impressionné tout à l’heure avec cette maîtrise de ton sceptre ! Tu t’adaptes très vite à ces nouvelles capacités !
— Je ne fais pas beaucoup d’efforts, Luizy, ça coule naturellement dans mes veines. On dirait que je l’ai fait depuis tout petit et puis, je sens ton aura derrière moi, comme une force qui me soutient…
— C’est parce que ton pouvoir naît du mien et ton subconscient chargé de ma mémoire prend possession de ton corps. 
— Et toi ? demanda Luis.
— Quoi, moi ? questionna Luisdel dans un murmure rauque.
— Quand vas-tu prendre vraiment possession de mon corps ? demanda le journaliste en se retournant pour faire face à Luisdel qu’il regardait dans les yeux afin de bien faire passer le message.
Le roi Luisdel ne dit pas un mot, il ronronna puis, son corps se mit à flotter dans l’eau au-dessus du lit d’algues, le regard lubrique dans celui de son Complément.
— Le dernier à arriver en surface n’aura droit au sexe qu’à la prochaine lune bleue !
Il s’élança hors de la chambre en direction de la surface laissant Luis sous le choc dans la chambre. Le journaliste se lança à la suite de l’objet de ses désirs avec la rage de vaincre tout obstacle qui pourrait l’empêcher de profiter de sa caresse ; il se démena pour le rattraper ce qui amusait Luisdel qui ralentit quelque peu alors qu’ils traversaient déjà toute la beauté verdoyante des fonds marins. Luis le rattrapa et se débarrassa à son tour de sa queue pour retrouver un corps totalement humain. La main tendue vers celle de Luisdel qui l’attendait, le journaliste la saisit et ils sentirent tous les deux un frisson marquant la connexion qui venait de se faire. Les regards plongés l’un dans l’autre, ils partagèrent un baiser mouillé, passionné sous les regards jaloux des poissons et des autres animaux marins de différentes espèces tout en remontant lentement vers la surface. Les langues entremêlées se frottaient, les fluides échangés se mêlaient à l’eau de mer, les deux hommes pressés l’un contre l’autre se laissaient porter par le courant qui les mena hors de l’eau :
— Le premier à arriver sur le rivage a droit à une secousse monstrueuse cette nuit ! défia Luis en nageant rapidement vers la plage.
— Tu la veux vraiment ! dit Luisdel en retrouvant son Complément assis sur le sable fin sous le rocher portant la Villa Blanche.
— J’en meurs d’envie ! répondit Luis.
A quatre pattes, le roi Milan F. Luisdel se rapprocha du journaliste qui le laissa s’installer entre ses jambes. Le regard enflammé dans celui de Luis, Milan sentait la connexion entre leur deux corps plus profonde que jamais. Il avait désormais la certitude qu’en dehors d’Amabell, un seul être l’aimait le plus sincèrement possible ; il couvrit son corps de baisers, lui léchait la peau et lui murmurait des mots doux tout en lui suçotant la peau. Luis ressentait l’électricité provoqué par le touché de Luisdel et son corps s’éveillait. Il ne tarda pas à se transformer en une chose bestiale que Luisdel retourna sur le ventre avec violence avant de s’installer entre ses deux masses molles et d’en forcer l’accès à l’aide de son membre déjà bien raide. Le couinement que poussa le journaliste fut la preuve du plaisir qu’il avait ressenti au passage dans ses entrailles de ce membre épais. Le roi Luisdel le pilonna pendant des minutes dans cette position avant de le retourner et de le laisser prendre le contrôle. En moins de deux, le milliardaire se retrouva sur le dos et poussa à son tour un gémissement de plaisir alors que Luis s’empalait sur ce morceau de bois aux contours veineux. Il le chevaucha ainsi quelques minutes avant de céder à nouveau le contrôle à son roi. Ils continuèrent ainsi une bonne heure sous le regard de la lune, seule témoin de leurs ébats. Le dernier coup de rein leur permit à tous les deux d’atteindre le paroxysme du plaisir à l’unisson, ils s’endormirent là tous les deux bercés par le chant des vagues et la fraîcheur de la nuit. Tandis que Luis se réjouissait à l’idée de revoir ses frères, Luisdel fit un rêve pour le moins étrange. De la fumée noire partout emplissait un espace vague, il ne pouvait voir plus loin que le bout de son nez et, cette odeur si forte de souffre qu’il reconnut très vite avant qu’elle ne se montre à lui :
— Je reviendrai, fils, je reviendrai…

                                         FIN DU TOME I

S.A.R MILAN F. LUISDELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant