Les flammes du destin T3 - Les Épreuves

20. Les trois histoires

Luna :

Une légère brise nous accompagne lorsque nous entrons dans une pièce lumineuse. Pas à pas, je m'avance prudemment sans prononcer un mot tandis que j'observe ce qui nous entoure. La pièce, dans laquelle nous sommes, est très épurée avec son papier peint blanc du sol au plafond et ne possède aucune fenêtre. La seule chose qui se distingue du reste, c'est la présence d'une grande table en bois devant nous. Perdue, je regarde mes amis derrière moi et la porte rouge se renferme d'un coup, nous enfermant alors dans cette pièce oppressante.

-Quel accueil, lâche Esteban en regardant la pièce.

-Tu l'as dit, rajoute Mat.

Je fais abstraction de leurs remarques et m'avance en direction de la table en bois pour y découvrir une enveloppe posée dessus. N'ayant aucun autre indice, je décide de l'ouvrir et je tombe alors sur un papier blanc sans aucune indication inscrite dessus. C'est bizarre.

Curieuse, je retourne l'enveloppe afin d'y découvrir son contenu et tout un tas de photos s'étalent sur le bureau. Je lâche un juron, surprise. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Je reprends alors le papier blanc pensant avoir raté une information essentielle mais rien n'y fait. J'ai beau tourner la feuille dans tous les sens possibles, aucune indication n'y est inscrite.

-Bon sang, pourquoi il n'y a rien d'écrit ?! rale Esteban.

-C'est forcément un indice, rajoute Mat. Sinon, je ne vois pas l'intérêt de nous donner des photos sans suivre des instructions.

Des instructions, je veux bien mais comment je suis censée faire ? Je regarde rapidement ma main puis un éclair de génie me traverse soudainement l'esprit. Mais bien sûr !

-De l'encre invisible ! m'écrié-je.

Esteban et Mat se tournent d'un coup vers moi tandis qu'à l'aide de ma main droite, j'invoque une flamme. Je rapproche alors un petit peu le papier afin que celui-ci prenne bien la chaleur puis petit à petit, une encre noire apparaît. Lorsque le texte devient lisible, j'éteins la flamme pour ne pas brûler le papier puis je lis à haute voix.

- Classez ses trois histoires dans l'ordre croissant et vous pourrez sortir d'ici vivant.

À peine j'eus le temps de finir ma phrase, qu'un bruit se fait entendre.

-Merde, jure Esteban.

Je me tourne vers mon ami qui s'empresse de récupérer les photos sur le sol puis je me baisse pour l'aider à les ramasser.

-Tu ferais mieux de faire attention, on va en avoir besoin de ces photos, dis-je.

N'entendant pas de réponse, je relève mon visage vers lui et je vois son visage se figer en regardant une photo qu'il venait de ramasser. Je rejoins alors Esteban pour comprendre ce qui lui arrive puis j'observe la photo à mon tour. Je peux alors voir une petite fille assise par terre en train de jouer à la poupée au milieu d'un salon. Elle est accompagnée par ses parents et on peut facilement voir qu'ils sont en train de rigoler. C'est seulement lorsque je m'attarde sur le visage du père que mes yeux s'écarquillent.

-Mat, chuchoté-je.

On arrache alors subitement la photo des mains d'Esteban et je lève donc mon regard dans sa direction pour voir sa réaction. Ses yeux posés sur la photo, je le vois se mordre la lèvre avec force.

-Je suis désolé mais...si toute notre histoire est représentée sur ces photos alors je ne pense pas que je pourrai le supporter.

-Mat, je...dis-je à court de mot.

Esteban s'approche de lui en posant une main amicale sur son épaule pendant je me relève doucement pour lui faire face.

Comment je peux le réconforter ? Ça me fait vraiment de la peine de le voir comme ça seulement....nous ne sommes pas aussi proche pour que je puisse le faire. C'est seulement maintenant que je m'en rends compte. Je ne connais rien de lui. Je le connais seulement qu'en tant que bras droit de Tristan mais je ne sais rien de sa vie passée. Rien du tout.

-Si j'ai bien compris Luna, il faut trier les photos dans l'ordre croissant, non ? Me questionne Esteban.

-Euh oui, dis-je en me reprenant. C'est bien cela.

-Mat, on va commercer par toi, dit-il.

-Esteban ! M'exclamé-je.

-Non, c'est bon Luna. Le temps tourne, il n'a pas tort.

Je souhaite riposter mais Esteban me fait signe que je ne devrais pas en dire davantage. Mat s'approche donc de la table pour récupérer les photos le représentant puis il les classe sans rien dire avant de mettre la fameuse photo en dernier. Il lâche un long soupir puis il ose enfin me regarder, prêt à se livrer.

-La dernière photo représente ma femme et mon futur enfant. Pour être honnête, c'est grâce à ma femme si je suis encore en vie. Elle m'a transformé en vampire il y a 200 ans pour me sauver d'un cancer puis quelques années plus tard, nous attendions un enfant. Malheureusement, quelques mois après cette heureuse nouvelle, j'ai vu ma femme se faire tuer sous mes yeux par un autre vampire. Ce jour-là, je n'ai rien pu faire pour la sauver, termine-t-il avec mal.

Mon cœur se serre de lui-même lorsqu'il termine son histoire et je me décide à le prendre dans mes bras.

-Pardonne-moi Mat. Je ne voulais pas te ramener ça comme souvenir, ni même t'obliger à me l'expliquer. Ça a dû être terrible pour toi.

Il secoue sa tête et il se sépare de moi en me faisant un sourire malgré ses yeux larmoyants.

-C'est pour ça que je veux t'aider Luna. Tu sais, je n'ai pas eu cette possibilité de la ramener mais toi tu peux. Alors ne la gâche pas. Que l'on soit humain ou vampire, la vie est une chose qui reste précieuse.

-Mat, dis-je touchée.

-Ne t'en fais pas pour moi et continue l'épreuve. On doit avancer, pas vrai ? dit-il avec un grand sourire.

Je fais un signe de tête affirmatif en lui rendant son sourire puis je m'approche des photos restantes sur la table.

Comment fait-il pour rester aussi souriant ? Sa femme et son enfant sont mort devant lui et il réussit tout de même à tenir debout. Il ne méritait pas ça. Il aurait dû être avec sa femme et sa future fille. En faite, j'aurai aimé que la dernière photo devienne une réalité pour lui. Qu'il vive paisiblement avec sa femme et sa fille.

Si seulement c'était possible de revenir en arrière.